Maghreb

Fouad Laroui remporte le Prix Goncourt de la Nouvelle

L’écrivain marocain Fouad Laroui a été le lauréat, au printemps 2013, du Prix Goncourt de la nouvelle pour L’Étrange Affaire du pantalon de Dassoukine (Paris: Julliard, 2012). Le texte raconte les tribulations d’un bureaucrate marocain qui, parti acheter du blé pour son pays, se fit voler son unique pantalon. Le problème est qu’il ne put en trouver un autre à sa taille et dut se rendre à Bruxelles, devant la commission européenne, habillé comme un clown, déclenchant le rire, la pitié et la sympathie des nantis pour cet homme ridicule qui devait forcément venir d’un pays très pauvre. D’El Jadida au Maroc, le petit Fouad Laroui est d’abord monté à Casablanca. Pensionnaire au lycée Lyautey, il retracera ses propres tribulations dans son ouvrage Une Année chez les Français (Paris: Julliard, 2010), lequel avait déjà été nominé il y a quelques années pour le Goncourt du roman et avait remporté le Prix du Roman Francophone en 2010. Laroui quittera le Maroc pour aller faire ses études à Paris et décrochera un diplôme d’Ingénieur des Mines. Il traversera la Manche et fera un doctorat en sciences économiques à York et Cambridge, avant de s’installer en Hollande où il enseigne actuellement. Romancier, poète, essayiste, il taquine différentes muses et traite de tous les genres littéraires avec un humour succulent et une autodérision des plus désarmantes. Politesse du désespoir, l’humour demeure cet habit des tragédies maghrébines que les peuples et les rues portent en eux. D’ailleurs, que ce soit chez lui au Maroc, en France, en Angleterre ou aux Pays-Bas, Laroui aime bien jouer au Persan de Montesquieu, qui regarde d’un œil amusé ces Français du lycée de Casablanca, ces Anglais du Yorkshire ou encore ces Hollandais d’Amsterdam. C’est que ces Mesdames et Messieurs sont européens: mais comment peut-on être européen aujourd’hui? Avec ce prix amplement mérité, Fouad Laroui n’en est pas à sa première récompense. Très prolifique, avec une vingtaine d’ouvrages en une vingtaine d’années, Fouad Laroui est en train de s’imposer comme l’un des meilleurs écrivains francophones du Maghreb, vivant en exil comme beaucoup de ses aînés, dans son nouveau pays d’accueil, les Pays-Bas.

Centenaire d’Albert Camus¹

Albert Camus est né le 7 Novembre 1913 à Mondovi, à l’est de l’Algérie. Après la mort de son père en 1914, sa mère Catherine Sintès est allée vivre dans le quartier populaire de Belcourt, à Alger. À mi-chemin entre la misère et le soleil, Camus grandit, pauvre mais heureux, élevé par une mère espagnole, domestique illettrée qui faisait le ménage chez les autres pour survivre. Il travaillera très jeune, fera divers métiers et tombera gravement malade, atteint par la tuberculose à l’âge de dix-sept ans. Étudiant, il sera gardien de but au Racing Universitaire d’Alger, et il aura trois passions dans la vie: le football, les femmes et le théâtre. Il chantera la mer bleue et le soleil lumineux de son pays natal, notamment dans Noces, qui demeure l’un des plus beaux chants lyriques et sans doute son œuvre la plus algérienne. Suite à sa série d’articles “Misère de la Kabylie,” la France de Vichy fermera son journal et le forcera à l’exil en 1940. Il s’engagera dans la Résistance, sera éditeur en chef de Combat, ouvrira les colonnes de son journal à Ferhat Abbas et...