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  • Le Spectre de la révolution noire: L’Impact de la Révolution haïtienne dans le monde atlantique, 1790–1886 by Alejandro E. Gómez
  • Manejacques Dodat Jean
Le Spectre de la révolution noire: L’Impact de la Révolution haïtienne dans le monde atlantique, 1790–1886. Par Alejandro E. Gómez. Presses Universitaires de Rennes, 2013. ISBN 2753522200. 310 pp. 19€.

La révolte générale des esclaves de Saint-Domingue dans la nuit du 22 au 23 aout 1791, et la proclamation de l’indépendance le 1er janvier 1804 sont les événements les plus marquants de la fin du monde moderne et le début de l’époque contemporaine en Amérique. Cette révolution a complètement bouleversé le monde atlantique: son impact est étudié par de nombreux historiens. Le livre que nous présentons aujourd’hui s’inscrit dans cette tendance. Le spectre de la révolution noire est une réadaptation de la thèse [End Page 206] de doctorat d’Alejandro E. Gómez. L’auteur présente la révolte générale des esclaves et les conséquences qui en découlent dans les différents territoires coloniaux de la Caraïbe, dans les grandes métropoles européennes et dans les sociétés esclavagistes des États-Unis d’Amérique. Cette étude nous permet de vivre le spectre d’une révolution en Europe et aux États-Unis plus de quatre-vingt ans après l’indépendance haïtienne.

L’ouvrage est divisé en trois parties et ces dernières en huit chapitres au total. Dans la première partie, l’auteur présente un inventaire des « atrocités » commises par les esclaves révoltés. Les effets de la révolution sont analysés à travers les revues, les journaux, les pamphlets et les chroniques des voyageurs et des colons qui ont vécu de près les événements, dans le but de comprendre les réactions produites par les troubles révolutionnaires dans la Caraïbe et en Virginie.

Dans la deuxième partie, Gómez étudie l’angoisse qui prévaut chez les colons et les dirigeants coloniaux de l’époque. Les colons vivaient avec un sentiment d’insécurité, ils prirent des mesures pour empêcher la migration des hommes de couleur en provenance de Saint-Domingue en direction des territoires coloniaux de la Caraïbe. Les journaux cessèrent les publications des informations en provenance de Saint-Domingue pour ne pas effrayer les habitants des autres colonies:

Etant donné la forte réactivité des blancs des dites sociétés aux nouvelles de la Hispaniola, certains éditeurs locaux prirent la décision de ne jamais les publier. Ils craignaient l’impact négatif qu’elle pouvait avoir sur la population de couleur, encourageant ses membres à se soulever. Tel fut le cas du Papel Périodique de la Havane et peut-être de la Royale Gazette de la Jamaïque. D’autres décidèrent de ne pas le faire après un certain moment, comme dans le cas de l’éditeur de The Enquirer qui refusa de publier davantage de nouvelles sur Saint Domingue, lorsqu’ il apprit les massacres commis par Dessalines en 1804.

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Dans ce contexte, les autorités coloniales adoptèrent une politique d’auto défense que l’auteur a qualifié de tournant sécuritaire. Cette stratégie visait à renforcer la défense locale en distribuant des armes et des munitions, la reprise des entrainements de la Milice, l’enrôlement des nouvelles troupes, sans oublier l’arrivée des soldats européens. Les puissances européennes ont tout mis en œuvre pour essayer d’endiguer la révolution.

En 1793, les autorités espagnoles armèrent les esclaves révoltés sous la dénomination des troupes auxiliaires du roi d’Espagne à Saint-Domingue. [End Page 207] Ces troupes auxiliaires furent mobilisées dans les limites frontalières de la colonie espagnole de Santo Domingo, la seule façon d’empêcher aux protestataires de pénétrer le territoire colonial espagnol. L’Angleterre de son coté envoya des troupes de...

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