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Reviewed by:
  • The Myth of Morgan la Feyby Kristina Pérez
  • Yasmina Foehr-Janssens
The Myth of Morgan la Fey. By K ristinaP érez. ( Arthurian and Courtly Cultures.) Basingstoke: Palgrave Macmillan, 2014. viii + 262 pp., ill.

L’étude de Kristina Pérez sur la fée Morgane inscrit d’emblée ce personnage dans une perspective mythologique, ce qui implique un choix exégétique bien précis. Le parcours chronologique qui sera celui du livre, traversant l’histoire de la culture occidentale depuis L’Histoire des rois de Bretagnede Geoffroy de Monmouth jusqu’aux séries télévisées américaines, pour saisir les métamorphoses de Morgane, mais aussi les constantes qui gouvernent son appréhension, implique la reconnaissance d’une identité mythique stable. La psychanalyse fournit à l’auteure les outils qui permettent une telle appréhension de l’une des principales figures féminines de la légende arthurienne. Dans l’Introduction du livre, l’enqueˆte s’ouvre sur un examen de l’ Echtrae Connlae, un récit irlandais de voyage dans l’autre monde et de rencontre avec une souveraine merveilleuse et toute puissante. Ce scénario narratif n’est pas sans rappeler celui de plusieurs lais fériques comme ceux de Graelent, de Guigamor, de Lanvalou éventuellement de Guigemar, si bien que ce type de récits est considéré depuis longtemps par les celtisants comme une des sources probables du merveilleux breton. À partir de ce point de départ, Pérez, s’appuyant sur les travaux de Freud et de Lacan, propose d’assimiler cette représentation de la souveraineté sous des traits féminins à une instance maternelle fascinante, caractéristique des structures de pensée patriarcales. Bien plus, Pérez propose de faire de Morgane rien moins que la mère du mythe arthurien lui-meˆme (p. 15), en considérant les relations que les principaux héros masculins entretiennent avec elle. Pour asseoir cette interprétation, l’auteure se réfère aux travaux de Mélanie Klein et de Luce Irigaray qui insistent sur l’importance des instances maternelles dans la construction psychique des individus. La notion kleinienne de ‘mère orestienne’ vient prendre place au centre de l’argumentation du livre. Elle permet de démontrer, à propos de l’histoire littéraire de Morgane, la permanence d’une figuration de la maternité comme divinité, ce qu’une approche freudienne ou lacanienne centrée sur le complexe d’Œdipe permet plus difficilement. Mais, dans le meˆme temps, cette référence contribue aussi à mettre en évidence, dans les récits considérés, l’expression d’une angoisse masculine à l’égard de l’exercice d’un pouvoir toujours menacé par la puissance létale d’une souveraineté féminisée. Morgane, mais aussi Mélusine ou la Vierge Marie représentent donc des Mères Divines que les différents textes commentés (les lais féériques, le Lanceloten prose, Gawain and the Green Knight, Le Morte d’Arthurde Malory, les œuvres poétiques et la peinture de la période victorienne, la réception contemporaine de la légende arthurien dans le monde anglo-saxon) présentent selon des points de vue plus ou moins singuliers. On [End Page 230]retiendra à ce propos l’analyse des lais bretons des douzième et treizième siècles qui montre que ces textes tendent à voiler le caractère menac¸ant de la fée. Cependant, la ligne de force du livre reste celle de la mise en évidence de la persistance des fantasmes andro-centrés suscités par les figures toujours ambivalentes de la puissance maternelle.

Yasmina Foehr-Janssens
University of Geneva

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