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Reviewed by:
  • Deleuze au cinéma. Une introduction à l’empirisme supérieur de l’image-temps by Serge Cardinal
  • Julie Beaulieu
Serge Cardinal, Deleuze au cinéma. Une introduction à l’empirisme supérieur de l’image-temps, Québec, Presses de l’Université Laval, 2010, 232 p.

C’est un fait indéniable, la philosophie deleuzienne du cinéma a déjà beaucoup apporté au vaste champ des études cinématographiques, « et il est permis de douter qu’un nouveau commentaire ajoute beaucoup à la connaissance que l’on en a », avance d’entrée de jeu Serge Cardinal, auteur du livre Deleuze au cinéma, et professeur en cinéma au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal.

Dans cet ouvrage divisé en quatre chapitres précédés d’un avantpropos, Serge Cardinal s’emploie à répondre à deux questions fondamentales :

Quand Deleuze rencontre des images de cinéma, quels moyens met-il en œuvre pour conceptualiser ces images, pour en décrire les matières, pour en recouper les conditions? Et comment la connaissance de cette méthode nous permet-elle de comprendre la logique, la physique et l’éthique qui font de la philosophie deleuzienne du cinéma un système ?

Contrairement à la croyance populaire selon laquelle Deleuze aurait « manqué » de méthode dans l’élaboration de sa pensée du cinéma, il « n’a jamais cessé de s’adonner à la méthodologie », souligne Cardinal. Deleuze a par ailleurs consacré des études à de grands philosophes, par exemple Bergson, Kant et Nietzsche, dont chacune comprenait des considérations méthodologiques. L’étude de la méthode est par conséquent centrale pour ce philosophe. L’ouvrage Deleuze et le cinéma nous convie donc à une exploration méthodologique, c’est-à-dire à Une introduction à l’empirisme supérieur de l’image-temps, comme l’indique plus clairement son sous-titre.

On ne saurait commencer une telle recension critique sans mentionner que cet ouvrage est le fruit de plusieurs années de travail en collaboration avec des étudiants de deuxième et troisième cycles des Universités de Montréal et d’Aix-Marseille-1 inscrits dans un programme d’études cinématographiques ou d’histoire de l’art auxquels l’auteur a enseigné dans le cadre d’un séminaire portant sur le cinéma et la philosophie deleuzienne. On ne saurait également passer sous silence la volonté de l’auteur de poursuivre, avec ses lecteurs, une forme de dialogue en les invitant à consulter des références précises pour chacun des chapitres, et ce, dans le but évident d’en approfondir ou d’en élargir son horizon. Il en résulte un ouvrage à la fois didactique (pour une première approche de l’univers deleuzien) et très spécialisé (pour les connaisseurs), ce qui rejoint différents publics. Tout le monde peut ainsi y trouver son compte. [End Page 520]

Puisqu’il s’agit d’un livre sur la méthode deleuzienne, je procéderai de manière méthodique, chapitre par chapitre, afin de rendre justice au travail de l’auteur qui s’engage à démystifier le système deleuzien.

Le premier chapitre, « La conceptualisation de l’image », ouvre sur une citation importante du philosophe et sur laquelle s’érige la réflexion de l’auteur : « Les concepts du cinéma ne sont pas donnés dans le cinéma. Et pourtant ce sont les concepts du cinéma, non pas des théories sur le cinéma ». Cette formule est cruciale pour la compréhension de la méthode deleuzienne parce qu’elle commande un nouveau rapport entre théorie et cinéma. Non pas une refonte systématique des études cinématographiques, comme le précise avec justesse Cardinal, mais plutôt quelques aménagements (ou décalages) que le philosophe suggère avec un sourire au bout des lèvres en adressant aux apprentis les précautions à prendre – le philosophe use bien souvent d’une stratégie comique rappelle Cardinal. Pour Deleuze, la théorie du cinéma ne porte pas, comme on pourrait le croire, sur le cinéma...

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