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  • Désastre à Fodong: Regard sur le Droit de la Résistance by Gilbert Doho
  • Léon Tuam
Doho, Gilbert. Désastre à Fodong: Regard sur le Droit de la Résistance. Paris: L’Harmattan, 2012. isbn 9782336000800. 171 p.

Gilbert Doho, Africain d’origine camerounaise jadis professeur à l’Université de Yaoundé et très populaire grâce au Théâtre Universitaire, enseigne depuis quelques années à l’Université de Case Western Reserve à Ohio, États-Unis. Son roman Désastre à Fodong est d’une portée didactique, esthétique et culturelle fascinante. Tout aussi provocante, la question de la résistance qui y est soulevée et qui ne pouvait que titiller le défenseur des droits de l’homme et des peuples.

Ce roman peut être lu à la fois comme un essai et un récit. Les entrées des chapitres sont en fait des seuils d’un discours critique qui appelle à l’argumentation, [End Page 227] à la démonstration. Ainsi “Ni autruche, ni complice: Essai de positionnement en néo-colonie” (7), “Primus inter Pares” (39), “Le Colonialisme à rebours” (51). Il interpelle aussi bien l’historien que le politologue mais presque toujours, fait un clin d’œil au romancier, ce type moderne des conteurs de notre enfance. Réflexions historiques, Désastre à Fodong peut se lire ainsi.

Fodong est un petit royaume situé au sud. Fodong est constamment menacé par son voisin du nord, le tout puissant et belliqueux royaume Bali qui vit essentiellement des revenus des guerres qu’il mène contre d’autres royaumes.

Bali a razzié plusieurs fois Fodong. Plusieurs fois ces guerres se sont terminées par le pillage des richesses de ce petit peuple, des viols et des humiliations. Mais chaque fois aussi, Fodong a su négocier la paix; Fodong a plié tel un roseau sans jamais se casser, sans jamais perdre complètement la face.

Après l’une de ces défaites, la princesse chérie Ngang de Fodong fut remise contre son gré à Bali où elle réchauffa le lit de Gawolbe et lui donna le prince héritier et d’autres enfants, ce qui lui permit de devenir roi. Mais face à une vie d’esclave, de prisonnière et de solitaire au palais, Ngang se forgea une réputation de reine intrépide, de femme politique assoiffée de liberté. Elle n’avait pas choisi son époux, mais elle usa de toutes les ruses pour le mettre à ses pieds. Princesse, mais étrangère, Autre, elle réussit cependant à transformer le strapontin en trépied au sein du conseil. Toute reine est épouse certes mais femme, consciente de la liberté. On est reine, surtout future reine mère pour commander, conquérir l’arène, être à même de parler en public pour les laissés-pour-compte.

La reine Ngang n’avait jamais aimé jusqu’au jour où elle rencontra l’esclave Fotung qui devint son garçon de course, celui qui devait désormais lui “chercher quelques bûches de bois” (59), et réparer le toit de sa case. C’est une des réalités voilées des palais qui regorgent toujours de chercheurs de bois, ou d’une autre manière, d’amants. Dans tout palais, on est libre de son corps, mais on doit tout faire dans l’ombre, “dans la brousse.”

Plus précisément le libertinage des reines et princesses dans nos royaumes est une manière de dire le pouvoir de la femme. Mais c’est une voie qui mène parfois à l’échafaud car on ne trompe jamais un souverain, on ne cocufie jamais un roi. Ce que Ngang et Fotung font. Ils traînent Gawolbe, le souverain Bali dans la boue. Pire, dans leurs escapades amoureuses, Fotung affronte un rival et le tue. C’est ainsi que la puissante reine Ngang, héroïne de l’œuvre va tomber en disgrâce. Elle sera humiliée plus tard, mise à nu et couverte de cendres avant d’être remise à ses parents à Fodong par les messagers de Gawolbe. Et comme un cadeau en vaut un autre, les messagers remettront leur paquet en exigeant une autre princesse.

À Fodong, l’humiliation de...

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