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  • Le marcheur des Amériques. Mélanges offerts à Pierre Nepveu ed. by Marie-Andrée Beaudet et Karim Larose
  • Marie-Élaine Bourgeois (bio)
Le marcheur des Amériques. Mélanges offerts à Pierre Nepveu, s. la dir. de Marie-Andrée Beaudet et Karim Larose, Montréal, Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal, coll. Paragraphes, vol. 29, 2010, 263 p.

Pierre Nepveu est sans conteste une figure de proue dans le domaine des lettres au Québec. Poète, critique, professeur, essayiste, il représente un idéal intellectuel qui a inspiré et inspire toujours plus d’un lettré. Afin de souligner sa retraite de l’enseignement universitaire, collègues et amis lui rendent ici hommage dans des textes de facture diverse — études, témoignages plus personnels, mais aussi traductions et poèmes. Chercheur(e)s et écrivain(e)s se prononcent ainsi directement et indirectement sur la manière dont l’œuvre nepveuienne s’inscrit dans le paysage littéraire québécois, tout en traduisant et éclairant celui-ci. Afin de rendre compte des intérêts de [End Page 238] l’auteur, Marie-Andrée Beaudet et Karim Larose ont divisé l’ouvrage en quatre parties : « Lire l’Amérique », « Le poète et ses lieux », « L’amoureux des langues » et « Compagnonnages poétiques », ces parties illustrant l’aspect plurivoque du travail de l’universitaire. Les auteurs insistent : Pierre Nepveu « contribue à forger un langage critique nourri par une éthique d’autant plus forte qu’elle refuse de s’afficher avec ostentation et ne se laisse pas envahir par les grilles théoriques ni séduire par les effets des modes des vocabulaires spécialisés, plus ou moins figés ». Ces propos rendent bien le travail de l’écrivain et permettent d’asseoir les textes proposés dans les deux premières parties de l’ouvrage, textes mettant l’accent ici sur la prose de Nepveu, là sur sa poésie.

Pierre Nepveu tel un « marcheur des Amériques » : voilà qui souligne bien la dimension de mouvement présente dans le travail de l’auteur, laquelle est mise en valeur dans les premières études de l’ouvrage. Gilles Marcotte insiste d’entrée de jeu sur le dialogisme de l’écriture de Nepveu : non seulement ce dernier fait-il dialoguer les « personnages de l’Amérique », mais c’est lorsqu’il inscrit des œuvres mineures dans sa prose qu’il apparaît le plus « convaincant ». Pour Marcotte, Intérieurs du Nouveau Monde pose clairement la question de l’appropriation du Nouveau Monde : l’Amérique peut-elle être autre chose, peut-elle « faire place à une autre voix que celle des grands mythes de l’espace » ? Le cas échéant, comment l’habiter? Ginette Michaud s’interroge à son tour sur le questionnement qui parcourt l’entièreté des études de l’œuvre nepveunienne. Mais l’Amérique, c’est aussi celle d’un Montréal qui voit surgir une littérature yiddish qui deviendra fort importante pour cette communauté, comme le montre Pierre Anctil. C’est en outre l’Acadie en tant qu’espace réel mais aussi imaginaire ( « ces petites villes d’“extrême frontière” qui disent toutes un point de contact du Québec avec l’espace réel ou mythique américain » (Nepveu cité par Morency). L’Amérique, c’est au surplus un espace qui confronte le voyageur et où une « dialectique de l’ivresse des lointains et de l’émotion du proche » occupe le personnage, comme le relève Jean-Philippe Warren – ce dernier insiste sur le trajet d’un extrême à l’autre, mais il précise qu’il ne s’agit pas chez Nepveu « de reconnaître les centres mais d’honorer les extrêmes ». Monique La Rue clôt cette première partie par un propos plus personnel illustrant l’apport considérable de Pierre Nepveu dans le paysage littéraire québécois, incontournable pour tous les écrivains en raison du dialogue qu’il a su nourrir avec l’ « armée des ombres », ces écrivains en marge de l’intelligentsia universitaire.

La deuxième partie de l...

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