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Reviewed by:
  • Double jeu. Baseball et littératures américaines by Michel Nareau
  • Renald Bérubé (bio)
Michel Nareau, Double jeu. Baseball et littératures américaines, Montréal, le Quartanier, coll. Erres essais, 2012, 400 p., 32,95$

Ne pas hésiter à le dire: voilà un ouvrage de très haut niveau, mené selon les règles classiques des arts de la recherche et de l’essai, ce qui ne l’empêche en rien d’être parfaitement novateur. « De très haut niveau », de « ligue majeure », de « grande ligue ». Double jeu méritait d’emblée le Prix du Canada en sciences humaines que lui décernait, le printemps dernier, la Fédération des sciences humaines du même pays.

« Et dire qu’il y a dix ans, lors d’un colloque, des gens avaient éclaté de rire quand j’avais présenté mon projet de thèse sur les rapports entre le baseball et la littérature », raconte Nareau à Actualités UQAM (14 mars 2013). Car Double jeu fut d’abord la thèse de doctorat en littérature présentée et soutenue à l’UQAM par Nareau, sous la direction de Jean-François Chassay. Ceci encore: dans les Cahiers d’histoire (vol. 3, n° 1, printemps 2013) publiés par Sport et Société, cahier intitulé Le baseball au Québec. À travers les époques, d’une contrée à l’autre, Nareau est l’auteur de « Baseball et culture – la prise en charge culturelle du baseball » dont le contenu est ainsi résumé: « Eh oui, le baseball fait partie de notre culture ! »

Michel Nareau aussi membre en règle de cette institution à la fois novatrice et scientifique, la Society for American Baseball Research (SABR) fondée en 1971. À lire de lui « Le roman québécois de baseball » à l’adresse suivante: <http://quebec.sabr.org/nareau.htm>. Se rappeler aussi que [End Page 234] Nareau est le directeur des Cahiers Victor-Lévy Beaulieu publiés (chez Nota Bene) sous l’égide de la Société des études beaulieusiennes et qu’il a codirigé le dossier consacré à l’écrivain Michael Delisle dans la livraison 114, printemps-été 2013, de la revue Voix et images publiée par les Études littéraires de l’UQAM. Il a ses lettres de noblesse, Michel Nareau, en baseball comme en littérature, connaisseur patenté.

L’appellation de l’ouvrage, titre et sous-titre: Double jeu. Baseball et littératures américaines. « Double jeu » : il sera ici question, Nareau étant lanceur-auteur, des jeux de/du baseball et de l’écriture littéraire. Du baseball ainsi que des œuvres littéraires qui en parlent, qui l’écrivent. « Littératures américaines » : le sous-intitulé, après avoir lié baseball et littérature, joue d’un pluriel qui donne à l’adjectif « américain » son sens continental premier. Intelligence et finesse des titre et sous-titre: ils sont programmatiques, dirons-nous, lecture faite de l’essai.

Visées de cet essai ? « Analyser la question des transferts culturels interaméricains et des identités continentales à partir des fictions du baseball semble un moyen d’intégrer un élément mobilisateur de la culture populaire dans une représentation lettrée ». Les huit « fictions de baseball » retenues: trois états-uniennes (The Universal Baseball Association de Robert Coover, The Great American Novel de Philip Roth et Underworld de Don DeLillo) ; deux canadiennes (The Iowa Baseball Confederacy de W. P. Kinsella et Rat Palms de David Homel) ; une québécoise (Bidou Jean, bidouilleur d’Alain Denis) et deux de langue espagnole (Mascaras, du Cubain Leonardo Padura, et Peloteros, du Porto-Ricain Edgardo Rodriguez Julia). On pourrait discuter du choix du Bidou Jean – le baseball y occupe une place bien infime … L’essayiste a pourtant raison: les romans de sport sont rares au Québec. Notre modèle de « sujets littéraires » fut longtemps français plutôt qu’états-unien: le populaire n’y avait guère de place.

Trois textes des États-Unis: là se trouve le lieu d’origine du baseball et la « fiction de baseball » y constitue un sous-genre du roman ; l’un des deux canadiens relève d’un statut...

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