Abstract

Leurs romans situent respectivement Claude Simon—auteur français, prix Nobel de littérature en 1985—et Orhan Pamuk—auteur turc, prix Nobel de littérature en 2006—parmi les romanciers contemporains les plus novateurs, rejoignant pourtant une tradition remontant aux rhéteurs grecs. Leur écriture, en dialogue étroit avec la peinture d’espaces géographiques/humains réels et l’art de la miniature, combine la créativité exceptionnelle de l’écrivain et du peintre, si bien que Claude Simon illustre, dans Le Jardin des Plantes, le procédé de “l’hypotypose” qui rend vivante la description d’un référent réel au point que le lecteur “voit” ce référent se peindre dans son imagination. Quant à Orhan Pamuk, nous pensons qu’il est un des expérimentateurs de l’Ekphrasis. Cette figure de style jouant sur l’illusion visuelle ramène le lecteur, dans Mon nom est Rouge, soit par l’isotopie de la couleur, soit par le champ lexical du pictural, dans un monde oriental coloré et exotique; monde dans lequel le “lisible” devient “visible” grâce à la description réaliste d’un ouvrage d’art. Ce travail tend d’une part à illustrer des exemples de l’hypotypose et de l’ekphrasis pour montrer les rapports qu’entretient l’art du visible avec l’écriture et, d’autre part, à comparer les deux romans sur le thème de la guerre/lutte et de la peur.

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