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LIVRES EN FRAN<;'AIS 505 Meilleur est reve de Carl Mailhot (pp. 48, $1.25) est un debut qui laisse perplexe; I'auteur ne semble pas completement depourvu de tout don, mais il se cherche trap encore lui-m~me (et non sans moquer a I'occasion sa propre recherche) pour que nous puissions Ie trouver. II y a ici en tout cas une seve qui coule naturellement; s'il sait se trouver et manier mieux son outil, ce jeune poete pourrait fort bien trouver une place parmi les bans poetes de la generation qui monte. Peut-~tre faut-i1 caresser Ie m~me espoir a I'egard de Pierre Leger, un autre jeune poete qui cherche sa voie et ne semble pas I'avoir trouvee, du mains a en juger par Le pays au destin nu (Beauchemin, pp. 97, $2.00) au se retrouvent les themes qui courent aujourd'hui les rues-I'amour, la hantise de la mort, la dillicile amitie-mais sans unite de style au de ton. Par moments, un brin de poesie apparait, mais se perd aussitot dans Ie champ sterile de la prose. II semble toutefois que la revolte sincere de I'auteur contre un monde qui ne fait pas sa place a I'amour soit un levain qui pourrait bien faire lever la pate. Quelques petits recueils collectifs n'offrent guere d'interet. Deux d'entre eux, toutefois, meritent une attention particuliere. Poesie/Poetry 64, une anthologie de la nouvelle poOsie groupant seize poetes choisis par Jacques Godbout et John Robert Colombo (Ryerson Press et Editions du Jour, pp. 157, $2.00) comporte des poesies fran,aises de Gerald Godin, Andre Brochu, Andre Major, Fran,oise Bujold, Paul Chamberland et Michel Garneau. On a deja lu ces poemes de Godin dans ses recueils et quelques poesies de Paul Chamberland et d'Andre Major se retrouvent aussi dans un autre cahier collectif, Le Pays (Librairie Deom, pp. 73, $2.00), redoublements qu'i1 faudrait peut-~tre tenter d'eviter. Ces deux cahiers iIIustrent surtout une tendance nouvelle de la jeune poesie, cette poesie engagee qui veut servir la revolution du Quebec et en faire une republique independante. Cet engagement est un symptome interessant; iI n'est pas certain que la cause de la poesie y soit toujours bien servie. ROMANS ET THllATRE Jean Ethier-Blais L'impression premiere qui se degage de taus ces Iivres, c'est que Ie roman canadien-fran,ais ne sait pas au iI va; iI est, essentiellement, Ie reHet de personnalites qui cherchent a s'allirmer, II se decouvrir en se livrant. Ces Heuves autobiographiques font peur; II quelle mer menent-i1s? Et que charrient-i1s dans leurs eaux? On se demande, avec peut-etre plus de raison qu'autrefois, si ces romans auront une suite. Cela fait sans doute 506 LETTERS IN CANADA : 1963 partie de !'immense crise d'affirmation avec laquelle Ie Quebec est aux prises aujourd'hui. Chacun veut ~tre la, avec son ballot de pensees et de sensations. Helas! les ceuvres savamment meditees sont rarissimes. Et la vie n'eclate pas. La tristesse, les desespoirs maigres, les joues Mves vous guettent au tournant de la page. On meurt, on se suicide, on trahit beaucoup trap dans ces ceuvres. En un mot, On y est malheureux, sans savoir pourquoi, sans oser demander pourquoi. II y a la vie; iI y a, autour de soi, des etres que I'on cherche Ii depeindre, des hommes et des femmes que I'on connait bien et que I'on veut fixer dans la memoire. II y a, surtout, soi-meme, spectateur et acteur, qui rode autour des personnages, soi-meme et ses idees. L'auteur n'est jamais absent des romans parus cette annee. Et quand je dis absent, je ne pense pas Ii la presence du style; c'est du deus ex machina qu'i1 s'agit, qui tire les ficelles et, d'une voix forte, peremptoire, nous fait entendre la conclusion qui s'impose. Ceci dit, nous sommes, cette annee, en presence d'un petit nombre de romanciers qui s'affirment: Roger Fournier, Irene de Buisseret, Eugene Cloutier, Andree Maillet, qui respirent Ie talent, qui ant conquis une maitrise certaine de leur talent, qui se dominent, qui tiennent, tout cantre eux, Ies renes serrees. Nalls avans eu la curieuse revelation d'Amadou, que I'on se refuse a situer dans son contexte veritable et I'univers mirobolant de Roger Huard, qui, en soi, est tout au plus curieux, mais qui, par sa presence meme comme objet pense chu dans notre petit monde litteraire, fait figure de bolide. Plethorique et deconcertante annee. Roger Fournier s'est d'abord fait connaitre par des recits rustiques, au les personnages parlaient un langage vert, au les actes correspondaient aux discours, au chaque situation comportait sa part de drolerie et de profondeur. Des filles fra1ches et jouffiues y cotoyaient des gar<;ons avides et les moissons aidant, tout ce beau monde apprivoisait Eros. II y a chez ce romancier un sens souverain de la vie, du sexe et de I'amour. II fremit genereusement, avec une certaine emphase peut-etre, mais jamais sans que Ie ton ne touche a une parcelle du vrai. J'avoue que j'ai pour lui un faible et que, malgre ses defauts, qui relevent du survoltage, iI me retient toujours, parfois me captive. Inutile et adorable (Cercle du Livre de France, pp. 204, $2.50) est son premier roman. Roger Fournier y donne Ie meilleur de lui-meme, jeune ·encore. C'est un livre adolescent par Ie besoin qu'a son heros de se raconter jusque dans les plus infimes details, parce que tout y est carre; les personnages (Ie heros, sa maitresse, son ami, la femme adultere, au qui voudrait I'etre) sont tout d'une piece, on sent, des qu'i1s paraissent, qu'i1s seront, dans un certain ordre, des types, LIVRES EN FRANC;:AIS 507 nOn des etres humains qui evoluent et s'intensifient cependant que les dechire la vie. La nature paysanne, qui est fruste, agit sur Roger Fournier. Par contre, i1s sont emportes dans un tel mouvement de passion, de delire d'aimer qu'on les suit a la trace. C'est que, comme personnages, ils sont eminemment devorables. lis rugissent devant leur maitre, qui est Ie Destin. Un jeune homme aime une jeune femme. II en est aime et leurs coeurs, tout comme leurs corps, s'enchevetrent. Mais lui, petit journaliste en face d'un patron niais et quelque peu suffisant, se sent mille chairs, et toutes egalement tiraillees. Faire I'amour est tout pour lui et il se juge, selon qu'i1 y est habile et puissant, au faible et demuni, homme au succube. Toute proie lui est bonne et les longues dents du male jettent I'eelat de I'acier. Son patron se marie, avec une jeune fille belle, inutile et adorable, qui ne retient de I'acte d'aimer que l'odeur acre et evanescente du sable. Notre heros hume cette chair qui n'est pas a lui. IlIa lui faut. II I'a, sacrinant par la meme occasion celie qui est sienne, cette autre femme qui attend. Cependant, Son aventure est plus qu'ephemere; elle se solde par un echec complet. La femme adult"re n'ira epancher nulle part, aux pieds de personne, la douleur de ne pouvoir vraiment aimer. Elle se tue. 1. jeune homme se rend compte, alars mais trop tard, qu'en fait, iI n'a jamais aime, qu'il est incapable d'apporter it la couche de la joie que les cris, Ie delire et les desordres d'une chair sans failles. II punira ce corps qui ne sert qu'a aimer, et qu'aucune arne n'habite. II glisse, square Viger, dans des llaques d'aleool. A feu ethylique et lent, iI se tue lui aussi. Triste aventure. Ce qui y est beau, c'est precisement ce que Roger Fournier condamne implicitement; c'est-a-dire la chair heureuse de n'etre que cela. Le cri de I'amour physique se fait entendre dans Inutile et adorable comme un long hullulement d'extase. C'est, par-ilessus I'erotisme, Ie triomphe de la poesie. On se souvient que, dans La montagne magique, Hans Castorp danse avec Claudia Chauchat. II la tient dans ses bras et pense Cen anglais) a ce corps qu'i1 aime. Les membres deviennent poesie. II en est de meme ici. Le bonheur de I'expression est presque constamment total; Ie Iyrisme I'emporte sur tout. Ce Iyrisme est souvent onirique et c'est precisement dans les passages de reve que Roger Fournier excelle. Psychologiquement, il se sent comme libere; iI ecrira donc sur un plan second, qui I'eloigne de ses lecteurs, I'affranchit, ou il sent ses coudees franches. II ne risque plus de choquer, puisque c'est de reves qu'i1 s'agit. Son amour de la femme est immense; nOn point de rame de la femme, mais de son corps et des andes purement physiques qui emanent d'elle. Inutile et adorable est, a cet egard, un 508 LETTERS IN CANADA: 1963 pean d'amour. Au fond, ce qui caracterise ce romancier, c'est Ie souffie. Valeur bien rare en ces temps-ci, ou les auteurs ne font confiance qu'aux limites immediates de leur vocabulaire et de leur sensibilite. Roger Fournier, au contraire, joue son va-tout et ill'emporte. Un beau livre. C'est de I'amour que traite aussi Irene de Buisseret, dans L'homme peripherique (Editions iI la Page, pp. 143, $2.00), mais de I'amour qu'un homme qui va mourir se porte iI lui-meme. Irene de Buisseret semble bien etre I'un de ces rares esprits qui sont naturellement metaphysiques et moralistes. Elle ne s'occupe pas des actions de ses personnages tant que de leurs mobiles. Et, dans cette optique, eIle ne pouvait mieux choisir que de faire parler un moribond. C'est d'un vieux monsieur qu'il s'agit. II va mourir, d'une mort atroce et laide; et il meurt lentement. Autrefois, une femme I'a aime, il a aime une femme. Mais tout dans sa vie semble avoir ete voue, au depart, 11 I'echec. Un jeune homme s'occupe de lui, et ce sera sur cet etre frais et, selon toutes les apparences, pur, qu'il reportera Ie trap-plein de SOn egoisme. Or, il se trompe. L'interet seul guide l'esprit de ce gar~on, qui se moque du vieillard. Conclusion: tout est desenchantement dans cette vie. On ne doit s'attacher iI rien. L'homme est encore plus faible qu'il ne Ie c;oit, car Ie heras d'Irene de Buisseret, lui qui est Ie cynisme meme, se laisse prendre au charme d'un dernier sourire, qui eclairera sa fin. II mourra relativement heureux precisement parce que jusqu'iI la fin, la vie lui aura menti. C'est que nous ne vivons qu'iI la peripherie de notre etre. Se connaitre? Chercher it savoir ce que I'on est. Tout cela n'est que vanite. On dira que ce theme est vieux comme Ie monde. Sans doute. Mais Irene de Buisseret Ie renouvelle par Ie style et l'atmosphere d'extreme civilisation dans Iaquelle ce style baigne. II est certain qu'on lui reprochera ce qui peut fort bien etre con~u comme un exces d'erudition, ce besoin qu'elle semble avoir de citer II tout propos, de faire montre de culture. Dans Ie cas de L'homme peripherique, il me parah que Ia technique est valable. Nous avons devant nous un homme qui est cuitive, qui se repait de souvenirs Iitteraires, d'amour des livres, un esthete centre sur lui-meme. Le personnage serait faux s'il pensait autrement que ne Ie fait penser Irene de Buisseret. II ne pourrait plus etre peripherique, car son drame, c'est de penser que, parce qu'il est I'homme cultive qu'il sait qu'il est, il est non seuIement au centre de Iui-meme, mais encore au centre de la vie. II se leurre. L'homme du centre, c'est Ie garc;on, qui ne fait aucune Iitterature, qui n'exige de Ia vie que ce qu'elle peut lui donner, qui ne s'embarrasse pas de mobiles. LlVRES EN FRAN9AIS 509 Et sans doute est-ce pourquoi, dans Ie livre, iI vit et Ie vieillard meurt_ C'est une meditation sur Ie destin qu'a ecrite Irene de Buisseret, avec tout ce que cela comporte de serieux, d'absence d'alfabulation_ L'homme ne regarde pas son passe, iI Ie scrute, cherche a Ie comprendre. Helas! ce passe n'est rien que la vision d'un vaste desert. Pour bien signilier ceci, Irene de Buisseret situe son roman dans la beaute luxuriante d'un paysage marin, en sorte que la stkheresse de la vie n'en est que plus implacable et que Ie desespoir n'est que plus profond de sourdre au milieu d'une nature belle et riche. On pourrait dire que tout est vrai dans ce livre, meme les defauts, meme la secrete complaisance d'Irene de Buisseret pour cet homme qui se regarde mourir. C'est, qu'a un certain niveau, rien n'est gratuit, tout cancourt aI'epaisseur d'un scheme central. C'est bien Ie cas dans I'Homme peripherique, au la culture splendide sert asouligner la degenerescence et au I'egolsme du plus faible renforce celui du plus fort. II faudra attendre beaucoup d'Ir/me de Buisseret; elle a une langue parfaite (quoique parfois precieuse); elle sent intensement vivre les etres; elle sait recreer Ia vie. Jean Basile, lui, est fran~ais, d'origine russe. II racontait recemment ses souvenirs d'enfance, dans un college pour lils d'emigres, au coeur d'un grand jardin. Lorenzo (Editions du Jour, pp. 120, $2.00) est une histoire etonnante, centn!e autour du personnage de Lady Bebelle, une lille-femme pleine de desirs et de remords, qui est Ii la fois la Nature et Ie vice. Lady Bebelle a aime son frere; il lui en restera toujours quelque chose. Sa vie sera tragigue, mains sans doute que celie de son lils qui, lui, est homme et femme ala fois. Mais la trame de ce recit importe assez peu. Ce qui compte, c'est I'atmosphere de cruaute, de bizarrerie et de reve dont Jean Basile a su entourer SOn recit. II a senti une chose extremement importante dans Ie temperament canadien-fran~ais, qui est que nous sommes, pour une large part, des Slaves. Lorenzo est un roman montrealais qu'habitent des personnages de Tchekov parlant fran,ais. lis ne sont pas mus par la logique, mais par des desirs interieurs auxquels ils sont tenus de repondre. lis vont et viennent au hasard et Ie iiI directeur de leurs vies, c'est une sorte de besoin immense de fuir, de se donner, d'aller aI'extreme limite d'eux-memes. Tout ici baigne dans Ie malheur, mais un malheur qui est exterieur aux personnages, qu'ils subissent. lis sont des agents. Ce sont des rats qui courent II droite et Ii gauche dans Ia cage, sans savoir precisement au aller. Jean Basile emploie une technique kaleidoscopique. Le temps n'existe plus et nous retrouvons Lady Bebelle It dilferentes etapes de sa vie. Elle ne sera jamais ni jeune ni vieille, mais bien une machine Ii soulfrir qui, au qu'elle se tourne, ne 510 LETTERS IN CANADA: 1963 rencontre face it face que Ie desespoir. Le lien entre les personnages est la, et c'est Ie seul, car Jean Basile est doue d'une imagination furibonde. Poetique aussi. II sent bien la nature et ses charmes secrets. Elle sert de toile de fond it I'amour. Les constellations y sont vivantes et symbolisent ce qui attend les personnages. Un grand ga[(;on mou et superbe paralt parfois, qui sappelle Heinrich et qui, peut-~tre, detient Ie secret de la vie. A la fin du livre, Jean Basile nous dit qu'i1 n'y a pas de secret, au que ce secret est si vague qu'il vaut sans doute mieux ne pas chercher it Ie devoiler. Pour rna part, je crois que ce roman ne peut rendre ce qu'i1 a de volontairement obscur. Son charme, c'est Ie mystere et les changements d'optique qui I'accompagnent. Les personnages de Jean Basile reviennent canstamment en arriere ou se projettent dans leur devenir, sans contrainte ° et I'on dirait que Ie romancier lui-meme les suit ala trace dans leurs girations bien plus qu'il ne les cree. Je lui reprocherai de ne pas les avoir fait assez vivre. Ainsi, Cybele-Lady Bebelle a des cotes Marlene Dietrich qu'i1 eut ete bon de rendre plus forts, plus abrupts. On la devine dans ses amours grotesques beaucoup plus qu'elle ne s'impose it la vision. Ce roman est rapide, et rapidement ecrit. G est une oeuvre de situation. Et en un sens, Lorenzo est un livre hautain et dur, fantasque. On sent Ie jeune cheval de race qui fait des cabrioles. Pour courir a merveille, il ne lui manque que Ie bat. Gest done ce que Jean Basile peut acquerir dans I'avenir qui nOUS interesse, beaucoup plus que Lorenzo. Voila Ie type meme de I'oeuvre qui promet: I'imagination s'y donne libre cours; la fantaisie I'emporte sur la domination de soi; la technique triomphe pour elle-meme. De plus, Jean Basile y donne entiere liberte it son imagination philosophique. II ne fait aucun doute qu'il cherche a donner un senS a sa vie, et done it toute vie. Du mains, iI I'affirme et Lorenzo en est Ie temoin It revers. En sorte que, malgre les apparences, ce livre, ce roman, cette confession, n'est pas un simple jeu; ni un jeu du coeur, ni un jeu de I'esprit. Gest I'affirmation d'un ecrivain qui, en depit des pirouettes et des recherches sur Ie plan de la technique, esquisse les premiers t~tonnements vers une definition personnelle de I'homme. Simone en deroute (Cercle du Livre de France, pp. 211, $2.50) de Claude Mathieu, est aussi un jeu, mais d'une autre nature. Simone est une veuve qui cede aI'attrait de la chair. L'histoire est vieille comme Ie monde; depuis qu'i1 y a des veuves et des jeunes gens, ce genre d'appel se fait entendre. On imagine Somerset Maugham ecrivant I'une de ses exquises nouvelles sur un tel sujet: la femme seule et murissante, la demarche agile de I'homme, les regards, les gestes de la femme. Mais pour LIVRES EN FRAN<;AIS 511 reussir dans cet ordre, il faut non pas du talent tant que de la maltrise technique. II faut savoir tout dire sans qu'il y paraisse, insinuer tout, ne rien compromettre par des descriptions faciles. En un mot, il faut du gout. Et c'est ce qui manque aM. Claude Mathieu. Son livre provoque l'imagination dans ce qu'elle a de plus facile. Simone sennuie. Elle prend a son service un jeune chauffeur d'origine italienne. A la faveur d'un pique-nique, elle cede a la puissance de sa juvenile ardeur. Elle a honte de s'~tre ainsi livree; elle deperit. La-dessus, vient se greffer une histoire de fils et de poeme. Tout cela est abracadabrant et un peu sordide. Le fond de rna pensee, c'est que c'est un peu niais. Gest d'autant plus dammage que M. Claude Mathieu ecrit fort bien. Simone se penche sur son passe et sur son vieillissement avec des phrases heureuses. Ses rides l'inspirent. II est dommage qu'elle cherche a les faire disparaltre; son besoin de rajeunissement nous entralne dans la vulgarite. La au M. Claude Mathieu revele l'ampleur de son futur talent, c'est lorsqu'il nous decrit Ie milieu dans lequel evolue Simone: son confesseur, son soupirant malheureux sont traces iI merveille. lis vivent. Le jeune Italien, Gino, est une caricature. II n'est que chair. L'instrument du destin. Simone, personnage principal, est tiree tout droit d'un film americain. Elle est trop sophistiquee pour son milieu. II faut dire qu'elle lit les romantiques et qu'il y a en elle quelque chose d'Emma Bovary. Mais une Emma qui pense ala chair plus qu'a l'amour ideal. Au fond, ce qui lui manque, c'est la passion, qui seule, peut sauver ce genre de description de la laideur et du mensonge. Or, Simone est froide, caleulatrice , mesquine. Elle a beau fuir en automobile, elle reste partie integrante de sa petite paroisse et de ses habitudes egoistes. II faut voir comme elle se defait de son amant, apres ce que M. Claude Mathieu, en termes grandiloquents, appelle la Chute. Une triste petite bourgeoise; une etude de moeurs etroite et malsaine. Voila ce qu'est Simone en deroute. II y a des oeuvres qui sont comme basses, par Ie ton, par !'ironie, par l'absence de ce qui est veritablement humain. En voila une. Dieu! qu'il y a de femmes en deroute cette annee. Apres la Simone de M. Claude Mathieu, void celles de Mesdames Maheu-Forcier et Alice Parizeau. Amadou (Cercle du Livre de France, pp. 157, $2.00) a obtenu Ie Prix du Cercle du Livre de France. Un jury bourgeois a sacrifie a l'erotisme et, ce faisant, y a laisse quelques plumes. Nathalie est une malheurellse fille, qui a aime un pere grand bridgeur et une campagne d'adolescence. Le gout qu'elle a pour son pere l'entralne inevitablement dans Ie sillage de Sappho. Anne, qu'elle aime et qui lui a appris les gestes de la passion r

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