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  • Roman 2013
  • Pierre Karch

Cette année, certains éditeurs reconnaissent qu’ils ont créé une situation déplorable au Québec : la publication d’un nombre exagéré de romans au cours d’une seule année. À titre d’exemple, je me permets de citer André Vanasse des éditions XYZ, aussi responsable que ses confrères de ce virus qui l’étonne : « J’ignorais que l’édition deviendrait à ce point encombrée que les livres se succéderaient à une cadence qui défie parfois l’entendement. Que le Québec en soit rendu à publier plus de 800 romans en une année (et cela exclut les recueils de nouvelles !) a de quoi me laisser pantois. J’en suis venu à croire que c’est la quantité qui tuera l’éternité. Comment survivre dans cette prolifération de livres qui couvre la terre entière? » (Lettres québécoises, printemps 2013, no 149, p. 3)

david

Le cartel des volcans est le troisième livre de Patrice Robitaille, enseignant et bibliothécaire recyclé en régistraire au collégial. L’auteur part d’un fait divers : l’explosion d’un pipeline. Tout le monde connaît cela. Le pétrole a mauvaise presse, mais personne ne songerait à en réduire la consommation. Ce qu’on connaît également, ce sont les divers actes de terrorisme. L’auteur anime son discours sur ces dangers réels, en mettant en scène des personnages crédibles d’une grande violence qu’il met en action au Mexique, ce qui les éloigne du Canada. L’éloignement spatial est amplifié [End Page 311] par la distance linguistique que souligne l’usage de l’espagnol qu’on traduit dans un lexique, à la fin du livre. La recette est bonne.

druide

Les titres des œuvres de Patrick Drolet sont des phrases complètes : Un souvenir ainsi qu’un corps solide ont plusieurs tons de noirceur (Éditions les 400 coups, 2008), J’ai eu peur d’un quartier autrefois (Hurtubise, 2009) et cette année, Pour une dernière fois, je m’abaisserai dans tes recoins, roman poétique qui ne se laisse pas avaler facilement. Aussi, l’auteur sent-il le besoin de s’expliquer : « Je prends une image et un corps humain et j’essaie de les frapper ensemble, j’essaie de trouver comment l’image résonne sur le corps, le transforme. Les objets ont une place importante dans ces expériences sensorielles. Les objets ont été manipulés par quelqu’un, alors ils ont une histoire, une âme, une mémoire. J’aime cette idée d’un objet comme prolongement du corps. » Est-ce assez clair?

Le retour de l’ours de Catherine Lafrance, « journaliste et animatrice de carrière » (CBC/Radio Canada), est un roman d’anticipation, mais à peine s’aventure-t-il plus loin que son nez, puisqu’il y est question du réchauffement de la planète, du sort des ours polaires et de tous les êtres de la terre qui risquent de ne pas survivre encore longtemps. Le sujet est tout à fait d’actualité, les changements atmosphériques qui se font déjà sentir étant irréversibles, comme le dit si bien l’auteure qui commente son œuvre : « Le futur […] a déjà commencé à s’effriter dans ce présent que nous nous obstinons à vivre comme si demain n’existait pas. »

Dans Le deuxième train de nuit, Gérald Tougas, prix du Gouverneur général en 1990, pour La mauvaise foi paru chez Québec Amérique, cède la parole à deux narrateurs. Le premier se présente ainsi : « […] c’est moi, grand-père, moi Marcel fils d’Hervé Démontigny et d’Élizabeth Lagacé, et non Louis fils de François, ni Pierre fils de Fortunat, etc., qui t’imagine en ce matin de je ne sais plus trop quelle année ou mois, ni s’il était ce matin ensoleillé ou pluvieux, ni même si c’était le matin, mais je t’ai vu. » On aura compris que son récit se fait et se défait comme la tapisserie de Pénélope, ce qui n’en facilite pas la lecture. Le...

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