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POESIE Une bibliographie complete de la poesie quebecoise en 1972 comprend plus de soixante-illx titres. De ce nombre, pres de la moitie sont parus a compte d'auteur ou chez des editeurs improvises. Ce qui fait que, I'annee meme de leur publication, plusieurs reuvres sont deja introuvables. En consequence, Ie releve complet en est a peu pres impossible. En I'absence de I'anthologie annuelle p"!paree par Jean-Guy Pilon a I'Hexagone en 1970 mais inexplicablement en retard cette annee, les quatre numeros des Ecrits du Canada franfais (nos 31, 32, 33, 34, 252 pages chacun, $3.00 chacun) donnent une assez juste idee de la production courante, mais sur Ie mode mineur. On y trouve, a cete de textes experimentaux et de jeunes auteurs comme Luc Begin, Jean-Pierre Eugene, Gaetan Dostie, Andre Ricard et Jean-Guy Lachance dont Ie ton et la thematique sont plutet uniformes, des noms connus tels que Jovette Bernier, dont on reunit une anthologie, Jacques Languirand, avec un texte ecrit sous I'elfet de la drogue, et Claire France, qui elfectue sa rentree avec des vers reguliers et une poesie discrete. Avant d'affronter I'ensemble des reuvres parues en 1971, je me contente de feuilleter ici et la, esperant trouver Ie vers, I'irnage ou Ie poeme qui retablira Ie sens de la poesie, qui m'arrachera au quotidien au me plongera au creur des choses. J'esperais que la revelation viendrait d'une reuvre nouvelle; en fin de compte, c'est un vers de Rina Lasnier qui opere efficacement la rentree et fournit un debut de reponse aux questions que je me pose devant une proliferation quelque peu elfarante et peut-etre symptomatique. Ce vers de Rina Lasnier qui d'abord me retient, il resonne comme une interdiction absolue dans Ie paeme-titre de La Salle des r~es (HMH, 175, $3.00) : Que nul nom d'amaIl;t ne me soit un lieu corporel. Aucune comparaison, une metaphore epousant la forme du vers, un seul adjectif a valeur qualificative place en fin de vers mais depla,able sur« amant» acause de la structure attributive. Avec leurs comparaisons et leurs metaphores trop visibles, avec leurs adjectifs riches, les autres vers du poeme semblent trop voulus. Celui-ci, plus depouille, impose toute une attitude morale, reve\e un univers eminemment personnel. On ne lit pas Rina Lasnier comme on ecoute un chansonnier, pour sa verve, sa fantaisie ou son sens de I'actualite. L'irnportance de cette reuvre pOEsm 343 isoIee et £jere est assuree, trap assuree peut-~tre. On en est, on devrait en ~tre, au point ou l'on s'interroge sur sa lecture, ou l'on se demande ce qui nOUS retient et ce qui nous rebute. Car cette ceuvre possede assez de force et de caractere pour qu'on l'aborde ainsi, non comme une chose qu'on accepte ou refuse mais ala fa90n d'un etre qui vit, II qui l'on se mesure. La Salle des r~ves confirme que rceuvre de Rina Lasnier correspond" une entreprise concertee mais It jamais inachevee. Ce recuei! s'appuie sur I'ensemble de l'ceuvre qui, II son tour, pese sur lui et de fait, sur chaque poeme. D'autres lectures du meme poeme marqueront rna premiere impression et d'autres vers s'imposeront amoi : cette etendue sans engendrement comme la hauteur suspendue et comme les salles de la neige vasternent reposee... c'est Ie lieu de rame immobile et avancee devant rnoi Ce demier vers est du meme type que celui cite plus haut, tandis que les deux precedents, qui luiservent de redoublement metaphorique, sont d'excellents exemples d'un aspect important de l'ceuvre : Ie pouvoir de faire entrer une valeur abstraite dans un ordre concret, qui devient lui-meme tout impregne de cette abstraction. Ce procede a d'ailJeurs son inverse dans celui, encore plus caracteristique, qui consiste 11 reconnaitre une substance spirituelle dans Ie concreto L'ceuvre de Rina Lasmer ala fois se nourrit de I'invisible et tend vers I'invisible. En verite, elle tient toute enti«e dans ce double mouvement. Le redire est banal, mais je crois que c...

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