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Reviewed by:
  • Catholic Identity and the Revolt of the Netherlands, 1520-1635 by Judith Pollmann
  • Bertrand Forclaz
Judith Pollmann Catholic Identity and the Revolt of the Netherlands, 1520-1635 Oxford, Oxford University Press, 2011, XIV-239 p.

Avec cet ouvrage, Judith Pollmann apporte une importante contribution à la question de la réaction des catholiques à la Révolte des Pays-Bas – une réaction caractérisée par une passivité initiale, voire par un soutien de la Révolte de la part de nombreux catholiques, [End Page 1050] puis par un vif renouveau catholique dans les Pays-Bas méridionaux après 1585. Pour explorer cette thématique, elle a choisi de partir des voix de catholiques ayant rédigé des chroniques, mémoires, poèmes et pamphlets – ces sources, éditées ultérieurement, proviennent principalement des Pays-Bas méridionaux. Sa connaissance approfondie de la littérature secondaire lui permet de faire des mises au point historiographiques sur les questions traitées au fil de l’ouvrage.

Le plan adopté est à la fois chronologique et thématique et se concentre sur le XVIe siècle. Les deux premiers chapitres examinent la question de savoir pourquoi les catholiques des Pays-Bas – septentrionaux et méridionaux – n’ont pas réagi avec vigueur aux agissements des protestants dans les premières décennies de la Réforme, et en particulier à la vague iconoclaste de 1566. J. Pollmann s’oppose à l’idée selon laquelle la plupart des croyants, dès le début du XVIe siècle, auraient été peu christianisés, une thèse formulée par Jacques Toussaert et plus tard reprise par Jean Delumeau. Elle montre au contraire que cette absence de réaction renvoie aux critiques grandissantes des laïcs envers la vie monastique et le clergé, ainsi qu’à la diffusion des idées évangéliques dans les couches moyennes et supérieures, mais aussi au refus du clergé d’impliquer les laïcs dans la lutte contre l’« hérésie », par crainte de voir se former chez ces derniers une opinion théologique autonome.

J. Pollmann approfondit cette question dans son troisième chapitre : elle y montre que dans les rares cas où, au début de la Révolte, soit entre 1566 et 1571, on observe une réaction catholique vigoureuse aux agissements des réformés, celle-ci renvoie à l’action des nou-veaux ordres religieux comme les jésuites, alors peu présents aux Pays-Bas. Quant à l’échec des tentatives de réforme catholique, et notamment des plans de réorganisation épiscopale de Philippe II, il s’explique notamment par la répression du protestantisme menée par le duc d’Albe, qui faisait du catholicisme une obéissance passive et non une identité confessionnelle active.

Dans le chapitre suivant, J. Pollmann s’intéresse à trois diaristes catholiques des années 1570 et 1580 de Haarlem, Bruges et Bruxelles. Son étude, extrêmement intéressante, révèle le glissement de ces catholiques, « patriotes » et partisans de la Révolte au départ, vers des positions favorables aux soldats espagnols, ou en tout cas extrêmement hostiles à la Réforme – entre-temps, des régimes calvinistes, souvent soutenus par les corporations, se sont installés dans ces villes et ont interdit la messe. Cette évolution coïncide, chez d’autres diaristes, avec l’affirmation d’une identité confessionnelle nouvelle et avec l’emploi du terme de « catholique », alors qu’auparavant on avait plutôt affaire à des tenants de ce que J. Pollmann, à la suite notamment de John Bossy, appelle la religion traditionnelle.

C’est à ce tournant que sont consacrés les derniers chapitres de l’ouvrage, qui se concentrent sur les Pays-Bas méridionaux dans les dernières décennies du XVIe siècle, soit au moment de la fondation des Provinces-Unies et de la séparation toujours plus nette entre Nord et Sud. Pourquoi, se demande J. Pollmann, le revival catholique suscité par les Habsbourg gagne-t-il l’adhésion populaire? Elle fait intervenir trois éléments : le rôle des réfugiés catholiques de retour dans leurs villes, qui deviennent les fers de...

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