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  • Les Écrivaines contemporaines et les mythes: Le Remembrement au féminin by Metka Zupančič
  • Michèle Bacholle-Bošković
Zupančič, Metka. Les Écrivaines contemporaines et les mythes: Le Remembrement au féminin. Paris: Karthala, 2013. isbn 9782811108304. 348p.

Ce livre est l’aboutissement d’un cheminement commencé il y a vingt ans avec Mythes dans la littérature contemporaine d’expression française (Ottawa: Nordir, 1994). [End Page 245] Il est le fruit d’une longue réflexion stimulée par des lectures et des rencontres, enrichie par des discussions avec les écrivaines qu’il aborde (le congrès du ciéf est souvent mentionné). Zupančič y examine des œuvres en prose de l’extrême-contemporain issues de trois zones géographiques (Québec, France et Belgique, Tunisie), si l’on veut insister sur une catégorisation à l’encontre de laquelle va en réalité ce livre puisqu’il est clair que cette restructuration des mythes ne connaît pas de frontières, ni géographiques ni genrées—même si Zupančič se concentre ici sur des écrits de femmes.

Dans ses prolégomènes, elle rappelle l’évolution de la mythocritique, définit ce qu’elle entend par remembrement (processus contre le déchirement orphique, le morcellement, la dissolution, et dans lequel la mémoire joue un rôle majeur) et articule le but de son livre: la mise au jour de paradigmes mythiques et l’examen de leur manifestation dans des œuvres précises, de manière explicite ou implicite. Suivent trois chapitres théoriques et dix chapitres consacrés à des textes concrets. Dans ces derniers, Zupančič dit avoir bien conscience du caractère disparate des œuvres qu’elle examine, mais elle affirme qu’il existe suffisamment de traits communs pour parler de “remembrement au féminin.” Elle explique son corpus et s’empresse d’ajouter que ces dix écrivaines ont stimulé sa réflexion sur l’ensemble de la littérature contemporaine, y compris masculine et/ou non francophone (les anglophones Bharati Mukherjee, Ahdaf Soueif et A. S. Byatt, par exemple). Le remembrement est un mouvement, une dynamique et si Zupančič s’est concentrée sur la forte présence d’Eurydice, Ariane, Perséphone et plus récemment Isis, elle n’est pas sans identifier le surgissement d’autres mythes, comme celui de Marie-Madeleine. La lecture qu’elle fait de ces mythes est positive: ils sont porteurs de sagesse, d’un potentiel guérisseur et de force créatrice.

Le premier chapitre est consacré à la Tunisienne Souâd Ghellouz qui, dans son volumineux Myriam ou le Rendez-vous de Beyrouth (1996), met en scène des personnages qui, à leur façon, dépassent les limites imposées par le quotidien et les contraintes politiques de leur société. Zupančič voit Myriam comme une Perséphone décidée à sauver Mary-Ann de Beyrouth en guerre, une Mary-Ann à la fois Eurydice, Perséphone et Artémis dans ce roman aux valeurs thérapeutiques. Elle se sert ensuite d’un monologue dramatique de l’écrivaineactrice Fabienne Pasquet, avec un détour vers des auteurs anglo-saxons comme Dan Brown, pour étudier la figure de Marie-Madeleine qui, ici, mise tout sur un homme qui l’a abandonnée pour suivre le “grand papillon” (Jésus). Cette pièce permet à Zupančič de réfléchir à la différence du travail spirituel des hommes et des femmes. Une Belle Éducation (2006) de France Théoret nous plonge dans la noirceur du Québec des années 1950 dont l’héroïne se sort par les études et l’intelligence au terme d’un long travail alchimique. Cette Athéna diffère de l’Athéna traditionnelle dans son détachement vis-à-vis du père et [End Page 246] n’exclut pas d’autres interprétations mythocritiques. Le Retour d’Afrique (2004) de Francine D’Amour lance des ponts entre le Québec et l’Égypte, entre mythologie grecque (Eurydice, dont il renverse le paradigme) et égyptienne (Isis, par qui Zupančič voit une dette du mythe orphique à la tradition osirienne égyptienne) et entre individuel...

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