In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Les avocates, les avocats et la conciliation familiale by Diane-Gabrielle Tremblay and Elena Mascova
  • Louise Langevin (bio)
Diane-Gabrielle Tremblay et Elena Mascova, Les avocates, les avocats et la conciliation familiale, Montréal, Éditions du remue-ménage, 2013.

En 1915, le juge St-Pierre de la Cour supérieure refusait l’accès au Barreau du Québec à Annie MacDonald Langstaff, qui avait eu le courage ou l’audace de demander son admission comme avocate1. Entre autres motifs, le magistrat invoquait l’ordre public et les choix personnels des femmes. Le fait qu’aucune femmeenFranceouenAngleterren’ait jamais été avocate, signifiait à ses yeux qu’elles ne désiraient pas occuper cette fonction. Le Barreau du Québec cèdera à la pression en 1941 et sera le dernier barreau canadien à accueillir les femmes2. Mme Langstaff sera admise au Barreau du Québec de façon posthume en 20063.

Aujourd’hui, le Barreau du Québec est le plus féminisé en Amérique du Nord. Le nombre de membres au Barreau s’est accru de 73% de 1987 à 2008. Le nombre d’avocates s’est accru de 174% dans la même période. En 2011, elles représentaient 62% des étudiants inscrits à l’école du Barreau. Donc, il s’agit d’une tendance lourde. En 2021, elles devraient représenter 56% des membres du Barreau4. Autre époque, autres moeurs. Cette quasi-parité signifie-t-elle que les avocates ont atteint une réelle égalité de chance avec leurs confrères? Les femmes ont-elles vraiment accès au Barreau? Si les obstacles ne se situent plus à l’entrée de la profession pour les femmes, se peut-il qu’ils se cachent sous d’autres habits? Déjà en 1992, dans le premier rapport pancanadien sur la discrimination vécue par les femmes dans les professions juridiques, Mme la juge Wilson concluait que les femmes et les membres de groupes minorisés subissaient de la discrimination tant dans les facultés de droit qu’au sein de la [End Page 441] pratique5. Les femmes vivaient de la discrimination dans la pratique du droit entre autres en raison de leurs capacités reproductives. Certains domaines du droit leur étaient refusés et elles accédaient rarement au poste d’associé. Elles « choisissaient » la pratique en petits cabinets, au gouvernement, en contentieux d’entreprise plutôt que dans les grands cabinets, ou quittaient la pratique en raison des conditions de travail trop hostiles.

Vingt ans plus tard, à la demande du Comité sur la conciliation travail-famille du Barreau du Québec, Diane-Gabrielle Tremblay et Elena Mascova revisitent un aspect de cette problématique dans leur ouvrage Les avocates, les avocats et la conciliation familiale. On pourrait penser que la situation s’est améliorée, compte tenu de la féminisation du Barreau, des mesures adoptées par ce dernier pour favoriser la conciliation entre la vie familiale et professionnelle6, des congés parentaux plus avantageux au Québec, du réseau des garderies à cotisation réduite et des pères de plus en plus impliqués dans les soins aux enfants. Malheureusement plus ça change, plus c’est pareil.

Présentation de l’ouvrage

Les obstacles rencontrés par les avocates dans la conciliation de leur vie professionnelle et familiale, au Québec7 et au Canada, sont bien connus. Difficultés en début de carrière, difficultés à accéder au statut d’associé, salaire inférieur à celui de leurs collègues masculins pour le même travail, sous-représentation dans la pratique privée, difficultés à concilier leur vie professionnelle et familiale. La recherche menée par Tremblay et Mascova visait plutôt à mieux comprendre les stratégies adoptées par les avocates et les avocats pour réussir à articuler les temps sociaux. Plus particulièrement, il s’agissait de vérifier si les avocats et les avocates, en raison des caractéristiques de la profession (l’éthos, selon le terme employé par les auteures, ou la culture du milieu), apportent des réponses différentes à la gestion des temps sociaux. La profession d’avocat se caract...

pdf

Share