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Reviewed by:
  • Un sogno di libertà. Napoli nel declino di un impero, 1585-1648 by Rosario Villari
  • Stefano Condorelli
Rosario Villari Un sogno di libertà. Napoli nel declino di un impero, 1585-1648 Milan, Mondadori, 2012, 715 p.

Après avoir été longtemps relativement négligée par l’historiographie, l’insurrection de Naples de 1647-1648 a suscité depuis quelques années plusieurs études importantes1. L’œuvre de Rosario Villari est elle-même emblématique de ce regain d’attention. En 1967, il avait en effet publié un livre (devenu un classique de l’historiographie du Mezzogiorno à l’époque moderne) sur les origines économiques, sociales, politiques et intellectuelles de la révolte2. Quarante-cinq ans plus tard, il s’attaque directement à cette dernière en lui consacrant sept chapitres de ce volume qui comprend également [End Page 536] une version remaniée du texte de 1967, ainsi que cinq nouveaux chapitres sur les origines de l’événement. Le résultat, parfaitement homogène, est un ouvrage composé de deux parties de taille à peu près égale : la première centrée sur les prémices (1585-1647), la seconde sur la trajectoire insurrectionnelle (juillet 1647-avril 1648).

R. Villari fait remonter les origines de 1647 à la révolte de Naples de 1585 au cours de laquelle la foule tua l’élu du peuple, Vincenzo Starace, accusé de spéculer sur le blé. Quoique réprimé dans le sang, ce soulèvement marqua l’entrée en scène du ceto civile (la bourgeoisie citadine) sur le plan politique ainsi que l’émergence d’un mouvement populaire réformateur. Le tableau des décennies suivantes est sombre : une économie napolitaine en perte de vitesse, une société où la pression du fisc, de la rente et de la Contre-Réforme se fait écrasante, une monarchie fragilisée qui défend mal ses prérogatives face à une aristocratie lui monnayant chèrement son soutien, des campagnes où la grève paysanne contre dîmes et rentes débouche sur un banditisme à grande échelle. En 1590, les bandes de Marco Sciarra réussissent – avec l’appui de la paysannerie et de certains milieux urbains – à occuper quelque temps une partie des Abruzzes et à y instaurer une autorité autonome avec son administration et ses tribunaux. Les difficultés du royaume s’accentuent avec la guerre de Trente Ans. Les exigences considérables de Madrid en argent, hommes et vaisseaux dépassent les capacités de Naples. L’État emprunte massivement et, quand dans les années 1630 son crédit s’épuise, il recourt à des mesures exceptionnelles (aliénation de son patrimoine, impôts extraordinaires, interruptions du paiement des intérêts), minant ainsi son prestige, aggravant le chaos administratif et amplifiant la crise économique.

Bien entendu, les tentatives de réforme ne manquent pas. Signalons en particulier celle du vice-roi Osuna (1619-1620) qui n’hésite pas à consulter Tommaso Campanella ainsi que l’économiste réformateur Antonio Serra (tous deux en prison) et qui prend pour conseiller un autre réformateur, le juriste Giulio Genoino. Les adversaires d’Osuna (la noblesse, l’archevêque, une partie des ministres à Naples et Madrid) parviennent cependant à le renverser, le remplaçant aussitôt par le cardinal Borgia, l’ambassadeur d’Espagne à Rome. Les autres projets de réforme, quoique moins radicaux, n’ont pas plus de succès.

Certains auteurs ont reproché à R. Villari d’avoir une vision téléologique des événements qui précédèrent l’insurrection de 1647, comme si celle-ci avait été inévitable3. Le fait est que la Couronne était consciente que sa politique comportait un risque élevé de rébellion. Le comte-duc d’Olivares l’avait prévu dès 1626. Il préféra courir ce risque plutôt que de renoncer à pressurer Naples : les nécessités de la guerre primèrent sur toute autre considération. La mesure la plus grave fut sans doute celle d’inféoder la quasi-totalité des villes du royaume, en dépit de l’opposition souvent acharnée des habitants. Une réaction en chaîne s’ensuivit : un...

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