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  • Les Jeux d’influences dans le tourisme :Cas d’ Haïti
  • Hugues Séraphin

Introduction

Il est vrai que depuis la nomination de Madame Stéphanie Balmir-Villedrouin à la tête du Ministère du tourisme d’Haïti, on entend parler de la destination de manière plus récurrente tant la Ministre multiplie les initiatives, partenariats et actions pour réhabiliter l’image de la destination dans l’optique d’attirer de nouveau les touristes et remettre Haïti sur la carte des destinations mondiales du tourisme. En effet, l’OMT et le Ministère du tourisme d’Haïti ont récemment signé un protocole d’ accord en vue de renforcer la coopération entre les deux organismes dans l’optique d’améliorer l’image de la destination. Monsieur Taleb Rifai (Secrétaire General de l’OMT) dit déjà d’Haïti qu’elle possède tous les atouts pour devenir une destination touristique majeure sur la scène internationale (Balmir-Villedrouin, 2012). Ce récent intérêt pour la destination ne signifie en rien qu’elle est nouvelle dans le secteur du tourisme. Dans les années 1940–1960, Haïti était la première destination de la Caraïbe, jusqu’à ce que la dictature des Duvalier mette un terme à cette suprématie (Séraphin, 2010). La question maintenant est de savoir si Haïti comme semble le croire le Secrétaire Général de l’OMT, a le potentiel nécessaire pour jouer de nouveau un rôle majeur au niveau de l’activité touristique dans la Caraïbe.

En dépit de l’intérêt certains de cette question, la question sur laquelle nous allons nous attarder est celle du jeu de pouvoir dans l’industrie du tourisme en Haïti. En d’autres termes, qui seront les maitres d’œuvre de la reconstruction du tourisme en Haïti ? Le développement du tourisme n’est pas apolitique (Dehoorne et Murat, 2009). La même question s’était posée en Janvier 2010 suite au tremblement de terre concernant la reconstruction d’Haïti. Les réponses très souvent mettaient en opposition les grandes puissances et notamment la France et les États-Unis (et particulièrement ce dernier). En effet, après la catastrophe, Barack Obama a affirmé que les États-Unis resteraient présents en Haïti à long terme. Hillary Clinton [End Page 144] reprend la même idée lorsqu’elle déclare : « Nous serons là, aujourd’hui, demain et à l’avenir » (Cooper et Lander, 2010). Mais cette distinction se reproduit-elle au niveau du tourisme ?

Le tourisme comme nous le savons n’évolue pas en vase clos. Il évolue dans un mondial rempli de joueurs et de pouvoirs aux intérêts souvent contradictoires. La France, les États-Unis et Haïti ont une histoire commune. Les relations entre Haïti et les deux grandes puissances sont de différente intensité et nature. Cette situation servira de cadre conceptuel à la première partie de notre analyse qui a principalement pour but de camper le contexte pour la seconde partie de l’article et dont l’intérêt principal est de déterminer qui de la France ou des États-Unis influence le plus l’industrie du tourisme en Haïti. La troisième partie de notre travail de recherches est incontestablement la plus importante puisque nous tâcherons de déterminer à quel point le degré d’influence d’une entité (A) peut avoir un impact sur une entité (B). Nous partons ici du principe que si le degré d’influence de l’entité (A) sur l’entité (B) est très fort et que l’entité (B) n’a pas les moyens de résister à cette pression, cette dernière finit inexorablement par se conformer aux règles de l’entité (A). Le fait touristique ne se réduisant pas a l’idée simpliste de l’occupation de lieux et d’espaces avec des acteurs et des consommateurs spécifiques, ni se limitant à l’explication de simples modalités techniques et l’application de modèles prédéfinis, le présent...

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