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  • Narrations d’un nouveau siècle. Romans et récits français (2001-2010) ed. by Bruno Blanckeman et Barbara Havercroft
  • Hans-Jürgen Greif (bio)
Narrations d’un nouveau siècle. Romans et récits français (2001-2010). Colloque de Cerisy, s. la dir. de Bruno Blanckeman et Barbara Havercroft, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2012, 324 p.

Les éditeurs du colloque, qui s’est déroulé en 2011, ont invité les participants à réfléchir sur d’éventuels changements dans la littérature française (excluant du coup les littératures hors de l’Hexagone) : le début du XXIe siècle a-t-il produit de nouveaux types de romans, récits ? Les écritures de soi, ont-elles subi des transformations ? Comment les écrivains conçoivent-ils le lien entre Histoire et Mémoire ? Si la question avait été « Qu’est-ce qui différencie les vingt dernières années du XXe de la narration du début de nouveau siècle? », l’éventail des réponses aurait-il été plus large que celui devant lequel nous nous trouvons ? Avec les paramètres établis par les éditeurs, il fallait s’attendre à ce que les participants reviennent souvent aux mêmes noms : Yannick Haenel, Chloé Delaume, Annie Ernaux, Pascal Quignard, Jean-Philippe Toussaint, Christine Angot, Camille Laurens, Philippe Forest, Pierre Senges, Pierre Bayard, Michel Houellebecq, Anne Garréta, Yves Ravey, Éric Laurrent, pour ne nommer que ceux et celles dont les collaborateurs ont le plus fréquemment parlé.

D’emblée, disons qu’après lecture des articles assemblés sous des thématiques variables mais interconnectées, les contributions sont pour la plupart d’une remarquable qualité. Une fois lues, elles dégagent un sujet constamment repris : la représentation de soi, pouvant aller jusqu’au narcissisme. Bien entendu, il ne s’agit pas là d’un mouvement nouveau puisqu’il est basé sur le désenchantement et l’implosion des espoirs dans la pensée occidentale au milieu des années 1980. Comme on sait, en résulta l’introspection, voire le nombrilisme et le repliement sur le moi dans un geste d’autoprotection. Phénomène généralisé dans tout l’Occident après l’éclatement de la bulle créée au fil des années 1970, avec l’élaboration de [End Page 207] nouvelles théories, les promesses du renouveau de la littérature, du roman en particulier, promesses souvent oubliées au cours de débats stériles, portant sur le rôle des romanciers et sur celui du livre, ou encore de controverses ne menant qu’à des impasses.

Suivant la coutume, l’article d’ouverture des actes touche à une multitude de textes et indique des interprétations possibles qui seront effectivement présentées par d’autres collaborateurs, dans le même volume. « Lignes occupées » permet à Anne Roche d’examiner les rapports au réel autobiographique. Il est frappant de constater que dans les textes récents français, la distance à l’événement est fondamentale et qu’une bonne partie des livres nommés par l’auteure est justement liée par cette distance, comme en font foi Le rapport de Brodeck (Philippe Claudel, 2007), Jan Karski (Yannick Haenel, 2009), Le baiser de sorcière (Pierre Bergounioux, 2010), Dans une maison sous terre (Chloé Delaume, 2009), La réfutation majeure (Pierre Senges, 2004) ou encore L’amour comme on l’apprend à l’école hôtelière (Jacques Jouet, 2006). Souvent, il s’agit de reprendre des événements survenus pendant des guerres (celle d’Algérie, d’autres en Asie) ou sous des régimes totalitaires. Il est dommage que ces thématiques, généralisées, allant du Pakistan aux États-Unis, en passant par l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Grande-Bretagne, n’aient pas été mises en relation avec la production littéraire en France dont les écrivains suivent, qu’ils le veuillent ou non, les tendances mondiales. Partout, la porosité des mémoires se fait jour et ceux qui ont vécu ces affrontements, souvent la génération suivant celle des pères qui ont participé à la guerre...

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