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Reviewed by:
  • Uncovering the Germanic Past: Merovingian Archaeology in France, 1830-1914 by Bonnie Effros
  • Patrick Périn
Bonnie Effros Uncovering the Germanic Past: Merovingian Archaeology in France, 1830-1914 Oxford, Oxford University Press, 2012, XXIII- 427 p.

Bonnie Effros est sans conteste, avec Bailey Young, l’un des meilleurs connaisseurs américains de l’archéologie mérovingienne, notamment française. Sa thèse de doctorat, intitulée From Grave Goods to Christian Epitaphs: Evolution in Burial Tradition and the Expression of Social Status in Merovingian Society, soutenue en 1994, avait été remarquée, de même que les ouvrages qui en ont découlé, dans lesquels l’auteure associe subtilement les données archéologiques aux sources écrites qu’elle connaît parfaitement1.

B. Effros ne s’est pas limitée, lors de ses recherches, au seul acquis des fouilles modernes, mais elle a exploité la masse extraordinaire de données archéologiques issues des fouilles anciennes dans les collections de musées, tant en France qu’à l’étranger et notamment aux États-Unis. Elle a également mené des investigations innombrables dans les archives des académies, des sociétés scientifiques et des musées de province, si dynamiques au XIXe siècle, et a ainsi multiplié les réapparitions de sources oubliées. Elle en a tiré une historiographie originale, centrée sur le XIXe siècle qui a vu la naissance de l’archéologie mérovingienne dans tous les pays européens concernés et notamment en France.

Résumer le livre de B. Effros est impossible, tant la matière est abondante, mais ses axes directeurs peuvent être mis en exergue, avec une réserve toutefois. En effet, le titre de l’ouvrage, avec la mention de « Germanic Past », ne correspond pas à la réalité historique telle qu’on la conçoit aujourd’hui. Si on ne peut contester le fait qu’une minorité franque ait pris le pouvoir en Gaule romaine au Ve siècle, contribuant à la diffusion de certains traits culturels germaniques, il ne faut pas oublier que la majorité de la population, devenue mérovingienne, était de souche gallo-romaine. Mais cette remarque n’enlève rien à la qualité de l’ouvrage dont il convient de souligner la riche bibliographie qui fera référence.

La première partie du livre est consacrée à la recherche archéologique en France au XIXe siècle. L’auteure souligne les initiatives de l’État français pour le développement d’une archéologie nationale, avec notamment la création par François Guizot en 1834, malgré les réserves de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, du Comité des arts et monuments, futur Comité des travaux historiques et scientifiques. Elle relève aussi le rôle déterminant d’Arcisse de Caumont, dans le cadre des congrès archéologiques en particulier, de même que la fondation en 1844 de la Revue archéologique. Le Second Empire voit la création en 1858 de la Commission de la topographie des Gaules, puis, en 1862, la fondation par Napoléon III du musée des Antiquités celtiques et gallo-romaines. C’est à cette époque que naît véritablement l’archéologie mérovingienne, alors exclusivement funéraire, avec l’identification et la datation des objets qui lui correspondent, demeurées incertaines jusque dans les années 1850.

Parallèlement aux initiatives de l’État, B. Effros souligne le dynamisme des sociétés savantes de province pour l’essor de l’archéologie nationale, notamment mérovingienne. Ainsi, entre autres, la fondation de la Commission des antiquités de la Côte-d’Or à Dijon en 1819, celle de la Société des antiquaires de Normandie à Caen en 1824, de la Société archéo- [End Page 472] logique du Midi de la France en 1831, ou encore de la Société d’archéologie lorraine à Nancy en 1848. Toutes ces sociétés encouragent, voire mènent des fouilles et constituent des collections archéologiques qu’elles contribuent à publier. Leurs archives, dont beaucoup restent à exploiter, sont d’une immense richesse...

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