University of Nebraska Press
  • Un survol des ouvrages reçus à nos bureauxLittérature de jeunesse
Defourny, Michel. De quelques albums qui ont aidé les enfants à découvrir le monde et à réfléchir. Coll. Archimède. Paris: L’École des loisirs, 2013
isbn 9782211216692. 128p.
Myre-Bisaillon, Julie, Patricia Marchand, Émilie Fontaine, et Carl Beaudoin.
La Littérature jeunesse pour des apprentissages multidisciplinaires.
Montréal: Les Éditions cec, 2013. isbn 9782761763738. 215p.
Marchand, Patricia, Julie Myre-Bisaillon, Carl Beaudoin, et Émilie Fontaine.
La Littérature jeunesse pour des apprentissages multidisciplinaires.
Montréal: Les Éditions cec, 2014. isbn 9782761767361. 263p.
Constantinescu, Muguras. Lire et traduire la littérature de jeunesse. Des Contes de Perrault aux textes ludiques contemporains. Coll. Recherches comparatives sur les livres et le multimédia d’enfance 6. Bruxelles: pie Peter Lang, 2013.
isbn9782875740182. 218p.
Noël-Gaudreault, Monique, et Romain Gaudreault. Dictionnaire de l’imagination. Pour lire ou écrire des histoires de science-fiction, d’horreur, maritimes, merveilleuses, héroïques, policières et sentimentales. Montréal: Éditions du Bégonia voyageur, 2013. isbn 9782981290915. 289p.
Noël-Gaudreault, Monique, et Romain Gaudreault. Outils pour écrire des récits d’aventures, de science-fiction et d’aventures exotiques. Montréal: Éditions du Bégonia voyageur, 2013. isbn 9782981290908. 75p.
Henky, Danièle. Résistez. Poèmes pour la liberté. Paris: Seghers jeunesse, 2014
. isbn 9782232123948. 92p.

Defourny, Michel. De quelques albums qui ont aidé les enfants à découvrir le monde et à réfléchir. Coll. Archimède. Paris: L’École des loisirs, 2013. isbn 9782211216692. 128 p.

Parue en 2003, cette publication, de format carré, est une réédition augmentée signée par Michel Defourny. Dans cette publication récente, l’auteur belge a intégré plusieurs chroniques parues dans Le Ligueur et la revue Lectures. Cette étude panoramique du documentaire souligne des titres parus de 1912 à aujourd’hui, à partir de textes originaux ou traduits autant de l’anglais, de l’allemand que d’autres langues, sans être pour autant une histoire du documentaire en terre francophone. Si les fonctions poursuivies par le documentaire sont d’instruire les jeunes, il sert aussi de trait d’union entre les générations, en plus d’initier à la démarche scientifique comme observer les phénomènes retenus, les classer, les trier, etc. L’auteur a classé les titres selon une double approche: chronologique et thématique (par exemple: les arbres, les animaux). L’ouvrage comprend une description des titres retenus, un index, les pages de couverture de la collection “Archimède” et la préface de cette dernière collection par Ju Yunfeng, l’éditeur chinois de Encyclopedia of China Publishing House. En présentant certains titres, M. Defourny met en lumière la contribution de l’auteur de l’album recensé et insiste sur le travail de l’artiste photographe ou illustrateur. Plusieurs titres sont mis en contexte, selon leur lieu d’apparition, et comprennent des anecdotes comme par exemple le fait que des albums aient été interdits à une certaine époque, car ils étaient associés à des sujets jugés tabous comme l’était la naissance. Historiquement, le documentaire présente objectivement les faits retenus (dates, mesures, données historiques attestées), toutefois, il importe de mentionner que certaines publications comprennent une forme narrative dont le propos est de mieux ancrer les informations transmises, d’autant plus que la place occupée par la narration en je facilite la transmission des connaissances, notamment chez un jeune lectorat. L’ouvrage, abondamment illustré sur papier glacé, permet, par la luminosité des couleurs, d’apprécier ce qui est montré, de mieux comprendre les explications transmises et de rendre plus visibles les processus plus abstraits. Outre la page de couverture, des planches globalisantes ou segmentées sont insérées ce qui, grâce aux effets du zoom, permet de pénétrer au cœur des événements et des [End Page 128] situations décrites. En résumé, précise l’auteur, la force de la communication naît de l’assemblage des techniques graphiques utilisées par les diverses maisons d’édition mentionnées: Actes Sud, Calmann-Lévy, Fernand Nathan, L’École des loisirs, Flammarion, Gallimard, Les 400 coups, Syros. L’intérêt indéniable de cette publication est non seulement d’avoir identifié des albums issus de diverses régions du monde qui contribuent à mieux faire connaître cet ailleurs qui fascine, mais aussi d’identifier et de décrire des albums qui traitent de moments historiques comme la lutte contre le colonialisme, le travail des enfants, mais aussi certains enjeux sociaux et environnementaux actuels comme la déforestation.

Myre-Bisaillon, Julie, Patricia Marchand, Émilie Fontaine, et Carl Beaudoin. La Littérature jeunesse pour des apprentissages multidisciplinaires. Montréal: Les Éditions cec, 2013. isbn 9782761763738. 215 p.

Marchand, Patricia, Julie Myre-Bisaillon, Carl Beaudoin, et Émilie Fontaine. La Littérature jeunesse pour des apprentissages multidisciplinaires. Montréal: Les Éditions cec, 2014. isbn 9782761767361. 263 p.

De format identique, ces deux ouvrages publiés à moins d’une année d’intervalle s’adressent au corps enseignant soucieux de favoriser des enseignements-apprentissages multidisciplinaires (la lecture, l’écriture et les mathématiques), à partir d’une œuvre littéraire destinée aux jeunes élèves du primaire. S’appuyant sur des recherches réalisées en Occident, les auteurs ont fait le pari que la littérature pour la jeunesse est susceptible de motiver les jeunes à apprendre autrement puisque les ouvrages littéraires ont été écrits pour leur plaisir. La première partie de chacun des ouvrages s’attarde sur les fonctions attribuées à la littérature pour la jeunesse alors que la seconde porte davantage sur le guide d’exploitation en suggérant diverses situations d’enseignement-apprentissage multidisciplinaire. En dernier lieu, se trouve le carnet de résolution de situations-problèmes. Sans être des manuels scolaires, ces ouvrages à caractère didactique visent à exploiter une œuvre littéraire pour motiver les élèves à apprendre, tout en développant des compétences dans les disciplines retenues, en plus de former les enseignants à l’exploitation des œuvres littéraires pour la jeunesse dans un contexte d’enseignement multidisciplinaire. Les auteurs suggèrent pour chaque œuvre retenue des situations d’enseignement-apprentissage qui ont été préalablement expérimentées et éprouvées par plus d’une douzaine d’enseignants. Les titres retenus par cycle (albums, documentaires, mini-romans, romans, légendes), publiés par des maisons d’édition québécoises et françaises, explorent, sous différents angles, des thèmes qui touchent les réalités des jeunes, tout en faisant appel à leur imagination, grâce à des illustrations colorées et attrayantes qui suscitent des inférences. Les auteurs exploitent les contours de l’œuvre qui débouchent sur une variété d’activités mettant ainsi en relation divers aspects de la réalité générée [End Page 129] par l’œuvre abordée. Par leur propos, les deux publications innovent en mettant la littérature pour la jeunesse au centre des apprentissages formels.

Constantinescu, Muguras. Lire et traduire la littérature de jeunesse. Des Contes de Perrault aux textes ludiques contemporains. Coll. Recherches comparatives sur les livres et le multimédia d’enfance 6. Bruxelles: pie Peter Lang, 2013. isbn 9782875740182. 218 p.

Cet ouvrage illustré par Ana Constantinescu s’avère être une réédition augmentée d’une édition précédente parue en Roumanie en 2009. Il regroupe des articles qui ont été présentés lors de colloques ou ont été publiés dans des revues spécialisées. Dans la nouvelle édition, le préfacier fondateur de l’Institut International Charles Perrault (iicp), Jean Perrot, signale, d’entrée de jeu, que cette publication est représentative des mutations en cours dans le domaine de la recherche en matière de littérature de jeunesse, car il est à l’avant-garde des échanges qui se développent dans le cadre de la mondialisation. Dans son introduction, Muguras Constantinescu retrace les moments fastes qui ont marqué son périple de chercheure et qui ont orienté ses recherches. Il s’agit de l’obtention, dans son pays, du prix de la critique en 1983, sa thèse de doctorat consacrée aux contes de Perrault, un stage sur l’imaginaire tenu à l’université de Savoie, un article récompensé en 1997 par l’Institut international Charles Perrault et la traduction en 2003 de l’ouvrage d’Alain Montandon Du récit merveilleux ou l’ailleurs de l’enfance. Ce travail de traduction l’a plongée dans la problématique des livres d’enfants pour adultes. Dès lors, elle a combiné la littérature pour la jeunesse et la traduction littéraire, qui constituent les deux parties de son livre. En 2005, Constantinescu a coordonné une recherche parrainée par l’Agence Universitaire de la Francophonie (auf), sur le personnage de la fillette.

Les dix-sept articles remaniés regroupent, dans la première partie, neuf chapitres consacrés à lire et à relire des livres d’enfants et huit centrés sur la traduction. Dans le premier chapitre, Constantinescu s’attarde sur un aspect de l’œuvre que n’avaient pas exploré les nombreux représentants de la critique internationale, soit la dimension espiègle des contes de l’académicien Charles Perrault. L’auteure note que le terme espiègle, d’origine néerlandaise, est présent dès 1694 dans le dictionnaire de l’Académie, et signifie le caractère “éveillé, subtil, fripon” d’une personnalité, et, en particulier, de celle des enfants un peu “malins ou libertins,” capables de faire “un tour de malice” (10). L’espièglerie se situe entre l’enjouement et le badinage et est liée au plaisir, au jeu, à l’esprit, à l’ingéniosité. Que ce soit dans l’incipit ou l’excipit, l’espièglerie réduit la distance, crée une familiarité avec des personnages comme la fée, le roi, en plus d’atténuer ou de renforcer le symbole. La contribution de Charles Perrault a été d’embellir et d’améliorer le conte traditionnel au moyen d’“agréments” et d’“ornements” qui l’ont rapproché du conte populaire. En somme, le conte perraldien constitue une forme de jeu qui se situe à l’intersection du conte [End Page 130] populaire traditionnel, du conte contemporain, galant et précieux, et du conte antique, agréable et plaisant, mais indifférent au côté moral et pédagogique (22). L’œuvre de Perrault, marquée par l’ironie, a transformé le conte oral, au point d’être à l’origine de nombreux palimpsestes contemporains qui visitent, revisitent, parodient et pastichent les contes du célèbre académicien à l’écriture raffinée, élaborée et dense. Les chapitres suivants présentent le personnage de la fillette qui explore le féérique, le monde, l’altérité, la différence et enfin l’imagination, le livre, la lecture et l’écriture, pour s’attarder sur l’album pour les petits et les plus grands. L’édition roumaine située au carrefour de nombreuses esthétiques contemporaines est décrite, et un hommage chaleureux est rendu à la doyenne française de la recherche en littérature pour l’enfance et la jeunesse (lej), Denise Escarpit, qui a également initié la première revue critique, Nous voulons lire! (113–16). La deuxième partie examine le travail de traduction effectué en Roumanie, à partir d’un corpus patrimonial et d’œuvres classiques, sans négliger pour autant des exercices de traduction sur un corpus de contes créoles, inuits, amérindiens et persans (179–82). Cette partie est accompagnée de réflexions sur la traduction de la littérature de jeunesse qui comprend son lot de difficultés dont celle qui est associée au rythme. Le parcours se termine par deux entretiens effectués auprès de la journaliste brésilienne, Ana Maria Machado, romancière et dramaturge, et du président et fondateur de l’Institut International Charles Perrault, Jean Perrot. Depuis la Roumanie, cet ouvrage enrichit la réflexion et la recherche en traduction, tout en ouvrant de nouvelles pistes de réflexion et d’analyse littéraires.

Noël-Gaudreault, Monique, et Romain Gaudreault. Dictionnaire de l’imagination. Pour lire ou écrire des histoires de science-fiction, d’horreur, maritimes, merveilleuses, héroïques, policières et sentimentales. Montréal: Éditions du Bégonia voyageur, 2013. isbn 9782981290915. 289 p.

Destiné à ceux et celles qui aiment écrire, veulent écrire ou font écrire, en classe ou lors d’ateliers d’écriture, cet ouvrage, rédigé à quatre mains par une spécialiste en didactique de la lecture et de l’écriture et un sémiologue/narratologue de formation, propose un dictionnaire original dans sa forme et son contenu. Le Dictionnaire s’inscrit dans la foulée du dictionnaire de l’imaginaire de Rodari, mais propose en plus une série de combinatoires de consultation aisée. Les auteurs offrent une riche palette de catégories et de sous-catégories pour les apprentis auteurs qui cherchent à décrire dans le temps et l’espace leurs personnages, leur habitat, en cohérence avec leur propos, et à les caractériser d’après les buts poursuivis. C’est à partir de quarante-huit chefs-d’œuvre de la littérature populaire mondiale que les auteurs ont sélectionné leurs exemples, puisqu’“un récit de fiction résulte de la combinaison d’éléments tirés d’un répertoire” (quatrième de couverture). L’organisation du livre comprend six chapitres qui exploitent et explorent des entrées ou mots-clés [End Page 131] propres au type de roman ou de nouvelle lu ou à écrire, selon qu’il s’agit d’histoires de science-fiction, d’horreur, de récits maritimes, etc. Chaque catégorie, présentée par ordre alphabétique, introduit une chaîne d’associations susceptibles d’enrichir le texte et d’orienter la création, la rédaction ou la révision du texte. Il s’ensuit une gamme impressionnante de termes qui facilitent ou orientent la mise au monde de récits, en identifiant des habitations, des moyens de locomotion sur terre, dans les airs ou sous terre, des enjeux nationaux ou internationaux et leurs conséquences sur les sujets concernés. Le Dictionnaire fourmille d’informations susceptibles de donner de l’épaisseur aux personnages, de la véracité et de la vraisemblance au récit en construction, en tenant compte d’une multitude de traits propres au genre littéraire retenu. Outre les nombreuses citations, les auteurs suggèrent également des films et d’autres romans qui illustrent leurs propos et enrichissent la banque référentielle. Le but de cet ouvrage est de contrer le syndrome de la page blanche (spb) chez les jeunes et les moins jeunes qui butent parfois sur le “Quoi écrire?”, “À l’aide de quels outils?” L’originalité de ce dictionnaire est d’explorer diverses facettes attribuées aux récits de fiction et de dépanner ceux et celles qui cherchent à cerner ou traduire la réalité fictionnelle, lors de la production, de la sélection, de la combinaison ou de l’élimination des idées. En outre, les auteurs mettent à la disposition des créateurs novices un chapitre comprenant des aides à la création composé de dix-sept entrées présentées sous la forme de tableaux dont les modes de désignation d’un personnage (par exemple son nom, son prénom, son âge, ce qu’il fait, etc.), l’espace, le rythme du récit, etc. Les données définies et accompagnées d’extraits littéraires illustrent ces propos. En sus, on trouve des conseils pratiques tirés de diverses sources (Genette, Boileau-Narcejac) pour décrire un sujet, un objet ou un paysage (251) comme le vocabulaire visuel, olfactif, sonore, etc. Jouer avec diverses combinaisons contribue à dynamiser un texte en élaboration et réduit grandement le fameux spb, tout en facilitant le travail des mentors et des enseignants soucieux d’accroître le savoir-faire rédactionnel des jeunes et des moins jeunes qui souhaitent écrire de la fiction, selon un genre littéraire précis. Cet ouvrage indispensable, aisé à manipuler et à consulter, sera très utile autant à ceux et celles qui enseignent le français, langue maternelle, langue seconde ou langue étrangère que la création littéraire.

Noël-Gaudreault, Monique, et Romain Gaudreault. Outils pour écrire des récits d’aventures, de science-fiction et d’aventures exotiques. Montréal: Éditions du Bégonia voyageur, 2013. isbn 9782981290908. 75 p.

Pour contrer le syndrome de la page blanche, l’ouvrage, destiné aux élèves des écoles primaires et secondaires qui veulent écrire des récits d’aventures, stimulera indéniablement leur créativité. Les auteurs suggèrent une base de données contenant des éléments d’informations et un combinateur qui est présenté sous la forme de fiches ou d’un disque qui permet “de combiner les divers éléments nécessaires à l’invention [End Page 132] d’une histoire” (7), selon trois niveaux de difficulté. Les éléments fournis proviennent d’une base de données et des règles de la narratologie ou logique du récit de Genette (9), et offrent en outre des options qui permettent non seulement d’inventer une histoire, mais aussi d’établir le profil des personnages qui la peuplent et de suggérer comment raconter l’histoire, selon une liste d’informations (Buts, Constructions-Fonctions, Vêtements). Le compilateur peut être couplé aux bases de données tant pour l’invention d’histoires de science-fiction que pour inventer des histoires policières, sentimentales, etc.

Pour écrire des histoires de science-fiction (15–26), la première partie propose sept cent trente-deux éléments (par exemple: pistolet laser, thé Mikado) répartis en trente-trois catégories (par exemple: armes, boissons, gaz rares), présentés après avoir défini succinctement le genre romanesque (15). La deuxième partie (29–40) est consacrée aux histoires exotiques. Dès l’introduction, le genre est défini, selon plusieurs acceptions courantes. Les sept cent quarante-neuf données de base proviennent d’une douzaine de romans de l’auteur belge Henri Vernes répartis en dix-neuf catégories ou entrées présentées par ordre alphabétique: animaux, armes, buts, etc. La dernière partie offre le combinateur présenté sous la forme de fiches ou d’un disque à deux faces, sorte de roulette qui fournit des options au hasard, au moyen de huit cercles concentriques qui délimitent sept zones, selon le niveau du scripteur. À la fin du parcours, les auteurs précisent des termes (par exemple: narrateur, récit de fiction, etc.), mentionnent que le narrateur peut faire appel à des sources directes, indirectes ou mixtes, en citant ou non sa source. Les moments de la narration, la focalisation, la longueur, la durée et le rythme du récit sont explicités alors que la structure de l’histoire est illustrée à l’aide d’exemples extraits de la littérature pour la jeunesse. En dernier lieu, les auteurs offrent deux exercices d’analyse qui illustrent les informations transmises précédemment.

Henky, Danièle. Résistez. Poèmes pour la liberté. Paris: Seghers jeunesse, 2014. isbn 9782232123948. 92 p.

Présentée par Danièle Henky, la majeure partie des textes qui figurent dans l’anthologie destinée aux quatorze ans et plus sont issus du grand livre de Pierre Seghers, La Résistance et ses poètes, recueil paru en 1974 et réédité en 2004. L’ouvrage met en exergue un extrait du Indignez-vous! de Stéphane Hessel qui oriente la lecture des vingt-cinq auteurs retenus (Char, Aragon, Éluard, etc.). Précédé de la phrase Que sont devenus les héros?, le prologue (11–13), signé par Henky, présente la figure contemporaine du résistant, ce héros qui défend les libertés collectives. Né de la littérature, Gilgamesh a engendré, selon les époques, des personnages héroïques admirés puis peu à peu oubliés. Si les héros d’hier touchent moins, si leurs territoires ont changé, il n’en demeure pas moins que les jeunes et les moins jeunes d’aujourd’hui rêvent toujours de figures d’excellence qui tentent de concilier héroïsme et humanisme. [End Page 133] Depuis les années soixante, les héros se recrutent dans les domaines de la civilisation des loisirs et se confondent avec les super-héros comme Superman caractérisés par leur invulnérabilité et leur immortalité, qualités qui étaient l’apanage des preux chevaliers du passé. Les héros d’aujourd’hui meurent moins pour l’honneur, mais davantage pour réparer des injustices causées par d’autres hommes.

Précédés d’une brève chronologie (15–17) des principaux événements de la Résistance (1940–1945), les poèmes suivent un ordre temporel qui va de 1942 à la Libération. Introduit par le nom du poète et ses dates de vie et de mort, chaque poème ou récit présente une facette tragique et dramatique de la résistance française vécue par des centaines d’hommes et de femmes qui ont défendu la liberté. Plusieurs auteurs ont fait paraître leur poème sous un pseudonyme composé soit d’un prénom féminin, du nom d’un auteur ou d’une région. Le choix des textes, leur classement et leur regroupement créent une nouvelle façon de lire des textes du passé, tout en les ancrant dans une époque précise. La postface de D. Henky offre les destins croisés de deux résistants ordinaires, Marcel et Arthur, séparés par soixante ans de distance. Le premier, un résistant des années 1943, a lutté contre le nazisme, alors que le second défend, en 2013, sans langue de bois, de nombreuses causes: il lutte contre la faim dans le monde, pour l’état de la planète, etc., grâce aux réseaux sociaux qui le relient à d’autres résistants jeunes et moins jeunes qui défendent un “vivre ensemble” respectueux des diverses conceptions humaines. Pour des jeunes assoiffés d’engagement, cet ouvrage de consultation aisée les réunira et les reliera à ceux et celles qui ont lutté, au péril de leur vie, pour la liberté. [End Page 134]

Suzanne Pouliot
Université de Sherbrooke

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