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  • Métropoles de papier. Naissance de l’archéologie urbaine à Paris et à Londres (XVIIe-XXe siècle) by Stéphane Van Damme
  • Anne-Julie Etter
Stéphane Van Damme Métropoles de papier. Naissance de l’archéologie urbaine à Paris et à Londres (xviie-xxe siècle) Paris, Les Belles Lettres, 2012, 310 p.

Stéphane Van Damme explore la quête de grandeur historique des métropoles qui se développe à partir de l’époque moderne, alors que les représentations et les identités urbaines se trouvent mises à mal par les processus d’agrandissement et de transformation des villes. À la croisée de l’histoire urbaine et d’une histoire sociale et culturelle des sciences, son étude relie les savoirs urbains à l’expansion du phénomène métropolitain, qu’ils permettent d’« apprivoiser » (p. 239). L’auteur pose que ce sont plus particulièrement les [End Page 777] savoirs de type historique qui sont mobilisés, ouvrant la voie à une analyse des usages politiques du passé urbain. Les nouvelles formes métropolitaines tiennent grâce à un ensemble d’opérations historiographiques étudiées dans leurs manifestations concrètes. L’ouvrage explore les dispositifs qui façonnent la grandeur historique en la matérialisant. La mise en visibilité du passé urbain s’impose d’autant que ce même passé est de plus en plus invisible, recouvert par le tissu urbain, voire endommagé et détruit. C’est la raison pour laquelle l’enquête porte sur l’archéologie urbaine, présentée comme un paradigme pour penser toute approche historique de la ville. Le travail de définition de la grandeur métropolitaine est ponctué d’hésitations, de tensions et de controverses. Science partisane, l’archéologie urbaine répond à des enjeux savants, politiques et sociaux.

Le sous-titre de l’ouvrage est quelque peu trompeur, d’un point de vue à la fois chronologique et spatial. Car l’étude porte principalement sur le xviiie et le xixe siècle, ce dernier étant marqué par de vastes opérations de restructuration et d’aménagement, à l’image des travaux haussmanniens, qui favorisent les découvertes archéologiques tout en mettant en péril les vestiges du passé. En toile de fond se dessinent des tendances plus générales, comme la multiplication des musées, la mise en place d’une législation et d’une administration en matière de conservation des monuments et l’affirmation disciplinaire de l’archéologie. Comme l’auteur le signale dans son avant-propos, l’étude est centrée sur la ville de Paris. Il émaille son récit d’exemples relatifs à d’autres métropoles, principalement la capitale britannique, dans le registre familier du parallèle entre Paris et Londres, mais aussi Édimbourg, Lyon ou New York. Le procédé, s’il renvoie à quelques phénomènes d’échanges et de circulations, est avant tout comparatif : les exemples extérieurs servent à éclairer le cas parisien. Cette démarche fonctionne particulièrement bien par endroits, à l’image du passage consacré aux critiques que le pillage d’objets fait naître à Paris comme à Londres. Signalons que les acteurs métropolitains recourent eux-mêmes à la comparaison, dans un souci de prestige ou bien de gestion administrative : en 1898, la commission du Vieux Paris envoie ainsi à des métropoles françaises et étrangères un questionnaire portant sur leurs politiques de conservation.

Le développement débute par une étude de la contribution des savants à une histoire physique de la métropole. La quête de l’origine historique de la métropole et celle de ses fondements naturels participent d’un même mouvement de justification de la grandeur métropolitaine. La géologie révèle ainsi une profondeur historique bien plus importante que l’histoire humaine. Savoirs urbains, les sciences de la nature urbaine sont traversées par un mode historique. À Paris, l’hydrographie, la minéralogie ou la pédologie recourent à une accumulation d’informations historiques. D’autres savoirs, comme la botanique, avec l’inventaire et la classification de la flore et les promenades d’herborisation aux environs de Paris...

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