Abstract

On 31 August 1794, a gunpowder plant in the Grenelle district of Paris exploded. This accident killed around 1,600 people, making it the most serious industrial disaster in the history of France. While this event had very little impact on risk-related legislation, the aid to victims revealed the State’s role as a precursor, promoting the right to compensation. After quickly and generously distributing emergency aid, Revolutionary administrations took the time to build files for lifetime annuities, even if this meant being strict in awarding settlements and having to face many appeals notably due to the lengthy process. By asserting a legal framework, the handling of the consequences of the explosion was a landmark for aid and compensation policies for injured workers or widows, and this experience foreshad-owed the protective State. Due to its public administrative nature and the number of workers employed at the gunpowder plant, the follow-up was different from prevailing trends in public works or mines, where work-related accident victims had until then been compensated depending on the generosity of their employer or by local mutualities. A localised, one-off event at the dawn of industrialisation, the gunpowder plant explosion nevertheless suggested the tensions surrounding the compromises of the industrial society of the 19th century.

Abstract

Avec environ 1 600 victimes, l’explosion de la poudrerie de Paris le 31 août 1794, dans le quartier de Grenelle, est le plus grave accident industriel de l’histoire de France. Si l’événement n’a eu que très peu d’impact sur la législation des risques, la prise en charge des victimes révèle au contraire un rôle précurseur de l’État qui promeut le droit à compensation. Après des secours d’urgence rapidement et généreusement distribués, les administrations révolutionnaires prennent le temps de constituer les dossiers de pension viagère, quitte à se montrer sévères dans ses attributions et à faire face à de nombreux recours dus notamment à la longueur du processus. Par l’affirmation d’un régime de droits, le traitement des conséquences de l’explosion est un jalon au titre des politiques de secours et de compensation des travailleurs accidentés ou des veuves, et l’expérience constitue une ébauche de l’État protecteur. Par son caractère administratif public ainsi que par le nombre des ouvriers employés à la poudrerie, le suivi prend un caractère différent de ce qui avait cours dans les travaux publics ou dans les mines, où les accidentés du travail étaient jusqu’alors indemnisés selon la libéralité du pourvoyeur de travail ou par des mutualités locales. Localisé et ponctuel, à l’aube de l’industrialisation, l’événement annonce les tensions sur les compromis de la société industrielle du XIXe siècle.

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