Paroles et images dir. by Robert Proulx (review)

Consécutivement à la fermeture des éditions d’Acadie en 2000, Perce-Neige est devenu le principal éditeur acadien d’œuvres littéraires. Fondé en 1980, Perce-Neige (dirigé par Serge Patrice Thibodeau) s’est spécialisé pendant de nombreuses années dans la poésie, avant de se lancer dans l’édition de romans dès la fin des années 1990 et, plus récemment, dans la publication de récits de voyage, de contes, d’essais et de documents historiques. C’est donc dans l’optique d’un élargissement de ses activités d’édition que Perce-Neige a créé la collection « Archipel/APLAQA » en 2013, dont la vocation est de publier des études « portant sur diverses questions liées à des problématiques d’actualité en littérature » (quatrième de couverture), notamment des ouvrages collectifs constitué d’articles tirant leur origine de communications faites aux colloques de l’Association des professeurs des littératures acadienne et québécoise de l’Atlantique (APLAQA).

Paroles et images est le premier volume qui soit paru dans cette collection. Il est composé de textes qui découlent pour l’essentiel du dix-huitième colloque de l’APLAQA organisé à l’Université Acadia en octobre 2009. Comme le suggère le titre de l’ouvrage, on y a réuni des articles portant précisément sur la chanson, la bande dessinée, le cinéma et le vidéoclip, et ce, afin de « privilégier la réflexion sur des genres trop souvent négligés par la critique universitaire ». Dans son introduction, Robert Proulx, professeur au Département des langues et littératures de l’Université Acadia, insiste sur les liens étroits qui se sont noués au fil des décennies entre le cinéma et la chanson, en précisant que ces derniers consistent en « deux genres hybrides qui jouissent d’un fort pouvoir d’attraction. Ils offrent ainsi une variété de points d’entrée pour leur étude de même que de nombreuses possibilités d’exploitation pédagogique ». Paroles et images regroupe au total neuf études de longueur inégale. L’ouvrage comprend également trois annexes : une collection de notices biographiques de chanteur/euse/s, une bibliographie d’ouvrages publiés par l’APLAQA et les notices biobibliographiques de tous les auteurs qui ont contribué à Paroles et images. Il est à noter qu’on a fait appel à deux spécialistes de la chanson bien connus, soit Bruno Roy et Stéphane Hirschi. L’article de Roy traite du poème mis en chanson dans l’album Douze hommes rapaillés (artistes variés), tandis que celui de Hirschi analyse l’américanité, la canadianité et l’universalité chez Richard Desjardins.

Ce volume relativement mince forme tout de même un recueil assez cohérent dans la mesure où chacune des études réunies porte sur des genres souvent mis l’écart des études savantes en littérature. En ce sens, il est tout à fait légitime de ranger sous la même bannière des arts plutôt dissemblables (la chanson et la bande dessinée, par exemple), dans le but de mettre en relief leurs particularités esthétiques et les nouvelles perspectives critiques que ces dernières ouvriraient. Cela dit, on aurait pu, dans l’introduction, faire une mise en situation plus large et un état des lieux plus précis sur la question des genres négligés par la critique. Cela aurait permis de présenter plus explicitement la manière dont s’inscrivent les textes de Paroles et images dans l’ensemble des études portant sur la chanson, le cinéma, la bande dessinée et le vidéoclip. Au demeurant, les objectifs de cet ouvrage collectif sont définis de façon assez vague; il est précisé qu’on a voulu rehausser les genres en question, mais on ne détaille guère les horizons nouveaux qu’on a cherché à dégager dans l...