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Reviewed by:
  • Le cinéma de répertoire et ses mises en scène. Essai by Chevrier H.-Paul
  • Gabriel Laverdière
H.-Paul, Chevrier, Le cinéma de répertoire et ses mises en scène. Essai, Québec, L’instant même, 2012, 344 p., 24,95$

S’intéressant au cinéma de répertoire des années 1960 jusqu’à aujourd’hui, H.-Paul Chevrier préconise d’emblée une classification des films. Si ce type d’approche du cinéma permet d’obtenir une vue d’ensemble sur une production internationale extrêmement diverse, elle risque de se buter inversement à la résistance de l’analyste du cinéma, qui pourrait n’être que peu enclin à se prêter à un exercice semblable. Il en va d’une inévitable simplification, mais les limites qu’impose la classification n’empêchent pas le contenu de se déployer largement. La classification permet également, et c’est sans doute l’objectif de l’auteur, de contribuer à une meilleure compréhension du cinéma de répertoire dans son ensemble et de ses tendances plus spécifiques. Par le fait même, il rend compte du parcours qu’a suivi l’art filmique de la modernité à la postmodernité (voire l’hypermodernité).

Le cinéma de répertoire et ses mises en scène est une version remaniée et augmentée de l’ouvrage Tendances du cinéma contemporain, publié par Chevrier en 1998, qui est aussi l’auteur de l’ouvrage Le langage du cinéma narratif, paru en 2001. Cette nouvelle mouture, comme la précédente, se destine moins au lecteur spécialiste qu’aux étudiants ou même au grand public.

Le livre comporte de multiples descriptions de films, tant de leur récit, de leurs thèmes que de leur esthétique, et celles-ci, courtes et synthétiques, offrent l’avantage d’une vision claire des œuvres, mais également de leur positionnement dans le classement de l’auteur et donc dans l’histoire du cinéma. Ce faisant, l’interprétation que propose Chevrier des divers, et nombreux, films dont la description analytique constitue l’essentiel du propos permet au lecteur d’avoir une vue panoramique d’œuvres clé du cinéma de la modernité et de la postmodernité. Ultimement, la lecture du livre s’apparente quelque peu à celle qu’on ferait d’un dictionnaire ou d’une encyclopédie critique des films où seraient répertoriées des œuvres considérées marquantes pour le cinéma d’auteur international. L’approche de Chevrier n’est toutefois pas qu’encyclopédique puisqu’il situe le cinéma de répertoire comme une pierre de touche sur le parcours de l’évolution du cinéma en tant que pratique artistique dont les implications esthétiques, sociales et humaines se croisent. L’auteur souligne ainsi la pertinence des films de répertoire alors que la mondialisation, ou « l’américanisation », tend à l’homogénéisation des pratiques et des contenus : « C’est la soumission de tous les publics au modèle narratif que l’industrie américaine a imposée comme référence universelle. Résister à la mondialisation à sens unique, c’est refuser la marchandisation de la création artistique, c’est réclamer le droit à un cinéma conçu [End Page 548] comme expression personnelle. Les cinéastes de tous les pays qui témoignent de leur culture, et aussi d’expériences humaines universelles, participent à un cinéma de répertoire ». Se trouve ainsi défini le film de répertoire, qui amènerait ou aiderait à « mieux comprendre le monde dans toute sa complexité ».

La structure adoptée par l’auteur est la suivante: à commencer par les années 1960, chaque période est distinguée et des caractéristiques y sont attribuées aux cinémas de répertoire. Pour les années 1960, Chevrier présente les cinémas intériorisé (Bergman, Resnais), dédramatisé (Jancso, Antonioni), déréalisé (Bunuel, Godard) et réaliste (Cassavetes, Watkins, Forman). Pour les années 1970, il distingue le cinéma politique (Rosi) et le cinéma distancié (Tanner, Arcand...

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