In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Book Reviews 703 Breve histoire de l'Eglise catholique au Que'bec. LUCIA FERRETII. Montreal: Bon~al 1999. Pp. 203. $14.95 Controle social et mutation de la culture religieuse au Que'bec (1830-1930). RENE HARDY. Montreal: Boreal 1999. Pp. 284. $27.95 Voila deux syntheses: l'une des travaux des historiens quebecois par Lucia Ferretti, avec une touche personnelle, l'autre des travaux memes d'un historien qui explore le domaine religieux depuis trois decennies. Les collections de« petites syntheses» de Boreal ont ceci de particulier qu'elles comportent souvent une touche personnelle qu'il faut finir par identifier et qui ne cree pas pour autant de distorsions irremediables dans !'effort de synthese accompli. C'etait le cas avec L'histoire des ideologies au Quebec de Fernande Roy, synthese qui etait dans les faits une histoire du liberalisme souvent per<;U de fai;on inedite et ou la synthese portait quelques hypotheses encore a fonder. Lucia Ferretti, professeure a l'Universite du Quebec a Trois-Rivieres a laquelle nous devons une remarquable etude de la vie religieuse dans une paroisse urbaine (Entre voisins. La societeparoissiale en milieu urbain: Saint-Pierre Apotre de Montreal, 1848-1930), fait un recit de l'histoire de l'Eglise catholique au Quebec, de la Nouvelle-France a Vatican 11, sur un ton humanitaire. Qu'est-ce a dire? D'abord que l'auteure a un ton; L. Ferretti ecrit de fai;on remarquable. Le style est clair, alerte, concis et fait mouche avec un sens de la formule qui ne reduit ni banalise rien. Et puis l'historienne entend regarder la religion d'un « reil emancipe » tout autant de l'hagiographie que d'un anticlericalisme qui lui parait assez consistant pour qu'elle y fasse reference. L'historienne, qui veut rendre a l'Eglise « sa densite propre », parait assez distancee de la culture de l'Eglise pour proposer de considerer l'Eglise dans la culture quebecoise. L'Eglise dans la culture et non pas la culture dans l'Eglise, dirait-on pour paraphraser une formule qui porte precisement sur le statut civil de la religion. Ce ton humanitaire est aussi une position ou !'esprit critique, porte sur le politique, se donne un horizon d'abord social. Latouche personnelle de Ferretti consiste a suivre une trajectoire sociale avant tout; elle fait partir celle-ci de la pastorale et de « la morale du rapprochement » de Mgr Bourget, pour l'observer ensuite dans le catholicisme social et dans la trame urbaine. La crise de 1929 est evidemment un moment crucial de la vision et de la synthese de l'auteure alors que le Quebec assiste a une bureaucratisation et une « alteration du sens de la charite », alors qu'une logique fonctionnelle se superpose a une logique religieuse. Void comment une historienne doublee d'un ecrivain comprend et fait comprendre la transformation qui s'opere alors: « Si souffrir et etre 704 The Canadian Historical Review demuni, si soigner et assister ne sont plus des signes tangibles de la presence du Christ, dans ce cas, nouvelle manifestation de la secularisation , la mediation des rapports par des personnes consacrees perd aussi son sens». Le ton de l'auteur et de la synthese est« humanitaire »par l'attention portee ace qui est partage par d'autres Eglises nationales, en particulier en 1830 lorsque les Eglises de Belgique, de Pologne et d'Irlande sont confrontees aux mouvements d'emancipation nationale. Ce comparatisme fort bienvenu ne conduit pas pour autant aune mesure un tant soit peu precise des ressemblances et differences entre l'Eglise quebecoise de 1837 et les Eglises belge ou polonaise. Attention au sociald'abord, attention au politiqueensuite. Ferrettivoit tres bien l'origine et l'evolution du loyalisme politique de l'Eglise catholique canadienne-frarn;aise; elle evoque sans trop insister - ni referer a l'analyse de Jean-Marie Fecteau-laloi de 1851 surle desetablissement des cultes et suit la trame des dissensions intemes ·de l'Eglise canadiennefranc ;aise (demembrement de Notre-Dame, Programme catholique, fondation de l'Universite Laval aMontreal, phase de« !'influence indue et triomphe discretdu cardinalTaschereau»). Apres la primauteaccordeeau social, !'analyse des dissensions entre l'Eglise catholique canadiennefranc ;aise etl'Eglise catholique canadienne constitute l'aspectle plus originaletle plus personnel de cette synthese. Analysantla politiqueduVatican al'egard du catholicisme nord-americain en amont et en aval des travaux de Roberto Perin, l'auteure a des pages remarquables sur la question des Eglises nationales au Canada et aux Etats-Unis, sur les tensions entre catholiques anglophones et francophones. En traitant de la question du catholicisme social, l'auteure accorde passablement d'importance al'idee que la secularisation de la societe quebecoise se fait par le clerge lui-meme. Jusqu'ou? La est la question, et elle demeure entiere ala fin du livre, meme si l'auteure partage avec d'autres analystes la metaphore des « lezardes », de « l'edifice ronge » apres l'action catholique specialisee, le liberalisme catholique des annees 1950. Le demier chapitre sur l'Eglise des annees 1960 et contemporaines renoue avec la trame du catholicisme social et du passage al'Etat des responsabilites anterieures de l'Eglise. Interessantes sont aussi les pages sur l'encyclique Humanae vitae de 1968, au moment oil les femmes voient se delier le « corset moral » et « sortir les cures de la chambre a coucher ». Al'heure de Vatican II, il est clair que les rapports du Quebec aRome et au Vatican sont changes. La synthese parait reussie en ce qu'elle fait emerger les questions nodales de l'histoire religieuse du Quebec et que l'auteure se positionne clairement et avec nuances sur ces questions. Book Reviews 705 Ce sens de la nuance chez Ferretti s'evalue encore de deux fa~ons et mene naturellement vers l'ouvrage de Rene Hardy. D'abord par l'attention qu'elle porte ala religion hors de la vallee laurentienne, dans les chantiers et fronts pionniers, phenomene que Hardy a etudie avec son collegue Normand Seguin; puis par son penchant intellectuel pour la these de Rene Hardy, oppose a Louis Rousseau de l'UQAM sur la question du « reveil religieux » de 1840. Ferretti evalue que le renouvellement etait « amorce »avant 1840, que le« terrain etait propice» comme l'indiquent les colleges classiques, les congregations de piete et de bienfaisance et, ajouterait-on, la ferveur pour Lamennais. Rene Hardy livre les resultats de trois decennies de recherche et de reflexion sur la place de la religion dans la culture canadienne-fran~aise. Il s'explique sur l'origine de son questionnement initial apropos des conditions qui ont permis acette culture religieuse de s'imposer. Cette breve allusion autobiographique et l'usage occasionnel du « je » dans le recit suggerent l'inten~t qu'il y a, en sciences humaines, anommer les tenants et aboutissants personnels d'une recherche. Outre qu'une telle pratique situe le lecteur surle sens veritable de l'entreprise du chercheur, elle montre du coup comment celui-ci navigue dans la tension entre la subjectivite et l'ideal d'objectivite. Hardy s'interesse d'abord et avant tout aux pratiques religieuses obligatoires plutot qu'aux croyances, et ce dans une perspective d'inscription sociale et politique de la pratique religieuse « populaire ». Il definit le controle social comme « l'ensemble des moyens mis en reuvre par un groupe dominant pour faire partager sa vision du monde et atteindre ses objectifs ». Ce bilan de recherche, caracterise par la diversite des objets d'enquete (encadrement religieux dans l'importante paroisse NotreDame de Quebec, dans les dioceses de Trois-Rivieres et de Montreal, protestantisme canadien-fran~ais), a !'immense interet de prendre aussi en consideration les formes de resistance a!'inculcation religieuse: proces d'individus et de groupes intentes par les cures pour non-paiement de la dime ou du casuel, proliferation du juron comme contestation de l'autorite morale de l'Eglise et forme de« transgression symbolique ». Le propos central de cet important ouvrage est de soutenir que la mutation de la culture religieuse doit etre « presentee non pas comme un renversement spectaculaire ala faveur des retraites des annees 1840, mais comme un processus d'acculturation qui tire sa force de la position de l'Eglise dans la structure sociale ». C'est le debat qu'entretiennent depuis quelques annees Rene Hardy et Louis Rousseau sur la signification du « reveil » ou « renouveau » religieux de 1840 au Bas-Canada et apropos duquel on trouvera les references essentielles dans les notes du livre. Pour Hardy, ce « reveil » religieux est conjoncturel; dans le processus de transformation de la culture religieuse, les « retraites »et 706 The Canadian Historical Review non les « missions» de Mgr Forbin-Janson en 1840 « ne sont pas le moteur OU le declencheur, mais un element parmi d'autres ». L'historien de l'Universite du Quebec ·a Trois-Rivieres fait commencer ce « renouveau » religieux clans la decennie 1820 et en prend pour indices !'amelioration des relations de l'Eglise catholique avec le pouvoir britannique, la fondation de seminaires-colleges, la vigilance ecclesiastique en matiere de systeme d'instruction publique, le recrutement des confreries et le recours aux tribunaux, « signe tangible de la volonte et de la capacite d'inculquer ses regles ». Ce debat sur le sens du « reveil » religieux de 1840 a l'avantage d'inciter les historiens du religieux a prendre position, a preciser les arguments et les methodes et a elever le debat a des considerations theoriques. na peut-etre le desavantage du desequilibre des donnees et des recherches sur la periode anterieure a1840. A part l'etude d'Hardy sur Notre-Dame de Quebec et celle de Rousseau sur la predication des Sulpiciens aMontreal, qui couvrent en partie ou en totalite la decennie 1830, on a !'impression que le debat aura un autre avantage: stimuler la recherche sur la pratique religieuse avant 1840, que ce soit sur la signification de la volonte de restauration autour de Lamennais et de Chateaubriand ou sur la dimension religieuse de la mouvance Patriote et des rebellions memes. YVAN LAMONDE Universite McGill Lesjeunes al'ere de la mondialisation: Quete identitaire et conscience historique . Sous la direction de BOGUMIL JEWSIEWICKI et JOCELYN LETOURNEAU. Sillery: Septentrion 1998. Pp. 436, $29.95 Identites en mutation: Socialites en germination. Sous la direction de BOGUMIL JEWSIEWICKI et JOCELYN LETOURNEAU. Sillery: Septentrion 1998. Pp. 232· $19.95 These two collected works issue from a large-scale comparative research project undertaken by Laval University historians Jocelyn Letourneau and Bogumil Jewsiewicki on youth, identity, and the reconfiguration of the postmodern world. The first, and more interesting, volume from a historian's perspective, contains fifteen analyses of questionnaires administered in 1994-6 to high school students in Quebec, Burundi, the Congo, Poland, Russia, Belgium, and France. Students were asked to answer the following questions: 'What do you remember about your country, your region, your city?' and 'What, according to you, should one remember?' The aim was to probe the process by which young people construct their historical identity. The authors' network of scholarly connections determined the choice ofcountries surveyed. ...

pdf

Share