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  • Écrire et publier des savoirs au XIXe siècle. Une revue en construction : les Annales des ponts et chaussées (1831-1866) by Nathalie Montel
  • François Vatin
Nathalie Montel Écrire et publier des savoirs au xixe siècle. Une revue en construction : les Annales des ponts et chaussées (1831-1866) Rennes, Pur, 2015, 408 p.

Ce sont trente-cinq années de l’histoire d’une revue scientifico-administrative que relate minutieusement Nathalie Montel dans un ouvrage bien construit et clairement rédigé à partir d’un mémoire d’habilitation à diriger des recherches. L’étude s’ouvre en 1831, à la création de la revue, pour se clore en 1866, date à laquelle celle-ci est réorganisée en profondeur. Pour mener à bien cette tâche, N. Montel a disposé d’un fonds d’archives particulièrement riche, conservé à l’École nationale des ponts et chaussées, qui permet de rentrer dans les coulisses de la revue (comptes rendus des « commissions », c’est-à-dire les comités de rédaction, correspondance avec les auteurs, etc.), ce qu’elle a complété notamment grâce aux éléments conservés dans la série « Travaux publics » des Archives nationales. Les livraisons périodiques des Annales des ponts et chaussées se trouvent ainsi éclairées par la prise en considération des conditions de leur genèse : la sollicitation d’articles, leur évaluation, leur reprise par l’équipe de rédaction, tout cela dans le jeu conjoint du fonctionnement interne du corps des ingénieurs en quête de son autonomie, avec sa hiérarchie et ses rivalités internes, et du contrôle administratif et politique qui pèse sur lui, lequel prend différentes formes au cours du temps.

N. Montel s’attache d’abord aux circonstances de création de la revue, au début de la monarchie de Juillet. Elle montre que celle-ci répondait aux critiques qui se faisaient alors entendre contre le corps des Ponts et Chaussées et son monopole ; plus particulièrement, la publication visait à étouffer le Journal du Génie civil, créé en 1828, un objectif effectivement atteint en 1831. N. Montel précise ensuite que cette création réussie d’une revue propre au corps est le résultat d’une longue histoire, faite de tentatives avortées successives depuis 1787 ; elle analyse aussi les liens entre la fondation des Annales et les modes de transmission des connaissances au sein des Ponts et Chaussées.

La suite de l’ouvrage consiste en une étude de la construction concrète de la revue au cours de l’année 1831 : la composition de sa « commission », la définition de sa ligne éditoriale et de ses rubriques, le statut des planches, la recherche du matériau à publier, les échanges avec les autres revues, etc. N. Montel se penche alors sur le travail éditorial et de composition : les réunions de la commission, la rédaction des comptes rendus, la fonction des secrétaires de rédaction et les relations avec les imprimeurs et les libraires. Elle analyse les tensions et les compromis qui pouvaient exister entre les deux registres constitutifs des Annales : le régime savant et le régime administratif. Elle montre enfin comment cette revue s’est imposée dans le temps face à l’émergence de revues concurrentes sous son double registre. L’ouvrage se conclut par une mise en lumière du rôle joué par la revue dans la constitution du corps et de son fameux « esprit ».

Du savant équilibre dans la constitution du comité de rédaction à l’élaboration en son sein de règles de fonctionnement toujours susceptibles d’être remises en débat, de la diplomatie dans la rédaction des correspondances avec les auteurs aux subtils règlements de compte, comme la tension jamais résolue entre la conformité des articles aux doctrines admises et l’exigence d’une plus-value scientifique qui nécessite la nouveauté, tout ce que décrit [End Page 794] N. Montel du fonctionnement des Annales des ponts et chaussées au xixe siècle ne peut manquer d’évoquer...

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