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578 LEITERS IN CANADA LA POESlE Cette chronique de poesie est la demiere que j'ecrirai pour Letters in Canada. Ce onzieme bilan annuel tennine, je laisserai la place 11 un autre: il est plus que temps qu'on entende ici une autre voix que la mienne. Cela est devenu d'autant plus opportun que les memes auteurs poursuivent leur reuvre, au meme reeditent leurs recueils. Ainsi, rna premiere chronique (juiUet 1958) debutait par des commentaires sur les CEuvres poetiques de Robert Choquette; or, eUes viennent d'etre reeditees, avec des retouches (2 vols.; Editions Fides, 648, $7.). Fran<;ois Hertel a aussi reedite ses Poemes d'hier et d'aujourd'hui, 1927-1967 (Editions Parti Pris, 182, pa. $3.25) dont j'ai signale l'edition anterieure (juillet 1965). On a aussi reimprime cette annee les Poemes choisis d'Emile Nelligan (Editions Fides, 167, pa. $l.25) que je signalais, l'an demier, a l'occasion du vingt-cinquieme anniversaire de la mort du poete. II serait fastidieux de continuer dans cetter veine; qu'i1 me suffise de dire que quatorze recueils ant ete publies en 1967 par des poetes dont j'ai deja parle ici. Je crois done Ie moment venu de laisser cette chronique aun autre, tout en regrettant de mettre fin aune collaboration qui a ete bien agre-ble pour moi. C'est pourquoi, si on veut savoir ce que je pense du demier recueil de Marie-Claire Blais : Pays voiles : Existences (Editions de I'Homme, 90, pa. $l.50), il faudra se reporter ace que je disais en juillet 1964 et juillet 1965 des deux minces plaquettes reunies ici. Heureusement, tout n'est pas que reedition; trap rares cependant sont les reuvres nouvelles qui nous touchent profondement. Parmi les aines, seul Alfred Desrochers a publie un nouveau cahier, Elegies pour l'epause en·allee (Editions Parti Pris, 94, pa. $l.), suite de quarante-trois SOnnets ecrits a la suite du deces de sa femme. L'habile artisan du vers « ordonne bien sagement sa peine au rythme alexandrin »; iI a sans doute cherche dans I'ecriture un refuge contre la douleur et la solitude. Toutefois, iI ya partout ici quelque chose de fabrique, de livresque Cil a meme eerit tout un sonnet avec des vers de Hugo) qui reste peu convaincant. Qui a dit que les grandes douleurs sant muettes ? Ce petit livre fait de souvenirs heureux dont Ie poete a la nostalgie a sans doute pour lui une valeur inestimable; iI n'en est pas necessairement ainsi pour les autres. II n'y a guere d'interet non plus pour Ie lecteur a lire Mes racines semt IV. (Quebec: Editions Gameau, 92, pa. $2.75) de Reine Malouin, recueil qui valut 11 son auteur Ie deuxieme prix du concours de poesie de la Commission du Centenaire de la Confederation LIVRES EN FRANCAIS 579 (il n'y eut pas de premier prix). Ces verS partent de bons sentiments, mais la qualite de l'ecriture reste mediocre, les images sont banales, usees, et la poesie n'y trouve pas SOn compte. D'autres poetesses ont publie l'an demier : Madeleine Saint-Pierre, Georgette Lacroix, Michele Lalonde, et Andree Maillet. Andree Maillet est un ecrivain prolifique. On lui doit des romans, des recueils de nouvelles et de contes, des pieces de theatre et, I'an demier, elle a publie son deuxieme cahier de poemes : Le Chant de !'Iroquoise ( Editions du Jour, 80, pa. $1.60). C'est un livre qui de~oit et emeut it la fois. II de~oit parce que l'ecriture n'en est pas assez serree, et il emeut parce que l'auteur trouve assez souvent des accents touchants pour exprimer son amour de la vie et SOn amour charnel et maternel en meme temps que sa hantise de la maladie et de la mort. Tout lui devient d'autant plus pIl!cieux qu'il est perissable : Je mettrai un doigt sur ta bouche avant que tu ne pmferes ce mot qui pince amort. J'cvoquerai la brume qui se lever. devant tes yeux avant que tu ne poses sur moi ce regard qui me doue. Je retiendr.i tes poignets dans un bandeau de soie avant que tu ne les cleves pour frapper. Je glisserai SOllS tes pieds un carreau duvete bien avant que tu ne te dresses pour fuiI... Le poeme pour deux recitants de Michele Lalonde, Terre des hommes (Editions du Jour, 60, pa. $2.), nedige pour Ie gala d'inauguration du Festival mondial d'Expo 67, et execute sur une musique d'Andre Prevost par l'Orchestre symphonique de Montreal, est un des bons livres de l'annee. C'est Ie destin de I'homme contemporain que Ie poete chante : son alienation dans un monde deshumanise, son identification dans l'amour, et son humanisation dans la poursuite de la liberte, de la justice, et de la paix. Dans une « foret de poutres d'acier » }'homme usine poinc;onne l'homme-fiche cribl. de matricules trouC de chilfres proprets est menace de perdre son arne; mais il la retrouve dans l'amour : je te rec;ois je te rapatrics je t'habite et il trouve toute sa dimension dans « Ie soudain cri de fraternite » qui engendre « la paix blanche et nourriciere » : Ie poeme s'acbeve par 580 LETTERS IN CANADA une salve de colombes celebrant la montee de raurore. Ce bref poeme aux images neuves et claires, d'une haute inspiration, exprime avec simplicite et grandeur Ie drame de notre epoque, la condition de l'homme d'aujourd'hui. Avec Ie poeme de Michele Lalonde, les meilleurs recueils de l'annee sont sans doute ceux de Gatien Lapointe, de Femand Ouellette, d'Yves Prefontaine et, peut-etre, de nOuveaux venus, Raoul Duguay et Juan Garcia. Cette communion des corps que Michele Lalonde chantait dans la deuxieme partie de Terre des hommes avec une discretion exemplaire, Femand Ouellette la celebre dans son demier recueil, Dans Ie sombre (Editions de l'Hexagone, 96, pa. $2.50), avec une erudite dont il n'etait pas d'exemple dans notre poesie. C'est moins Ie langage que la lumiere qui est crue ici, bien que les choses soient appelees par leur nom; Ie recueil est intitule Dans Ie sombre, mais l'auteur expose Ie mystere en pleine lumiere. Personne n'a encore chez nOus parle de l'amour avec une telle franchise, personne n'a autant gloriEe, sans complexe ni pudeur (il faut meme dire: avec impudeur), l'amour charnel de I'homme et de la femme. II y a toujours eu une veine erotique dans la poesie de Ouellette : ici c'est la gloire du seul Eros qui est celebree. Car cette poesie erotique est une veritable celebration, celebration du corps, celebration des corps qui se cherchent, se trouvent, se confondent, et se separent eventuellement malgre eux. Mais cette poesie erotique a une dimension spirituelle: nme est inseparable du corps, que ce soit dans l'amour ou dans la priere. Le poete chante Ie lit, Ie pied, la chevelure, Ie sang, l'ivresse, et I'extase - et j'en passe! - mais aussi la solitude, I'attente, l'angoisse, la vie, l'immortalite. II Ie fait avec cette ardeur qu'on trouvait chez les poetes erotiques du seizieme siecle, qu'on trouye encore aujourd'hui chez un Pierre·Jean Jouve. Dense, faite d'images breves mais percutantes, cette poesie ne comporte aucun verbiage, nulle sentimentalite . Son principal defaut est une certaine secheresse verbale, la langue du poete comporte parfois des mots qui ont un sens trop philosophique (v.g., « j'informais rna femme avide " dans Ie sens d'informare); mais ce defaut est moins prononce ici que dans ses recueils anterieurs. II est assez diflicile de detacher un poeme de ceux qui l'entourent, tant ils forment tous une suite poetique d'une grande unite d'inspiration et d'ecriture. Cette poesie n'est pas une evasion, elle est une possession consciente de l'autre et, atravers et dans cette possession, une reconciliation avec Ie monde et avec la vie. 581 A cote de ce recueil de Fernand Ouellette, Les Cantouques : poemes en langue verte, populaire et quelquefois frarlf'lise (Editions Parti Pris, 55, pa. $1.) de Gerald Godin ne sont que de la litterature. Ces « poemes en langue verte, populaire et quelquefois fran,aise » sont ecrits en ioual, ce qui ne va pas sans une certaine originalite, mais en abusant de termes grossiers et blasphematoires, comme ille fait partout, I'auteur ne fait que ceder II la facilite. II y a bien ici et II! des trouvailles verbales - Ie genre les favorise, d'ailleurs - mais nous sommes ici plus pres de la chanson folklorique que de la poesie. Les deux derniers recueils de I'auteur valaient mieux. II y a une grande part de jeu aussi dans Ie recueil de Raoul Duguay, Or Ie cycle du sang dure done (Editions Esterel, 97, pa. $2.50), mais ici Ie poete joue surtout avec les mots qu'i1 agence souvent en raison de leur musicalite plutot que de leur sens. Non pas que Ie poete fasse Ii du sens du poeme, mais il semble qu'il veuille d'abord obeir I! un rythme qui lui est congenital - et tant mieux si Ie discours a un sens par surcrolt ! Mais I'exigence du rythme est telle que c'est lui, et non Ie sens, qui dicte les coupures, et la puissance incantatoire du texte n'est sensible qu'l! la lecture a haute voix (comme la demande I'auteur). Toute la suite poetique a une certaine force de commotion, comme ces musiques ininterrompues qui linissent par envouter les danseurs. II reste que maintes coupures du texte semblent n'obeir qu'au caprice: iI faut epater Ie bourgeois par des trucs nouveaux. Mais ce dernier ne s'y !aisse pas necessairement prendre. Ceci dit, iI faut avouer que ce long poeme en cinq parties chante « Ie cycle du sang qui con,oit et transmet I'Histoire » et que Ies trois moments essentiels en sont Ia naissance, I'amour, et Ia mort. II y a dans ce poeme une gravite aussi grande que chez Ouellette - rnais I'ecriture de I'un differe considerablement de celie de I'autre - et I'auteur trouve des accents souvent troublants pour parler de « I'abominable verite» (Ia mort); de la « plus profonde plaie » (Ie peche sans amour); de « I'arbre de lumiere » (Ie Verbe); et partout de cet amour qui permet au cycle du sang de durer. S'il ne s'enlise pas dans une forme d'ecrituTe assez artilicielle, Raoul Duguay pourrait bien devenir un des poetes majeurs de sa generation. Gatien Lapointe est deja un des poetes majeurs de Ia sienne. Apres un debut assez mediocre, il sest affirme lui-meme dans Le Temps premier (1962) et dans son Ode au Saint-Laurent (1963). Son dernier Iecueil, Le Premier Mot (Editions du Jour, 106, pa. $2.), conlirme sa maltlise : Ia maitrise de son sujet et celle de son langage. II est peu d'reuvres poetiques qui aient une telle densite, qui discnt autant en 582 LETTERS IN CANADA aussi peu de mots. Par la, Lapointe ressemble a Jean-Cuy Pilon. L'un et I'autre pratiquent une veritable ascese verbale : la rhetorique est pour eux une chose du passe. Chez Lapointe, on Ie sait, Ie pays est un theme majeur, la terre est ici pn!sente, avec ses arbres : « Je relis d'arbre en arbre Ie nom de man amour », mais il est souvent couvert de neige, et c'est alors Ie « pays muet et blanc » OU I'homme eprouve sa solitude et I'anticipation de la mort. Mais Ie poete est comme « cet arbre qui s'agrippe a la terre / Et qui dit NON ». On pourrait croire que « Ie premier mot» dont parle Ie titre soit NON; rnais, en fait, c'est QUI, car ce n'est que parce qu'i1 a d'abord dit OUI it la vie que Ie poete peut dire NON a la mort. Le poete s'explique 11l-dessus dans un tres beau texte liminaire intitule : « Ie pari de ne pas mourir ». C'est par la parole qu'i1 surmonte Ie desespoir et qu'illibere les chases du sommeil de Ia mort :« rai cette terre anommer camme un amour }}, et ailleurs « Je dis pour percer des trous dans rna solitude, / Je plante des mots dans ce grand silence ». L'ecriture est sans doute une victoire sur la la mort, rnais cette victoire ne va pas sans douleur. Et Ie ton de cette poesie est fait d'un curieux melange de tristesse et de joie. L'homme y est « comme une blessure », mais c'est une blessure qui chante. Cette soulfrance reste un mystere, et un scandale pour I'esprit, mais c'est en I'acceptant et en la surrnontant que Catien Lapointe trouve !'inspiration d'une poesie qui pourrait ~tre moins lapidaire parfois, mais qui reste toujours profondement humaine. Le titre du demier recueil d'Yves Prefontaine, Pays sans parole (Editions de I'Hexagone, 78, pa. $2.), revele bien l'intuition centrale de cette suite qui est Ie silence de l'homme d'ici, incapable d'exprimer son destin sur cette terre de neige et de glace qui I'use, Ie fatigue et Ie pOignarde : « II n'y pas ici de phrases chargees de siecles. Mais Ie froid. » C'est Ie froid qui immobilise Ie pays et qui immobilise la langue : I'homme d'ici « parle en silence », c'est-a-dire qu'i1 n'a pas encore trouve la « parole haute » par laqueUe iI pourrait s'exprimer lui-meme en exprimant son pays, ce monde nouveau OU s'accomplit SOn destin. C'est un theme central de notre poesie recente que ce « recours au pays » (dont parlait Pilon) pour se decouvrir soi-meme et s'exprimer aux autres; et Prefontaine Ie prend de tres haut, dans un langage Ie plus souvent solennel et prophetique, et qui ne va pas sans une preciosite assez aga,ante, ou un jargon quelque peu trap alambique. Pourquoi se complalt-i1 dans des recherches verbales comme Tu fruiteras )a necrose d'etre encore a ereuser une ordure de silence LIVRES EN FRANCAIS 583 et nous parle-t-il du « soleilleux tombeau " de « sein aphrode " de « la sante des nuaisons " quand ses meilleures pages sont precisement les plus simples camme ce Peuple inhabite qui est une page d'anthologie: J'habiterai un espace au Ie froid triomphe de I'herbe, ou la grisaille regne en lourdeur sur des fant6mes d'arbres J'habite en silence un peuple qui sommeille, frileux sous Ie givre de ses mots. J'habite un peuple dont se tarit la parole frele et brusque". Yves Prefontaine veut donner une parole a un peuple malhabile a s'exprimer en raison de son dimat et de SOn histoire: Ne parlez pas ici d'un homme ala main droite posee sur une gerbe de paroles tre:s claires, d'un homme muri par Ie fer, Ie long savoir de la glebe, homme debout avec son corps plein de mots rands comme de beaux cailloux Ne par]ez pas ici de cette sorte d'homme quand iI ya le froid des villes ou la colere n'a point de mots quand il yale cri, ]'immense, Ie cri de l'espace qui meurtrit, cravache sans laisser meme l'issue de revolte quand les villes .talent une horreur de glacier nair, que les mains n'ont plus de seins et que les femmes sont des tombeaux refermes quand souffle un vent d'une insoutenable purete sur I'ordure d'un pays au regne I'absence de l'homme, Ie froid de I'hamme, Ie creux de l'homme, et non plus sa saveu!, et non plus sa clarte. et ce qu'il chante surtout, c'est l'impuissance de l'homme d'ici achanter. C'est Ie paradoxe demier de cette oeuvre de tirer sa substance du vide, la parole du silence, son eloquence de l'impuissance verbale; sa resOnance profonde lui vient de la premonition de ce que pourrait etre ce pays humanise par la conscience et par la parole. Conscience d'une carence congenitale, cette poesie est neanmoins une porte ouverte sur I'avenir. Prefontaine a aussi reedite son premier recueil qui datait de 1957 : Boreal (Editions Esterel, 46, pa. $1.50) . Quelques autres recueils meritent de retenir l'attention. Et tout d'abord, de Juan Garcia: Alchimie du corps (Editions de I'Hexagone, 29, pa. $1.20) . La voix de ce poete a une dignite dont il est peu 584 LEITERS IN CANADA d'exemples dans la poesie recente. C'est presque Ie ton d'un Sceve, el son inspiration n'est pas sans rappeler celle des metaphysical poets. Le poete sadresse It Dieu et il L'entretient des aspirations de son arne et des limites que lui impose son corps. n y chez Garcia comme une constante tentation d'angelisme, « je cherche sans arret ame trancher du temps », et ailleurs, « 0 Toi qui me condamnes It errer dans man corps ». Et il se sent mal It son aise dans sa condition d'homme qui Ie condamne It la mort, qui l'isole dans SOn individualite et qui Ie divise contre lui-meme. n se dit « seul avec un peu de nuit » et il tient It « proteger ce qui bal en silence » . Et Dieu est son seul refuge : « la priere et la peur nous partagent les mains ». Ce poeme en treize parties qu'est Alchimie du corps est d'une ecriture egale, d'un rythme soutenu et il abonde en beaux verso II abonde aussi en passages obscurs - cette poesie n'est pas facile - quaique Ie theme central semble assez clair dans son mystere. nest suivi de trois poemes d'une inspiration mains esoterique, dont cette belle page qui reprend un des themes centraux de notre poesie recente, Compagnons de la neige Hommes de ce pays, compagnons de la neige VOllS dont Ie seul soud en marge de ce mande est de fenner vos corps aux m~faits de l'hiver dont la seule recompense est de survivre un peu et que Ie temps protege au levant de l'histoire VOllS qui savez par creu[ ]'origine des vents qui concluez partout un marche avec l'aube afin de recevoir l'horizon de plein front VOllS ignorez pourtant Ie calcul des saisons vous que je somme ici autant que j'ai de sang longtemps rai isole votIe eri dans mes veines je marchais dans vos pas avec Ie mauvais reil et quand pour y voir dair vous plongiez dans vas plaies ie gardais Ie sourire et Ie regard sous def et ie daquais la porte aux dimats de rna t~te maintenant je comprends que la rage a raison j'affirme que Ie froid laissera des racines et m~me si rna voix faiblit Ie long du temps tant les mots perdent pied aetre sur des pages je veux parler en nous pour que ron s'en souvienne . A Ia rigueur de Juan Garcia, il faut opposer Ia facilite de Pierre Morency qui a un joli talent plus agreable que profond. Ses Poemes de La froide merveille de vivre (Quebec: Editions de I'Arc, 109), sont forts differents les uns des autres, par Ie suiet comme par la forme. On y LlVRES EN FRANCAIS 585 trouve de beaux vers qui se detachent des autres, comme « Dans la corne brouillee ou des oiseaux Heurissent », ou encore « Ma passerelle legere au parfum de the », ou encore « Tu es I. pres de moi et je te cherche encore ». II y a dans ce recueil plusieurs poemes d'amour d'une simplicite et d'une sincerite touchantes, OU se trouvent des images concretes qui leur donnent une sorte de presence physique, de resonance charnelle. Malheureusement, i!s sont rarement d'une qualite egale, et ils ont presque tous une sorte de laisser-aller dans I'ecriture qui n'est pas sans charme, mais qui ne satisfait pas assez aux lois de la presie qui comportent toujours quelque rigueur. S'il etait plus exigeant envers lui-m~me, ce jeune poete atteindrait certes aun autre niveau. Alabama de Pierre Bedard est un poeme nettement engage (Longueui !: Editions Image et Verbe, 28, pa. $1.25). C'est un court poeme qui chante la douleur des noirs americains, et Ie texte a un rythme irrepressible: se dire que Ie monde m'aime savoir qu'il est ce qu'il est toujours un peu plus Ie m~me toujours un peu plus laid. Gilles Marsolais marie, COmme plusieurs autres, les themes de I'amour et du pays dans La Mort d'un arbre (Librairie Deom, 79, pa, $2.) et il y a dans son premier recuei! une sorte de poesie filIuse, avec beaucoup de reminiscences d'autres poetes; mais I'ecriture en est relichee et souvent gauche. C'est une poesie facile d'acces, parfois assez voisine de la chanson; I'auteur a un talent naturel auquel il devrait imposer plus de rigueur. La poesie de Marcel Belanger fait, par contre, violence ala nature. Son Prelude ala parole (Librairie Deom, 77, pa. $2.) cherche It exprimer une evidente volonte de retour aux sources elementaires de la poesie : elements telluriques du monde, mouvement primitifs de I'homme, mais Ie minerai n'est pas degrossi. II y a par moments une certaine vigueur dans cette parole tendue, rnais I'auteur force trop souvent son talent qui est peut-etre plus grand qu'il ne I'a montre jusqu'ici. Egalement trios difficile est la poesie de Michel Beaulieu, mais ici c'est plut;)t en raison du langage laconique, du texte tres serre et pour ainsi dire trop dense: Erosions (Editions Esterel, 57, pa. $1.60) . J'avoue ne pas saisir Ie sens reel de cette poesie ou percent ici et I" des images neuves; peut-etIe, avec un certain reeuI, decouvrirai-je un jour des concordances entre des elements qui me paraissent pour Ie moment gratuits. 586 LEITERS IN CANADA Le nouveau reeueil de Fran~ois de Vernal, D'Amour et de

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