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444 LIVRES EN FRAN!;AIS tennial celebrations wortb tbe trouble. It may be tbat tbey will stand among tbe more lasting results of tbe British Columbia centenary, and endure in significance well into tbe second hundred years. LIVRES EN FRANCAIS LA POEsIE Guy Sylvestre II ne me parait pas probable que l'annee 1958 sera consideree dans I'avenir comme une annee poetique remarquable au Canada fran,ais. Du mains, elle ne semble pas en etre une apremiere vue. Plus de trente volumes au plaqueltes de vers ant paru au cours de I'annee, et cela constitue tout de meme une certaine quantite de papier et d'encre. Mais la poesie n'est pas affaire de quantite et, une fois enlevee la paille des mots, iI ne reste guere de grain de poesie: cette annee, la recolte est pauvre. En raison du marcbe qui reste tres limite, les editeurs ne s'aventurent que tres rarement it publier de veritables volumes de poesie; ils preferent multiplier les minces plaquettes, qui ne depassent guere 48 au 64 pages Ie plus souvent, et diminuer ainsi les risques financiers en repartissant leurs frais sur une plus longue periode. Cela nous vaut deux au trois plaquettes par mois, dont quelques-unes sont illustrees de gravures, presque toujours non-representatives. II y a lit une heureuse collaboration entre certains poetes et certains artistes d'avant-garde mais, au risque d'etre cruel, je dais dire que plusieurs de ces plaquettes sont beaucoup plus agreables it voir et it palper qu'it lire. En general, elles sont editees avec bon goilt, sur beau papier, et iI est parfois regrettable qu'ons mballe avec tant de soin des denrees aussi perissables. II est assez rare que les maisons d'6dition les plus riches publient les ceuvres des poetes, et iI faut etre reconnaissant it quelques jeunes poetes et amis de la poesie, reurns sous Ie signe de I'Hexagone au d'Orphee, de la persistance dont ils font preuve en continuant de publier ces jolies plaquettes en depit de l'indifference du grand public. Les poetes ant peu de lecteurs; heureusement, ceux qu'ils ant sont fideles et fervents. Les poetes sont sans doute aussi responsables que les lecteurs du divorce qui existe aujourd'hui entre les uns et les autres. Le lecteur qui ouvre au hasard des gestes une plaquette de poemes chez son libraire y decouvre souvent quelque chose qui ne ressemble en rien a la poesie LETTERS ~ CANADA: 1958 445 qui lui est famillere. n risque ainsi de passer outre, en presence d'une reuvre de poids, et iI serait vain de Ie disculper totalement de cet etat de desunion qui contribue a isoler davantage Ie poete qui est deja par definition un solitaire. D'autre part, les poetes se complaisent panois trap volontiers dans I'incommunicable, et je suis convaincu personnellement que chez beaucoup d'entre eux I'hermetisme n'est qu'une forme raffinee du jeu de cache-cache. n ne semble pas indeniable que Ie poete doive jouir d'une grande Iiberte, mais la plus haute Iiberte est celie qui domine les contraintes et, en toumant Ie dos aux formes regulieres traditionnelles, plusieurs poetes n'ont rien fait d'autre que de prendre une solution de facilite dont iI ne faut pas etre dupe. Quelques-uns oMissent a une exigence personnelle profonde en rejettant certains canons pour trouver un rythme qui donne a leurs vers liberes un mouvement , un nombre qui soit celui-lii meme de leur souffie; mais pour la plupart des poetes, ce refus de toute forme fixe n'est que la manifestation d'une impuissance et une aberration. Aux ordres etablis par des poetes qui ant fait ecole ils n'ont pas su en substituer un nouveau. n est egalement vrai que d'autres pretendent respecter les lois officielles des traites c1assiques, mais que n'ayant rien 11 dire, leurs textes ne sont que de vains exereices de Iitterature mort-nee. n semble que la poesie soit Iiee II des phenomenes de deux ordres totalement divers, voire parfois opposes, et que la plus haute et la plus rare ne se rencontre que lorsque les uns et les autres coexistent...

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