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Reviewed by:
  • Incendies par Wajdi Mouawad
  • Anne N. Mairesse
Wajdi Mouawad, Incendies. Étude critique par Françoise Coissard. (Entre les lignes. Littératures Sud.) Paris: Honoré Champion, 2014. 124 pp.

Françoise Coissard aborde l’étude critique d’Incendies dans le contexte de sa représentation théâtrale qui est sa fonction première. Le travail de Wajdi Mouawad s’articule entre ‘l’élaboration du texte et le travail de plateau, l’un constituant la source et l’aboutissement de l’autre’ (p. 8). Bien que marquée par son enfance libanaise et, plus notamment, sa participation dans la milice, la pièce de Mouawad est une œuvre de fiction qui emprunte à l’histoire, de manière souterraine le conflit de la présence israélienne au Liban, ainsi que ‘les événements qui la travaillent’ (p. 26). Mais le motif récurrent c’est la guerre et c’est elle qui fait ‘naître, grandir, mûrir’ et qui ‘signe’ son autoportrait (p. 30). Comme la fiction est la ‘quête de l’origine’, ‘un retour et un accomplissement’, l’écriture d’Incendies est une ‘métamorphose pour le voyageur qui la traverse’ (p. 30). La force majeure d’Incendies s’exerce, outre ses résonnances à la tragédie grecque, dans une cristallisation de la notion de départ et la nécessité d’une rupture d’avec le Liban, soit le besoin pour le jeune dramaturge de construire son propre périple, son Odyssée. Au Québec où il réside à partir de vingt-cinq ans, Mouawad reçoit l’enseignement du théâtre et de la langue québécoise. Coissard insiste à bon escient sur cette ‘spécificité linguistique québécoise’ (p. 21) à laquelle l’auteur adhère, et le choc que provoque sa rencontre avec l’écriture ‘exploréenne’, bien que le français ne soit pas pour Mouawad ‘langue de domination mais d’exil’ (p. 76). Le travail de Gauvreau et d’Yves Desgagnés, son metteur en scène, lui permettent ‘d’articuler [sa] colère’ (p. 24). De Mouawad, Coissard dit adroitement qu’il ‘arpente de nouveaux territoires d’écriture’ ce qui rend son théâtre ‘surprenant, [. . .] inattendu et toujours dérangeant’ (p. 9). La langue de la pièce n’est pas écrite pour être lue mais jouée. Suivant le parcours biographique fondateur, et conformément à une collection destinée à l’analyse littéraire, l’ouvrage de Coissard s’articule ensuite selon une étude en ‘[q]uatre “incendies” pour une pièce’ (p. 35), tels quatre actes incendiaires, brûlant du feu de leur propre tragédie, chacun soumis à l’analyse chronologique des événements uniques qui les composent. Le chapitre 3 consacré à l’analyse des personnages prolonge le dessein théâtral de Mouawad consistant à ‘révéler les acteurs [pour] rendre visible [ce qui] se dérobe à la vision’ (p. 77). L’agencement final de la pièce superpose, afin de les mieux distinguer, la fable première, ‘le temps présent’ (p. 78), de la fable seconde, ‘le temps passé’ (p. 99). Ainsi s’interpellent la fonction et les motifs des différents personnages, le thème de la configuration gémellaire, Apollon et Artémis, Rémus et Romulus, en miroir de Jeanne et Simon, le mythe d’Œdipe, Nawal en la figure de Jocaste, avant de conclure sur les questions essentielles à l’origine de la filiation, l’inceste, la mort, les rites de séparation, et de la justice.

Anne N. Mairesse
University of San Francisco
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