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Reviewed by:
  • Il costituzionalismo di Roma antica by Mario Pani
  • Aldo Schiavone
Mario Pani
Il costituzionalismo di Roma antica
Rome, Éd. Laterza, 2010, VII-197 p.

La pensée classique a réfléchi, dès ses débuts ou presque, sur l’essence et les formes de la politique. Cela n’a rien de surprenant. L’invention de la politique en tant que mode spécifique d’organisation et de gestion du pouvoir a accompagné, en Occident, celle de la polis comme « communauté d’égaux » (selon Aristote) et la découverte vertigineuse de l’intériorité du « moi» («Tu ne saurais atteindre les limites de l’âme, aussi loin que te porte ta route, tant elle a un logos profond », selon Héraclite) : une connexion sur laquelle insistait à juste titre Santo Mazzarino.

En réalité, les développements dans ce domaine ont été beaucoup plus grecs que romains. Et ce n’est pas un hasard si un premier classement des formes de gouvernement, une sorte de grammaire élémentaire de la politique, destinée à avoir un très long succès, d’Hérodote à Thomas Hobbes, en passant par Platon, Aristote, Polybe, Machiavel, est grec. [End Page 784] Tout comme l’est l’introduction du mot politeia, fréquemment utilisé par Aristote, pour indiquer l’organisation institutionnelle d’une société, son régime politique et gouvernemental.

D’un point de vue strictement théorique, les Romains ont assez peu ajouté à tout cela. Il y eut une période relativement brève, de Polybe (un Grec, quoique romanisé, qui pensait et écrivait en grec) à Cicéron, durant laquelle, à Rome aussi, il fut débattu de philosophie politique. C’est à cette époque que prit corps ce que nous pourrions appeler l’« idéologie républicaine », au moment où se désagrégeait la réalité qui aurait dû la soutenir et où se construisit le modèle idéal de la res publica et, pour ainsi dire, son canon historiographique et mnémonique, alors que son effectivité courait déjà à la ruine, sous le poids de l’empire à peine conquis. Ce mythe fut destiné à d’infinis remaniements et à nourrir la culture politique moderne, laquelle aurait considéré comme des faits indéniables ce qui n’était, depuis le début, que des idéalisations historico-littéraires et des exercices d’invention et de manipulation de la mémoire collective.

Toutefois, après cette parenthèse qui dura jusqu’aux années d’Auguste, nous ne trouvons presque plus rien dans le domaine de la philosophie politique à Rome, ce qui ne cesse de nous sembler paradoxal. La pensée historique aux temps du Principat – Tacite compris – ne produisit plus aucune nouveauté authentique en termes de théorie politique, et la pensée juridique de l’époque s’enferma à son tour aux confins du droit privé, qu’elle franchit uniquement pour essayer d’imposer (non sans succès) un voile de légalité sur les pratiques administratives et gouvernementales d’un empire sans limites. Comme si la force conceptuelle de la culture politique et juridique romaine s’était entièrement concentrée dans la construction et dans la gestion de l’empire, plutôt que dans sa théorisation.

Le choix de Mario Pani de se focaliser sur la période républicaine semble donc opportun. L’auteur est l’un des rares historiens de la Rome antique qui ait manifesté une forte sensibilité pour les aspects juridiques et institutionnels, au point de placer son travail à la limite entre deux domaines historiographiques qui, habituellement et malheureusement, ne communiquent pas beaucoup entre eux : l’histoire des idées, de la politique et de la société, d’un côté, et l’histoire du droit (public) de l’autre. C’est là son mérite incontestable.

Dans quelle mesure pouvons-nous parler d’un « constitutionnalisme » antique, en particulier romain ? Il n’existe pas en latin de mot auquel attribuer, sans forcer, le sens moderne, de la fin du XVIIIe puis du XIXe siècle, de « constitution». La même habitude, à vrai dire assez fréquente, de traduire ainsi le grec politeia (par exemple dans le titre de la cél...

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