Abstract

L’esclavage public était une institution commune à la majorité des cités grecques de l’époque classique et hellénistique. Qu’ils travaillent sur les grands chantiers de la cité, constituent les « petites mains » de son administration civique ou composent l’essentiel de ses forces armées permanentes (les célèbres archers scythes athéniens), les esclaves publics furent d’une certaine façon les premiers fonctionnaires du monde des cités. En ce sens, leur étude offre un éclairage inédit de la controverse portant sur la nature plus ou moins étatique de la polis grecque. La démocratie, du moins telle que la concevait les Athéniens de l’époque classique, impliquait en effet que l’ensemble des prérogatives politiques soit entre les mains des citoyens et non dans un quelconque appareil d’État. La décision de reléguer à des esclaves les tâches relevant de l’administration civique peut dès lors être appréhendée, selon les termes de l’anthropologie de Pierre Clastres, comme une « résistance » de la société civique à l’émergence d’un véritable appareil d’État.

Abstract

Public slavery was an institution common to most Greek cities during the classical and Hellenistic periods. Whether they worked on the city’s major construction sites, performed minor duties in its civic administration or filled the ranks of its police force (the famous Scythian archers of classical Athens), public slaves may be said to have constituted the first public servants known to Greek cities. Studying them from this perspective can shed new light on the long-running but still lively debate about the degree to which the polis functioned as a state. Direct democracy, in the classical Athenian sense, implied that all political prerogatives be held by the citizens themselves, and not by any kind of state apparatus. The decision to delegate administrative tasks to slaves can thus be understood as a “resistance” (as defined by the French anthropologist Pierre Clastres) on the part of the civic society to the development of a such a state apparatus.

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