Abstract

Cette étude se propose d’étudier l’œuvre poétique baudelairienne par le prisme de l’analyse sémiotique de l’espace et de la relevance des “personnages” peuplant cet espace. Nous observons que l’espace baudelairien a comme caractéristique dominante le refus de la nature, mais que par la voie des perceptions, le poète arrive à l’intérioriser en l’humanisant et, cependant, en l’artificialisant dans le processus de transfiguration poétique. L’espace baudelairien, exclusivement urbain, suit le regard en ligne droite du poète claustré, qui refuse de sortir en plein air et se contente de le contempler de loin. En consensus, avant la lettre, avec les idées westphaliennes qui ne conçoivent la spatialité que réduite à sa fonction de “contenant,” Baudelaire réduit au minimum et schématise son espace à travers ses divers degrés d’ouverture. Cet espace manquant de réalité et de vraisemblance n’est plutôt qu’un décor de spectacle. Et c’est justement ce décor artificialisé, le milieu naturel où évoluent les personnages baudelairiens, dont les plus importants seraient l’amant et le mort, car ils incarnent les deux pulsions fondamentales de l’être humain, la pulsion vers la sexualité et vers la mort. Ces personnages présentent eux aussi les caractéristiques de l’espace qu’ils peuplent. Ils sont donc, à leur tour, linéaires et schématisés, manquant de chair et de matérialité, car ils sont moins de vrais personnages que de véritables archétypes poétiques et mythologiques.

pdf