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Reviewed by:
  • Espagnes imaginaires du Québec dir. by de Carmen Mata Barreiro
  • Sophie Beaulé
Espagnes imaginaires du Québec, s. la dir. de Carmen Mata Barreiro, Québec, Presses de l’Université Laval, 2012, xii- 314 p.

La tertulia, variation espagnole du cercle littéraire ou artistique, s’épanouit dans le libre échange des idées. C’est justement à une conversation entre le Québec et l’Espagne que Carmen Mata Barreiro convie le lecteur dans ses Espagnes imaginaires du Québec. Selon une perspective interculturelle, la spécialiste a réuni des écrivains, artistes, chercheurs et traducteurs tant québécois que mexicains et espagnols. Se révèle ainsi l’espace indéniable qu’occupe l’Espagne dans l’imaginaire collectif du Québec, au-delà des clichés. Des entretiens, articles de fond et essais se divisent selon trois parties qui s’interpellent et se complètent. Outre le mouvement dynamique qu’elle imprime à l’ensemble, cette approche variée permet de couvrir un large éventail de thèmes et ouvre des pistes de réflexion. La tertulia proposée par Carmen Mata Barreiro remplit ainsi sa mission d’échange et d’ouverture.

La première partie s’intéresse aux représentations de l’Espagne dans la littérature produite au Québec. Dans la première section, « Évocations », des écrivains dépeignent l’influence de la culture espagnole sur leur œuvre. Marie-Célie Agnant et Neil Bissondath évoquent, entre autres, leur lecture de Federico Garcia Lorca. L’Espagne a séduit Louise Cotnoir, tout comme elle a nourri l’imaginaire de Louise Dupré. Grâce à ce pays, Nadia Ghalem a découvert un aspect méconnu de sa mère, tandis que Jacques Folch-Ribas revient sur l’Espagne qu’il a fuie. Nadine Ltaif, pour sa part, évoque l’influence mauresque. La seconde section se concentre plus particulièrement sur [End Page 416] les « Espagnes imaginaires et Espagnes greffées » sous la forme de l’essai, de l’entrevue ou du regard critique. C’est le cas d’Aurea Fernández Rodriguez qui examine l’intertexte orwellien dans Dehors les chiens de Jacques Folch-Ribas. Isabelle Miron médite sur l’imaginaire « si peu ibérique », du poète Juan Garcia, qui a publié des poèmes dans Liberté. On notera par ailleurs la belle contribution de Mata Barreiro qui compare les représentations de l’Espagne contenues dans les récits de voyageurs canadiens-français au XIXe siècle avec Un habit de lumière (1999) d’Anne Hébert. Deux entrevues permettent par ailleurs de saisir la profondeur des liens unissant Louis Jolicœur et Nicole Brossard à la culture espagnole. Enfin, Naïm Kattan retrace l’évolution de sa perception de l’Espagne.

« Des représentations aux recréations » entraîne ensuite le lecteur dans les « voyagements » (terme emprunté par Mata Barreiro à Laurent Mailhot) du théâtre québécois. Les analyses et entrevues mettent en relief l’universalité et la plasticité du Don Quichotte de Miguel de Cervantes recréé par Jean-Pierre Ronfard, Wajdi Mouawad et Dominic Champagne, ainsi que de La Celestina de Fernando de Rojas repris par Robert Lepage. L’analyse détaillée de Javier Rubiera éclaire chez les premiers dramaturges la volonté de souligner, entre autres, « la peur de l’être humain face à une vie qui passe comme un songe rempli d’images mensongères ». La contribution de Lucie Lequin poursuit avec bonheur le propos de Rubiera pour rapprocher le Refus global de Paul-Émile Borduas du Don Quichotte de Champagne et de Mouawad. De son côté, Lepage réinvente La Celestina ; il s’agit là d’un véritable défi, indique Beatriz Calvo Martin, en raison du caractère cinématographique de cette pièce conçue pour être lue. La critique souligne ainsi l’art requis par la scénographie, ce que confirme l’entrevue avec Carl Fillion, scénographe de l’interprétation lepagienne.

La dernière partie se concentre sur la traduction. Louis Jolicœur prolonge les réflexions qu’il a partagées dans la première partie ; il affirme l’indépendance nécessaire du traducteur...

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