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Reviewed by:
  • Cuckoldry, Impotence and Adultery in Europe (15th-17th century) dir. par Sara F. Matthews-Grieco
  • Sylvie Perrier
Matthews-Grieco, Sara F. (dir.) – Cuckoldry, Impotence and Adultery in Europe (15th-17th century), Farnham, Ashgate, 2014, 294 p.

Étudier l’adultère dans l’Europe de la Renaissance et constater le double standard dans le traitement judiciaire des femmes et des hommes n’est pas une conclusion, mais plutôt un point de départ pour l’équipe réunie autour de Sara F. Matthews-Grieco pour le projet qui a donné naissance à cet excellent livre. Les auteurs y reprennent le dossier de l’adultère féminin pour en explorer la facette masculine, soit les maris cocus et leur place particulière dans les sociétés patriarcales de la première modernité. Les dix contributions de cette entreprise interdisciplinaire qui allie histoire, littérature, théâtre et histoire de l’art privilégient une approche culturelle qui révèle certains des comportements intimes des élites de la Renaissance. En filigrane de ces histoires de cocuage se profilent les modèles familiaux élitaires, où des hommes plus âgés épousent de jeunes femmes de qualité qu’ils peinent à satisfaire, et les stratégies de réseautage et d’ascension sociale qui poussent certains maris cocus à fermer les yeux lorsque leur épouse fait la conquête d’un puissant personnage. Les désordres sexuels féminins remettent également en cause les bases de la masculinité en semant le doute sur la virilité et sur l’autorité des maris trompés, auxquels sont associés des symboles de reconnaissance, tels les cornes, qui permettent à la fois de les identifier publiquement mais aussi de créer entre eux une forme de solidarité. [End Page 579]

La première partie réunit trois contributions qui touchent, dans une perspective historico-littéraire, l’histoire du corps et des pratiques sexuelles. Jacqueline Marie Musacchio ouvre le bal en racontant l’histoire de Bianca Capello (1548-1587), maîtresse puis épouse secrète de Francesco de Médicis, telle que rapportée dans les récits romancés de Celio Malespini, Ducento Novelle (1609). Les écarts sexuels de Bianca avec le chef de la célèbre famille florentine laissaient supposer les défaillances de son mari, Piero Buonaventuri, qui réagit en manquant de discrétion dans ses propres aventures volages pour dissiper les malentendus au sujet de sa virilité, ce qui lui valut d’être assassiné par des parents de son amante. Parmi les péripéties de ce passionnant drame italien se joue un épisode rituel dont on retrouve les témoignages ailleurs en Europe, soit le house-scorning qui s’apparente au charivari et qui consiste à dégrader une maison pour exprimer le mépris et la désapprobation sociale envers ses habitants. Ici, le palazzo a été garni de cornes et d’excréments d’animaux pour dénoncer le cocuage de Piero et son manque de contrôle sur son épouse Bianca. C’est encore une affaire au sein de la famille Médicis qui constitue la base du second essai qui porte sur les tests physiques que dut subir Vincenzo Gonzaga afin de prouver sa capacité à devenir un vrai mari pour Eleonora de Médicis. Dans son analyse, Molly Bourne distingue finement la capacité de génération, importante pour la postérité et la stabilité des grandes familles, de l’habilité à pénétrer et à émettre la semence à l’intérieur d’une femme, ce qui faisait véritablement l’objet de l’enquête. Ainsi, l’épreuve centrale à laquelle a été soumis Vincenzo était de réussir à déflorer une vierge, jeune femme d’une catégorie sociale inférieure compensée pour la perte de sa virginité, dans un laps de temps déterminé. Il réussit, sauvegardant non seulement son avenir matrimonial et politique, mais également son identité d’homme viril. M. A. Katritzky clos cette section avec un essai moins convaincant sur un récit de skimmington, un type de charivari pratiqué en Angleterre, à partir d’un poème de Samuel Butler qui contribua à faire conna...

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