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Reviewed by:
  • Early Modern Things: Objects and their Histories, 1500-1800 ed. by Paula Findlen
  • Antonella Romano
Paula Findlen (éd.) Early Modern Things: Objects and their Histories, 1500-1800 Londres/New York, Routledge, 2013, XXIV- 389 p.

Comment jeter les jalons d’une nouvelle histoire de l’âge moderne et de son entrée dans la globalité en proposant une approche par l’histoire matérielle? C’est ainsi que l’on peut résumer l’ambition de l’ouvrage collectif dirigé par Paula Findlen, historienne de la culture et des sciences, spécialiste du collectionnisme et de l’histoire naturelle, et plus largement des sciences de l’Italie moderne. Pour relever le défi dont les enjeux sont présentés dans une dense introduction, elle part du dernier livre de Renata Ago, dont la récente traduction en anglais a été le prétexte d’une réflexion plus large sur l’histoire matérielle1. Le lecteur est invité en outre à suivre les références qui retracent trente ans d’inflexions historiographiques au cours desquelles, souvent par des voies parallèles et non nécessairement entrecroisées, la question des choses à l’âge moderne a émergé. De Fernand Braudel à Daniel Roche, de John Brewer à Richard Goldthwaite, de Lisa Jardine à Craig Clunas, l’auteure rend compte de l’élargissement des questions que les travaux de ces chercheurs ont accompagné, et de leur fécondité, pour mieux saisir ce qui caractérise la période en question : l’entrée dans un monde globalisé où l’accélération des circulations et des échanges, la densification des connectivités ont eu pour effet la multiplication des objets dans les univers quotidiens des sociétés.

Pour témoigner de la vitalité du domaine, P. Findlen s’entoure d’une vingtaine de spécialistes, appartenant à des générations, des formations et des traditions différentes, même si leur origine est principalement nordaméricaine. Les contributions sont regroupées autour de cinq thèmes : « l’ambiguïté des choses », « représenter les choses », « faire les choses », « l’empire des choses », « consommer les choses ». Le parcours analytique auquel le livre invite est donc le suivant : il commence par souligner le caractère fuyant des choses, l’instabilité des objets et la porosité des frontières entre les grilles de lecture auxquelles ils sont soumis. Il se déplace vers la variabilité de leurs représentations visuelles ou écrites, pour prêter ensuite attention à la matérialité de leur fabrique. Leur rôle dans l’essor des dynamiques impériales et économiques, par le biais de l’histoire des consommations, est le sujet des deux derniers volets du parcours. Dans un épilogue qui ne prétend conclure ni le débat ni la recherche, trois contributions de caractère plus général affirment, sur des modes différents, ce qui est sans doute la grande idée de ce livre, à savoir « le pouvoir des choses ». Même si aucun de ces thèmes n’est explicitement présenté, ce qui aurait pu donner lieu à quelques pages d’introduction à chacune des parties qui scandent le volume, il s’agit d’offrir au lecteur un ensemble d’études de cas qui rendent compte des différentes approches que l’histoire des choses se propose de développer, qu’elles soient macro ou micro, plus économiques ou plus artistiques, plus méthodologiques ou plus empiriques.

Les contributions, qui sont signées par des historiennes et historiens de la culture, des sciences, de l’art, de l’économie, embrassent la totalité du globe et ses différentes composantes géographiques, de l’empire ottoman à la Chine en passant par les empires européens [End Page 465] ou le Japon. Mais l’échelle impériale n’est pas la seule à être mobilisée : des approches régionales (le monde atlantique ou l’Europe) ou locales sont aussi proposées, de sorte que la plupart des textes abordent la question des contacts, des échanges et des circulations entre des mondes et des milieux variés.

La diversité des objets et de leurs appréhensions constitue la première caractéristique de la collection des textes...

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