In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Il governo dell’economia. Italia e Penisola Iberica nel basso Medioevo dir. by Lorenzo Tanzini et Sergio Tognetti
  • Cédric Quertier
Lorenzo Tanzini et Sergio Tognetti (dir.) Il governo dell’economia. Italia e Penisola Iberica nel basso Medioevo Rome, Viella, 2014, 362 p.

Cet ouvrage, qui constitue l’édition des actes du colloque de Cagliari de 2013, est l’héritier d’une double tradition historiographique: d’une part, le dialogue et la comparaison entre les histoires espagnole et italienne des xive-xve siècles, à la suite des travaux de Mario Del Treppo et de Marco Tangheroni1, et, d’autre part, l’examen des rapports entre les facteurs politiques ou institutionnels et la sphère économique, sous l’impulsion des travaux de la New Institutional Economics et de Douglass North que Stephan Epstein a contribué à diffuser depuis une vingtaine d’années2. Mis à part l’étude de José Antonio Jara Fuente sur Cuenca, le dialogue concerne surtout les territoires de la couronne d’Aragon, et, malheureusement, certaines contributions n’ont pu être éditées. Un index copieux et la conclusion rendent grâce à la richesse des travaux et des thématiques abordées: le contrôle sur les agents économiques à l’étranger et les formes d’organisation institutionnelles des marchands, l’implication des milieux marchands dans les dynamiques politiques, notamment fiscales, la gestion des activités manufacturières pour servir les objectifs politiques des monarchies et régimes citadins.

Le gouvernement de l’économie consiste d’abord à exercer une tutelle sur les agents économiques, à l’intérieur comme à l’extérieur du territoire. Lorenzo Tanzini dresse un panorama stimulant des tribunaux marchands italiens qui, après avoir été au xiiie siècle l’expression de la domination politique des hommes d’affaires, sont, au siècle suivant, soumis par les institutions communales qui les diffusent dans leur région d’influence (Florence et Milan), tout en renforçant leurs compétences judiciaires. La perte d’autonomie s’accompagne donc d’une intégration dans l’appareil institutionnel communal, ce qui se traduit dans les archives: les allégations aux statuts communaux augmentent et la structure des procès se rapproche des procès de droit civil ordinaire.

La tutelle sur les marchands s’exerce également à l’étranger, par le biais des consulats qu’étudie Maria Elisa Soldani pour les communautés catalano-aragonaises. La cohabitation des diverses composantes territoriales n’est pas toujours exempte de tensions, auxquelles s’ajoutent les disputes entre le roi et les conseillers de Barcelone autour de la nomination à vie des consuls, les derniers finissant par obtenir gain de cause. La présence de ces nations marchandes dans le triangle tyrrhénien (Toscane, Ligurie, Sardaigne) établit le climat de confiance autorisant la spécialisation des Catalans dans le transport de marchandises, en particulier les céréales à Pise et à Talamone, et la formation de compagnies florentinocatalanes.

Il peut aussi être avantageux d’instrumentaliser les conflits. Ainsi pour Enrico Basso, la frontière entre leur règlement et leur utilisation à des fins politiques est d’autant plus fine que la différence entre corsaires et pirates se brouille à Gênes au xve siècle. L’attaque des navires ennemis est officieusement encouragée par certaines factions qui se contentent de dénier aux pirates la citoyenneté génoise et tout lien avec la commune afin de protéger la ligne diplomatique officielle. Il ne s’agit pas pour autant d’agir à l’aveugle, puisque pirates et gouvernants appartiennent au même milieu et sont solidaires: les attaques sont bien souvent menées par des «aristocrates pirates» (p. 207) capables de faire carrière après leurs méfaits, à l’inverse des capitaines de navire d’origine sociale plus «bourgeoise» (p. 228).

Il s’agit également de gouverner par l’économie, c’est-à-dire de mobiliser les hommes d’affaires dans les institutions de gouvernement. L’implication des marchands dans les dynamiques politiques est liée à l’utilisation de leurs compétences fiscales et financières. Le cas milanais, étudié par Beatrice Del Bo, illustre parfaitement les liens entre les sphères politique et économique. L’incapacité à mettre en place...

pdf

Share