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Reviewed by:
  • Le Sublime et le grotesque by Jan Miernowski
  • Edward Ousselin
Le Sublime et le grotesque. Sous la direction de Jan Miernowski. (Histoire des idées et critique littéraire, 478.) Genève: Droz, 2014. 344 pp., ill.

Le titre évoque le rapprochement qu’a effectué Victor Hugo dans la préface de Cromwell (1827) entre deux notions esthétiques souvent perçues comme étant antithétiques, afin de définir le drame romantique. Les onze articles de ce volume ne se limitent toutefois pas au développement du romantisme. Tout comme Hugo était allé chercher son inspiration chez Shakespeare, cet ouvrage collectif tisse une toile intertextuelle qui s’étend de Montaigne, Molière et Diderot jusqu’à Baudelaire, Flaubert et Céline. Le volume débute par et se termine sur un article de Jan Miernowski, qui établit la problématique d’un croisement apparemment improbable de ‘l’horreur face au monstrueux et la terreur inspirée par le grandiose’ (pp. 9–10). Baldine Saint Girons propose une perspective diachronique des ‘histoires séparées’ du sublime (antique et classique) et du grotesque, ce dernier n’étant ‘pas une catégorie de la rhétorique antique’ (p. 45). Dans son chapitre Christian Biet fournit une approche synchronique au théâtre tragique, avec des analyses comparatives du More cruel et de Titus Andronicus. Au seizième siècle, en ce qui concerne le grotesque, on penserait plutôt à Rabelais (qui figure d’ailleurs en bonne place dans ce volume). Cependant, Michel Magnien parvient à faire ressortir le ‘crotesque’ (tel que l’écrit Montaigne) dans le travail introspectif des Essais, où se développent les ‘effets les plus grands par les moyens les plus humbles’ (p. 67). C’est à Versailles — son architecture, son parc, ses fêtes, ses spectacles — que Michel Jeanneret trouve un concentré des associations de complémentarité entre les deux notions: ‘Effroyable et pourtant admirable: c’est la définition du sublime. S’il faut de l’horreur pour créer de la merveille, alors le grotesque peut être un agent du sublime’ (p. 144). Richard Goodkin compare la relation entre sublime et grotesque dans le classicisme de Racine et le romantisme de Chateaubriand. Anne Vila examine le rôle des théories esthétiques de Diderot (y compris l’influence d’Edmund Burke) dans ‘l’évolution des catégories du sublime et du grotesque entre l’âge classique et le romantisme’ (p. 181). C’est la Critique du jugement de Kant qui constitue le point de départ théorique de Hans Adler pour son étude de ‘l’impossible’ au dix-huitième siècle allemand. Dominique Peyrache-Leborgne s’appuie sur les domaines des arts décoratifs et des pierres précieuses (‘arabesques et escarboucles’) pour étudier ce qu’il appelle les ‘vases communicants’ (p. 232) du grotesque et du sublime — par opposition à une hiérarchie verticale, implicite ou non — dans les principes esthétiques du romantisme. Florence Vatan analyse de quelles façons Flaubert ‘fait la part [End Page 407] belle au grotesque’ dans Bouvard et Pécuchet (p. 294). Un auteur qu’aborde également Miernowski dans le dernier article: ‘Flaubert assume pleinement le sentimentalisme qui guettait les romans de Victor Hugo tout en parant le risque du kitsch par une ironie tout aussi sympathisante que désabusée. Tout porte donc à croire que la poétique de Flaubert réalise, voire dépasse les postulats du romantisme’ (p. 298).

Edward Ousselin
Western Washington University
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