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  • Les universités dans la ville, XVIe-XVIIIe siècle dir. by Thierry Amalou et Boris Noguès
  • Lyse Roy
Amalou, Thierry et Boris Noguès (dir.)– Les universités dans la ville, XVIe-XVIIIe siècle, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013, 252 p.

L’analyse de l’université à l’échelle urbaine, de son insertion, de son inscription, de son empreinte dans la ville suscite depuis quelques années, chez les médiévistes comme chez les modernistes, de nombreuses réflexions qui renouvèlent et dynamisent le champ de l’histoire des universités. Cet ouvrage collectif, issu d’une journée d’étude organisée par le Centre de Recherche d’histoire Moderne et le Service d’histoire de l’éducation tenue à Paris en mars 2011, rassemble sept contributions, toutes d’une très grande qualité, produites par des spécialistes de renom. L’approche n’est ni comparative, ni nationale ou internationale, mais délibérément locale pour aborder les relations plurielles et complexes de l’université et sa ville.

Dans la première partie intitulée « Réseaux urbains et universitaires entre concurrences et divergences », Willem Frijhoff analyse l’implantation, dans les Provinces-Unies, d’un dense réseau d’institutions d’enseignement supérieur qui a pour particularité d’être diversifié et concurrentiel en juxtaposant des institutions universitaires (5 universités créées entre 1575 et 1648 parmi lesquelles Leyde exerce une prépondérance) et des «écoles illustres», comme celle d’Amsterdam, fondée en 1632, lesquelles ne sont pas autorisées à conférer les grades mais sont mieux adaptées aux besoins locaux. W. Frijhoff fait valoir que le contexte de la confessionnalisation de la société et de la construction de l’État n’explique qu’en partie la mise en place du réseau et que le « facteur urbain » y joue plutôt un rôle prépondérant. L’article de Boris Noguès scrute la carte du réseau universitaire français et montre que sa stabilité à la période moderne n’est qu’apparente. Des aménagements surviennent alors que de nouvelles universités sont créées, alors que d’autres sont transférées ou qu’une université ferme (Cahors en 1751). Ces redistributions de la géographie universitaire favorisent les villes parlementaires aux dépens des villes de commerce : le pouvoir royal considérant l’association parlement-université naturelle, alors qu’elle est perçue comme antagoniste dans le cas du commerce. Mais « gagner » une université représente pour ces villes moyennes davantage un gain symbolique qu’économique ou démographique. B. Noguès montre en effet que « l’université-ressource» gage d’une certaine prospérité urbaine au XVIe siècle se transforme au XVIIIe siècle en « universitéattribut», c’est-à-dire en ornement de prestige.

La deuxième partie − « Place et fonctions de l’université dans la ville » − s’applique à mesurer l’insertion de l’université dans la ville. Celle-ci est très faible dans le cas de l’université d’Orléans analysé par Gaël Rideau qui montre que l’institution ne contribue pas, aux XVIIe et XVIIIe siècles, à la construction d’un espace public et politique dans la ville. La mémoire de la gloire passée de cette [End Page 303] célèbre université de droit est ravivée lors des processions et par la défense de ses privilèges, mais l’institution devient au XVIIe siècle une « curiosité locale » et se situe en marge du développement de la sphère urbaine laïque. À l’opposé, l’article de Jean-Luc Le Cam analyse la prépondérance de l’université dans la définition même des fonctions de la petite ville d’Helmstedt, située dans le duché de Brunswick-Wolfenbüttel, laquelle constitue le « type idéal de la ville marquée par la prégnance et l’hypertrophie relative de la fonction universitaire» (p. 103). L’université luthérienne d’Helmstedt qui doit sa fondation en 1574 au pouvoir princier et au contexte confessionnel, est...

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