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Reviewed by:
  • Le Chien noir: La Confession publique au Cameroun by Gilbert Doho
  • Léon Tuam
Doho, Gilbert. Le Chien noir: La Confession publique au Cameroun. Paris: L’Harmattan, 2013. isbn 9782343005997. 187 p.

Le Chien Noir est un roman historique qui décrit et décrie les répressions et bains de sang durant la guerre de libération du Cameroun que mènent les nationalistes de l’Armée de Libération Nationale du Kamerun (alnk) de l’upc contre l’armée française qui appuie son valet Ahmadou Ahidjo. La France vient de placer ce dernier au pouvoir au Cameroun pour pérenniser sa colonisation, son pillage et l’accaparement des terres riches au profit des cultures de rente. Cet ouvrage est aussi le récit d’une confession publique piégée destinée à nettoyer les derniers combattants résistants de l’upc.

Dans ce roman, assez remarquables et inoubliables sont les actes des personnages de Too, Mantro, Kwetse, Mgr. Ndongmo, Ahidjo et de la France. À côté du personnage-narrateur principal du roman, Kwetse, chevauche un autre narrateur anonyme. Too et Mantro ont été tour à tour soldats dans les armées allemande, française et de l’alnk. Traître et opportuniste à l’extrême, Too abandonne l’armée de l’upc pour un poste de Chef Commando sous le régime fantoche d’Ahidjo soutenu par les soldats français. Il devient alors un grand chasseur et coupeur des têtes de ses anciens camarades de l’upc, un traître à la solde du tyran. Pour Too, le pouvoir est l’objectif principal. Peu importe les moyens pour l’avoir.

Too participe de tout ce qui peut exister de négatif en l’humain: homme sans scrupule, cruel, expéditif, instinctif, excessivement égoïste et individualiste, [End Page 225] il enlève la reine, en fait sa femme et la traîne partout dans le maquis; il tue des époux et viole leurs femmes près des corps gisants, vole l’argent de l’alnk, commet l’inceste en faisant de sa belle-fille Toukam sa femme et l’engrosse.

Bien que narrant les tristes événements passés de la douloureuse lutte de libération du Cameroun, ce roman célèbre aussi la profusion des vivres comme récompense de l’attachement du peuple Fu’nda aux travaux champêtres. Le lecteur constatera aussi qu’y sont évoqués des événements contemporains qui font voir la continuité dans le monde de l’arbitraire, de la duplicité, de la barbarie, du piétinement incessant des droits des citoyens et des peuples. Chez ce romancier, le contexte est parfois prétexte pour sauter sur des événements et acteurs qui continuent de fourvoyer et anéantir l’humain. Le roman nous transporte du Cameroun en Côte d’Ivoire en un éclair et de l’Afrique en Occident, aux États-Unis, avec une France qui fait figure de génie manipulateur: “Ce que la France a été intelligente à faire, c’est de se servir de nous pour nous assassiner. Ce qu’elle fait aujourd’hui par la Françafrique, c’est de se servir de nous pour nous massacrer. Pauvre Pantin Ouattara qui se croit ami de Sarkozy qui l’aide à massacrer à Doukoué” (138).

C’est une France machiavélique, sanguinaire, injuste, barbare, gourmande, ambiguë, rusée et intolérante, dite civilisée que l’on retrouve dans ce roman.

Le personnage de Kwetse qui fut enfant soldat pendant la guerre de libération du Cameroun a fui son pays après de longues années de persécutions et de malaise perpétuel sous les régimes d’Ahidjo et de Biya, et vit en exil aux États-Unis avec les traumas de la guerre et du rouleau compresseur des deux valets placés au pouvoir: “J’avais échappé aux escadrons de Biya et d’Ahidjo pour embrasser le froid et les canapés de la psychanalyse” (11).

Tout en gagnant honnêtement sa vie et en veillant sur sa dignité et son intégrité, il constate que son pays hôte ne garantit pas toujours l’idéal de...

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