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Reviewed by:
  • Urgel-Eugène Archambault. Une vie au service de l’instruction publique by Robert Gagnon
  • Sarah-Émile Plante
Robert Gagnon, Urgel-Eugène Archambault. Une vie au service de l’instruction publique, Montréal, Boréal, 2013, 304 p., 27,95$

Pour Robert Gagnon, l’historien s’expose à plusieurs dangers lorsqu’il se fait biographe. En plus d’avoir à éviter l’écueil d’une narration événementielle sans profondeur, il doit savamment doser la part laissée à la trajectoire du sujet à l’étude et celle des structures sociales dans lesquelles il évolue. Dans Urgel-Eugène Archambault. Une vie au service de l’instruction publique, l’auteur tranche le nœud gordien en faisant de son sujet « un homme de structures, d’institutions et de réseaux sociaux ». La promesse d’un ouvrage laissant une large part à la société québécoise de la seconde moitié du XIXe siècle est tenue. La biographie du fondateur de l’Académie du Plateau et de l’École Polytechnique de Montréal lève le voile non seulement sur le parcours d’un homme de combats influent, mais se révèle également une véritable leçon d’histoire sur le système d’éducation québécois. La division de l’ouvrage, qui combine une approche thématique et chronologique, permet de saisir pleinement les jeux d’influence et les affrontements idéologiques, politiques et religieux derrière les combats menés par Archambault. Alors qu’Urgel-Eugène Archambault arrive à la Commission des écoles catholiques de Montréal (CECM) en 1859, l’instruction publique au Canada-Est est à un état encore embryonnaire. Les francophones montréalais n’ont que quelques écoles publiques pour les desservir – la majorité des écoles francophones étant sous la tutelle des Frères des écoles chrétiennes – et la qualité de l’enseignement offert subit les conséquences de l’absence d’une formation unifiée pour les instituteurs et institutrices. Tenant d’une éducation adaptée aux besoins socio-économiques de la province, Archambault s’engage rapidement pour la promotion de l’enseignement des métiers techniques au Canada français alors que le pays est en pleine effervescence industrielle. Au tournant des années 1870, le système d’enseignement supérieur québécois [End Page 532] se limite à la formation aux professions libérales et à la prêtrise ; les premières initiatives d’enseignement du génie en sol américain se limitent au monde anglo-saxon. Qu’à cela ne tienne, le directeur de l’Académie du Plateau joue de ses contacts en haute sphère et obtient l’autorisation et les fonds pour créer une première école de génie sous l’égide de la CECM. Devenue école à part entière en 1875, la nouvelle Polytechnique, au statut encore incertain, dépend du soutien décisif du gouvernement conservateur. Archambault, devenu son directeur, doit lutter pour lui obtenir à la fois légitimité, soutien financier et reconnaissance comme institution d’enseignement supérieur. Il navigue en mer houleuse, entre les frictions de Polytechnique avec l’Université McGill, première à offrir un enseignement en génie, et des querelles universitaires entre Québec et Montréal qui placent Polytechnique entre deux feux. Fin stratège, Archambault sait jouer de ses contacts influents pour garder Polytechnique à flots malgré des premières années difficiles. Son influence se fait par ailleurs sentir dans plusieurs projets de loi concernant l’instruction publique. La décennie 1870 est cruciale dans la définition du système d’éducation québécois : l’État cède le pas à l’Église dans sa gestion, alors que le retrait des Sulpiciens comme bailleurs de fonds des écoles chrétiennes précipite l’entrée de plusieurs de ces dernières sous le giron de la CECM. La montée de l’influence de l’Église en matière d’éducation, de pair avec le contact rapproché avec les Frères des écoles chrétiennes sont sources de nombreux conflits pour Archambault. Défenseur infatigable des instituteurs laïcs, il ne croit guère à la supériorité des clercs sur ces derniers en...

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