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Reviewed by:
  • A Slaveholders’ Union: Slavery, Politics, and the Constitution in the Early American Republic by George William Van Cleve
  • Anne-Claire Faucquez
George William VAN CLEVE.– A Slaveholders’ Union: Slavery, Politics, and the Constitution in the Early American Republic, Chicago, University of Chicago Press, 2010, 388 pages.

L’ouvrage de George Van Cleve relance l’éternel débat sur la relation entre la révolution américaine et l’esclavage. Comment ces combattants de la liberté, s’affranchissant du joug de la couronne britannique, instaurant la première démocratie du XVIIIe siècle, défendirent en même temps l’esclavage de millions d’Africains sur leur sol? Malgré la montée de l’abolitionnisme à la fin du XVIIIe siècle, la Constitution n’abolit nullement l’esclavage mais accrut le pouvoir des propriétaires d’esclaves et ancra cette institution dans les rouages politiques du pays pour encore près d’un siècle. Le nouvel État indépendant créé en 1787 était une union de propriétaires d’esclaves (a slaveholders’ Union) et la Constitution, un document pro-esclavagiste «dans sa politique, son économie et sa loi» (p. 270). G. Van Cleve s’inscrit ici dans la lignée de la majorité des historiens de la jeune République qui s’accordent tous sur le caractère pro-esclavagiste de la Constitution6.

Dans cette histoire institutionnelle de l’esclavage depuis les débuts de la guerre d’Indépendance jusqu’au Compromis du Missouri de 1819-1820, l’auteur se concentre essentiellement sur les facteurs politiques et économiques qui motivèrent la protection de cette institution. Selon lui, le maintien de l’esclavage a deux origines principales: tout d’abord le pouvoir inconditionné des propriétaires d’esclaves qui parvinrent à obtenir à la fois une autonomie locale sur leur gestion de l’institution et des protections au niveau national de leur propriété; ensuite, l’influence limitée des abolitionnistes du Nord qui furent prêts à faire de nombreux compromis, les intérêts des Sudistes à accroître l’esclavage étant plus grands que ceux des Nordistes à le limiter ou l’abolir.

Cet ouvrage très clair et très bien structuré narre en trois parties l’origine, la construction et la consolidation de ce qui ressembla davantage à une union politique qu’à une union morale. Documenté de manière exhaustive, illustré par des extraits des débats de la convention constitutionnelle, il nous livre avant tout le point de vue [End Page 181] bien connu des élites en apportant tout de même un nouvel éclairage par son étude de manuscrits inédits consacrés à l’abolitionnisme et à la réponse du Nord face à la crise du Missouri.

Le premier chapitre contraste avec le reste de l’ouvrage par sa description de l’attitude britannique vis-à-vis de l’esclavage dans l’ensemble de l’Empire avant la révolution. L’affaire Somersett v. Stewart (1772), qui remit en question le droit de posséder des esclaves au sein de l’empire britannique et inquiéta fortement les colons propriétaires d’esclaves, eut une influence certaine dans le déclenchement de la guerre d’Indépendance. Si l’esclavage n’était protégé par aucune loi naturelle ou impériale, il ne pouvait être établi que par une loi «positive» et dépendait donc de la législation dans les colonies. C’est ainsi qu’au sortir de la guerre, les propriétaires d’esclaves luttèrent pour que les articles de la convention aient un rôle limité sur les États.

Dans le deuxième chapitre, Van Cleve nous livre une histoire novatrice de l’abolitionnisme dans les États du Nord dont l’influence fut limitée par le racisme de la population. Les Noirs libres y voyaient leurs droits restreints, ceux qui désiraient y émigrer étaient découragés. Les habitants n’étaient pas prêts à renoncer à leurs intérêts économiques et à assumer les coûts engendrés par l’abolition. Leurs efforts pour émanciper leurs esclaves ou intégrer les Noirs libres dans leurs sociétés furent limités. Les Nordistes firent tout leur possible pour apaiser...

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