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Reviewed by:
  • Anthologie Liberté 1959-2009. L’écrivain dans la cité. 50 ans d’essais by Olivier Kemeid etal.
  • Gaëtan Brulotte
Olivier Kemeid, Pierre Lefebvre et Robert Richard, avec la coll. de Evelyne de la Chenelière, Michel Peterson, Jean-Philippe Warren et Karine Hubert, Anthologie Liberté 1959-2009. L’écrivain dans la cité. 50 ans d’essais, Montréal, Le Quartanier, coll. Erres essais, 2011, 467 p. 32,95$

La revue Liberté est, avec Les Écrits du Canada français (aujourd’hui Les Écrits), la revue la plus ancienne du Québec. L’anthologie d’essais tirés de cette revue majeure couvre cinquante ans de vie intellectuelle à travers 290 numéros, de 1959 à 2009. C’est un témoignage précieux sur une période cruciale de l’histoire du Québec moderne. Fondée par Jean-Guy Pilon, Liberté a accueilli au cours de ces décennies plus de 400 auteurs qui ont partagé un même désir de lucidité critique dans l’examen des grandes questions de notre temps et un même combat contre ce que Claude Gauvreau appelle le « vomissible obscurantisme ». Le parcours est impressionnant et stimulant. Depuis ses origines, ce périodique se pré-occupe de littérature, de philosophie, de politique, de cinéma, de théâtre, de musique, de beaux-arts, de réflexion sur la beauté et d’analyses culturelles. Ce qui le distingue cependant des autres, c’est la défense acharnée de l’autonomie du littéraire par rapport aux partis politiques et l’indépendance de son regard sur le monde, regard en général aiguisé.

Fruit du comité de rédaction actuel qui souhaitait marquer ainsi le cinquantenaire de la revue, l’ouvrage offre une sélection d’essais parmi les plus percutants, et d’essais seulement, puisque, pour ce projet, les auteurs ont laissé de côté tous les autres textes qui ont soutenu la vie créatrice et critique de la revue tout au long de son évolution: fictions, chroniques et recensions. Ils ont découpé l’évolution de Liberté en six périodes et chacune est présentée par un membre du comité qui la resitue clairement en résumant les enjeux du temps et les textes phares qui les éclairent ou changent la donne.

La première période (1959-1963), celle des fondateurs, correspond à l’âge de la parole et à la mort du Canada français. Robert Richard la présente. Sous la direction successive d’écrivains comme Jean-Guy Pilon, Jacques Godbout, Fernand Ouellette et Hubert Aquin, cette période produit nombre de textes marquants. L’essai emblématique en est le brûlot d’Hubert Aquin, « La fatigue culturelle du Canada français » où le romancier réagit à un article de P.-E. Trudeau publié dans Cité libre. Il y critique entre autres le rapport causal établi par ce dernier entre le nationalisme et la guerre. Aquin est alors influencé par un mélange de pensée sartrienne, du discours des mouvements de libération de l’époque en Afrique et au Maghreb et de Teilhard de Chardin, alors très en vogue au Québec. Constatant que la nation canadienne-française a fait place, grâce à l’immigration, à une population poly-ethnique cimentée par la langue, il revendique la reconnaissance mutuelle de ses composantes culturelles et politiques. Un autre article parmi ceux qui représentent cette période [End Page 508] fondatrice, celui de Jacques Ferron, y va d’une critique humoristique du clergé et propose des compromis politiques, à la façon du parti Rhinocéros, souriants et désinvoltes.

La deuxième période (1963-1969) aborde la question cruciale de la langue en pleine Révolution tranquille. Jean-Philippe Warren en assure la présentation. Pour l’équipe d’alors les luttes politiques sont inséparables de la défense de la langue dans un environnement qui la menace. Dans un texte solidement documenté et argumenté, Fernand Ouellette y dénonce la pauvreté du français au Québec de ces années, pauvreté lexicale et conceptuelle, dont il rend responsable le bilinguisme qui a découragé le d...

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