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Reviewed by:
  • Dans la nuit blanche et noire. Essais by Renaud Longchamps
  • Claude Grégoire
Renaud Longchamps, Dans la nuit blanche et noire. Essais, Trois-Pistoles, Éditions Trois-Pistoles, 2012, 210 p.

Le poète Renaud Longchamps est (déjà !) rendu au moment des bilans. À son œuvre poétique, déjà l’objet, depuis presque 15 ans, d’une réédition en Œuvres complètes aux Éditions Trois-Pistoles, s’ajoute maintenant Dans la nuit blanche et noire. Essais, anthologie de textes parus dans la revue littéraire Nuit blanche depuis plus de vingt ans.

C’est sans nul doute dans la première partie, intitulée « Passions », qui couvre près des trois quarts de l’ouvrage, que les lecteurs y trouveront un Longchamps plus authentique, à tort ou à raison. Le texte incipit frappe et le ton de Longchamps s’impose dès l’amorce d’un texte sur Chronique de la dérive douce, de Dany Laferrière : « Moi, ça ne m’intéresse pas de parler du dernier Ducharme », dit-il à propos de Va savoir. Voilà, le ton est donné. Le moi et Ducharme reviendront, l’un plus souvent que l’autre, parsemer ces essais, à juste titre nommés ainsi, puisque l’on dé-borde la critique littéraire pour entrer dans l’essentiel des préoccupations du poète beauceron qui prendront beaucoup de place au hasard des lectures faites, des humeurs du temps, peu importe l’auteur reçu : l’ouvrage [End Page 493] comprend autant Longchamps que l’œuvre qu’il accueille et consacre autant le poète essayiste que l’écrivain reçu : on y sent l’amoureux du verbe et de la vie signifiants, et Longchamps s’y inscrit comme un véritable artisan littéraire, exigeant envers les auteurs et les œuvres abordés, certains incontournables : Jacques Ferron, Anne Hébert, Pierre Perreault, Nelly Arcan, Victor-Lévy Beaulieu, pour ne nommer que ceux-là.

Le ton est par moments impétueux, prêtant allégrement à la polémique, mais toujours sensible, par moments doux, voire nostalgique des « septante hurlantes et tonitruantes », amer du pays deux fois avorté, singulièrement autour du deuxième référendum – notons que près de la moitié des textes retenus pour cette anthologie ont été originalement publiés dans les années 1994 à 1996).

Bien que la complainte du poète sur son pays inachevé semble obsé-dante, que son indignation envers les incultes et les riches paraisse par moments dure, on doit reconnaître à Longchamps un réel engagement littéraire, hormis celui de sa vaste poésie déjà (re)connue, et il serait malheureux que seul le souvenir de la virulence de ses propos survive à cette anthologie : ne devrait-on pas y lire plutôt une authenticité rare dans le milieu de la critique littéraire ? Si son acharnement sur Ducharme en étonnera quelques-uns, sa franchise sur la qualité douteuse du dernier recueil de poésie d’Anne Hébert, Poèmes pour la main gauche, fait office de rafraîchissement.

C’est sans doute cette verve qui fait un peu défaut dans la courte deuxième partie de l’anthologie, baptisée « Raison », qui recense plus objectivement quelques essais de sciences humaines et pures, mais où Longchamps s’éloigne de son franc-écrire impétueux, aussi marque de commerce de son bien-aimé compère pistolois Beaulieu, son éditeur dans cette aventure.

Claude Grégoire
Collège Mérici et Université Laval
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