In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Venezia e l’Egitto alla fine del Medioevo. Le tariffe di Alessandria by Alessio Sopracasa
  • Michel Balard
Alessio Sopracasa Venezia e l’Egitto alla fine del Medioevo. Le tariffe di Alessandria Alexandrie, Centre d’études alexandrines, 2013, 855 p.

Parmi les grandes places marchandes de la Méditerranée médiévale, Alexandrie est restée longtemps la moins connue. Les documents de la Geniza, le traité Al-Minhādj d’al-Makhzūmī, quelques récits de voyageurs, les écrits de géographes arabes ne pouvaient compenser l’absence d’actes notariés instrumentés sur place ni la quasi-impossibilité d’effectuer des recherches archéologiques dans une ville si densément peuplée. Les travaux de Jean-Yves Empereur et de son équipe et, aujourd’hui, le gros livre d’Alessio Sopracasa apportent un éclairage nouveau sur la topographie et les échanges pratiqués pendant de longs siècles dans cette ville, intermédiaire essentiel du commerce entre l’Extrême-Orient et l’Occident.

L’auteur propose une édition, accompagnée d’un très large commentaire, des tariffe conservées à la bibliothèque Marciana de Venise, aux archives d’État de la Sérénissime et à la Bibliothèque nationale de France (Bnf), non sans établir des comparaisons avec des textes plus courts conservés à la Bodleian Library et à la British Library, ainsi qu’avec les manuels de commerce médiévaux depuis longtemps édités. Par tariffe, il faut entendre des guides pratiques, se fondant sur les règles et usages reconnus par l’administration mamelouke, et rédigés à l’intention des marchands vénitiens fréquentant Alexandrie.

Bien plus que des manuels de commerce, dont le plus connu a été rédigé par le Florentin Francesco Pegolotti, ces tariffe accompagnent [End Page 234] dans son activité quotidienne l’homme d’affaires vénitien, de son arrivée au port égyptien jusqu’au fondouk de sa communauté, en passant par la douane. Ces textes mettent en évidence les personnes que le marchand doit rencontrer, les procédures à suivre lors de ses contacts avec le milieu local, détaillent, bien sûr, l’ensemble des taxes et des dépenses qui lui incombent pour chaque marchandise, tant à l’importation qu’à l’exportation, et, comme tout manuel de commerce, donnent les équivalences de monnaies, de poids et mesures entre Venise, Alexandrie et l’ensemble des places méditerranéennes. Au moment de leur composition (fin du xve siècle, peut-être vers 1493), la route menant de Venise vers l’Égypte et la Syrie était considérée par le Sénat comme l’artère principale du commerce de la ville. Il importait donc de fournir aux hommes d’affaires toutes les informations utiles à l’usage des marchands vénitiens fréquentant Alexandrie pour développer les échanges

Dans une première partie, A. Sopracasa décrit d’abord les trois manuscrits qu’il publie, précise les caractéristiques des tariffe, sujettes à des révisions et à des mises à jour, et s’efforce d’en définir les sources, en recourant à des comparaisons avec les textes de Pegolotti, du Zibaldone da Canal ou de la Pratica di mercatura datiniana. Il démontre que le manuscrit de la Marciana a sans doute été la source d’un texte non conservé, dont les deux autres manuscrits seraient des copies. L’auteur traite ensuite des éléments techniques: monnaies utilisées, poids et mesures, contenants et emballages, marchandises importées à Alexandrie ou exportées. Il donne à chaque étape de la démonstration des tableaux récapitulatifs bienvenus. Les trois derniers chapitres du commentaire traitent des taxes et dépenses à prévoir, autant en ce qui concerne le troc de marchandises que les achats au comptant. L’étude des transactions, des lieux du commerce, et des personnes et institutions intervenant dans les échanges achève ce beau périple dans la connaissance des tariffe. Tout au plus peut-on regretter que les éléments de topographie alexandrine ne donnent pas lieu à une esquisse du plan de la ville médiévale, même si plusieurs incertitudes demeurent sur nombre de ses sites.

La seconde...

pdf

Share