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LIVRES EN FRAN9AIS 485 plus riches de la vie. Les terres seches (Editions Beauchemin, pp. 305, $2.95) soulignent la tristesse de l'aridite spirituelle. M. Jean-Paul Pinsonneault est un Bernanos sans Satan. L'Abbe Marsan, Ie heros de Terres seches, soulfre, mais ne comprend pas pourquoi on doit soulfrir. Accepter la soulfrance pour lui, c'est accepter l'incomprehensible. Un pere indigne l'accuse d'avoir fait un enfant Ii sa fille, alors que lui-meme est Ie coupable. Voila les secrets des petites villes. rai bien connu enfant, un vieillard qui apres avoir eleve une nombreuse famille avec sa femme, entreprit d'en elever une seconde avec ses filles. Il n'y a done rien de surprenant dans Ie drame auquel se trouve mele l'abbe. Ce qui est surprenant c'est qu'etant donne les qualites de I'Abbe Marsan les habitants de son village aient pu Ie croire coupable. Il y a la comme une faille dans la psychologie qui nalt sans doute de ce que M. Jean-Paul Pinsonneault se fait une vue si sombre des hommes que tout lui parah normal-, dans l'infame. Toujours est-il que son roman est envoutant ; il est ecrit dans ce style souple et fin qui correspond si bien au clair-obscur de sa pensee. II est temps que Ie talent de M. Jean-Paul Pinsonneault soit reconnu. C'est pourquoi l'attribution du prix France-Canada Ii cet ecrivain qui releve dans une large mesure de Mauriac est un oeuvre de justice. A peine parlerai-je de la piece de Felix Leclerc: L'auberge des morts subites (Editions Beauchemin, pp. 203, $2.00). M. Felix Leclerc a de l'abattage. Apres tout ce qu'il a ecrit, c'est bien Ie mains. Malheureusement , son talent n'est pas Ii la hauteur de son experience de la scene. Il fait surgir des personnages mort-nes, qui crient a-tue-tete pour ne rien dire et qui sont surtout des types: l'Anglais, Ie Fran~ais, les Canadiensfran ~ais, la comedienne. Il n'y a pas II! de quai fouetter un chat ni de quai retenir Ie lecteur. La place publique et Ie Silence de la ville (taus les deux dans les EcrUs du Canada franr;ais, XVIII) de M. Robert Elie sont des erreurs d'inspiration et de jugement. M. Robert Elie l'avait prouve dans ses oeuvres romanesques ; il est un ecrivain d'explication, non de dialogue. Ses idees theatrales sont curieuses, pour ne pas dire saugrenues. Ainsi, une femme legere, au cours d'une revolution, s'arrange pour que Ie dictateur qui est son amant, meure au moment meme au il vient arreter SOn pere. On voit l'interet du sujet. II est traite camme il doit l'etre, c'est-a-dire avec cris et menaces. rimagine que tout cela se veut moderne. On se sent vieillir 11 vue d'reil, aux prises avec un pareil texte. Pile de M. Roger Huard (Editions de !'arc, pp. 112, $2.00), participe de la meme methode pseudo-originale. La piece de M. Roger Huard est imprimee de la fa~on suivante : iI ya le texte qui s'etend de gauche 11 droite et de haut en bas sur la page; et puis, il y a les notes, qui, elles, sont dans la marge de droite mais, imprimees perpendiculairement au texte. Ceci entralne une lecture desordonnee. Les personnages de M. Roger Huard agissent dans Ie meme desordre. Existent-ils ? On se Ie demande. lis sont la, avec leurs cordons ombilicaux et leurs dialogues de sous-alimentes lubriques. Et pourtant, M. Roger Huard a du talent. II est sain, il eciate meme de sante. II a de !'esprit. Mais cela est emporte par une vague de fond qui se veut metaphysique. Pour ne pas trop s'ennuyer 11 la lecture de Pile il faut de temps a autre faire Ie geste de bailler. En somme, une annee faste. De bons romans qu'on lit avec attention et plaisir ; des auteurs qui ecrivent de mieux en mieux et qui arrivent 11 transcender Ie petit monde canadien-fran~ais pour s'emparer de !'universel humain. Sans doute les Prix aident...

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