Poésie

478 LE'ITERS IN CANADA On peut noter un semblable parallelisme entre la production romanesque et une production dramatique cette fois' un peu marginale, dans I'ceuvre de deux aUtres ecrivains. Le Marcheur (Editions Lemeac, Ill, $2.00), parn en 1968 mais joue deja en 1950, appartient it la m~me veine que La Fille /aide qu'Yves Theriault publiait Ii ses debuts 'comme romaneier. On y retrouve la meme atmosphere intense, la meme psychologie un peu sommaire. De meme L'Execution (Editions du Jour, 118, $2.00) rejoint la maniere desincarnee des personnages excessifs que I'on rencontre dans les rOmans de Marie-Claire'Blais anteri'eurS ou pOsterieurs it Une Saison ,dans la vie d'Emmanuel. ce genre de stylisation me rebute moins au thMtre,que dans Ie roman, sans, pour autant, que L'Execution me paraisse ajoutergrand-chose d'essentiel Ii I'ceuvre de son auteur ... Pas plus ~ pas moins non plus - que Les Beaux Dimanches (Editions 1omeac, 190, $2.00) et Bilan (Editions 1omeac, 186, $2.00) n'enrichissent autrement qu'en volume I'ceuvre dramatique de Marcel Du16. , (MJBAN ROBIDOUX) , POESIE ce texte porte la marque de ses circonstances. D'abord, il n'est rendu compte iei que d'une quinzaine de reeueils : ceux que j'ai r~us. Ensuite je dois reconnaltre que rna lecture et mes jugements sont tributaires de la situation ou je re~us les ceuvres : avec emotion et reeul. Dans ce paysage de I'lle.Je-France qui m'accueille pour une annee, les ceuvres m'atteignirent « en masses confuses et par petits groupes foudroyants ». certaines in'ont apporte, lointaine et trios proche, la voix apre, douce, violente , de .mon pays; d'autres ne me sont parvenues que bien eifacees, comme unevoix que I'on sait anonyme apres I'avoir erne unique. Avec Memoire de Jacques Brault, reedite cette annee en France, j'ai retrOuve en moi l'attachement emu Ii une terre, Ii une fa. L'iranie se melant ainsi " l'emotion pourrait toucher davantage que I'etalement des images et du sentiment. Michel Regnier (Les Noces dures, Deom 89, $2.50) ecrit certains poemes ala fa~on de contes. Mais on en retire I'impression que ses poemesn ,cits gagneraient aetre ecrits en prose plut6t qu'en vers dilues par la narrativile . Par certains cOtes, l'ensemble du recueil suscite cependant un probleme d'un autre ordre, celui de l'engagement. Ainsi un poeme comme POESIE 481« Je n'ai pas vu la violence », qui prend pour theme la racisme, donne a sa premiere partie un elan, un ton qui pourraient devenir lancinants, mais dans sa deuxieme partie iI se fait trap explicitement predicant pour toucher. Je n'attends pas du poeme qu'iI m'explique ou meme me decrive la situation II Richmond mais qu'iI me restitue une presence de Richmond, du racisme, de la haine, de la honte, inextricablement lies en-de~a et au-dela de toute explication. Michel Regnier semble faire davantage confiance au ton explicatif; il y recourt volontiers pour denoncer la misere de l'ouvrier au du pauvre, la guerre, Ie racisme. Pourtant Ie depouillement de quelques poemes comme « Manege " « Pennsylvanie "« Cape May», nous fait percevoir la detresse universelle de fa, on autrement plus aigue que les denonciations accumulees. C'est aussi par Ie biais de l'engagement que les Editions Parti Pris voudraient nous faire croire a la valeur d'un recueil de petits defoulements en guise de poemes. Le Mal des anges ( Parti Pris, 63 pp.) d'Andre Loiselet aurait besoin d'une cure d'ecriture ; telle quelle, celte plaquette bien inoffensive eciate It vide et n'a rien du « tour de labour dans la conscience litteraire de notre Landemau » dont nous menace I'avant-propos de I'editeur. Les Poemes de I'un (Voltaire, 89, $2.00) de Guy Lafond posent un probleme analogue, bien que dans une toute autre veine. Sa poesie religieuse au amoureuse a tendance mystique se veut annondatrice d'une vision unifiante de l'univers et d'une grande altitude de point de vue. Les premiers poemes manifestent une certaine plenitude et semblent s'eciairer d'une experience interieure interessante. Mais la poesie se...