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Reviewed by:
  • Évêques, pouvoir et société à Byzance, VIIIe-XIe siècle. Territoires, communautés et individus dans la société provinciale byzantine by Benjamin Moulet
  • Jean-Pierre Arrignon
Benjamin Moulet Évêques, pouvoir et société à Byzance, VIIIe-XIe siècle. Territoires, communautés et individus dans la société provinciale byzantine Paris, Publications de la Sorbonne, 2011, 616 p. et 18 cartes

Après une brève préface, dans laquelle Michel Kaplan et Jean-Marie Sansterre soulignent les difficultés de la tâche liée à une matière « disparate et discontinue » (p. 5), l’auteur présente ses sources dans une longue introduction : les textes hagiographiques, la documentation épiscopale et le regard des contemporains. [End Page 518] L’ouvrage est organisé en deux parties. Tout d’abord, l’auteur appréhende dans un premier chapitre l’épiscopat dans ses dimensions collectives et vise à comprendre les fondements territoriaux, politiques et religieux de l’autorité épiscopale dans la société provinciale au sein de trois ensembles régionaux: Asie Mineure et mer Noire, Thrace, Balkans et monde insulaire, enfin, Italie du Sud et Sicile ; dans un deuxième chapitre est envisagée l’échelle du diocèse et de ses frontières ; dans un troisième chapitre sont étudiés les déplacements des évêques dans l’empire, en particulier à Constantinople. Ensuite, l’auteur aborde successivement en quatre chapitres l’accès à l’épiscopat et les procédures de recrutement, « La carrière épiscopale », « Le pasteur, les brebis et le diocèse : la gestion d’un espace religieux et civil », la « Mort, mémoire et sainteté épiscopale ». Une conclusion générale ouvre sur des annexes, une bibliographie, des indices et deux planches hors-texte.

Cet ouvrage de Benjamin Moulet représente un travail solide, bien rédigé, qui donne une image précise du monde épiscopal provincial byzantin de l’époque mésobyzantine, soit entre le concile in Trullo (691-692), dont les 102 Canons définissent le rôle de chacun des clercs au sein de l’organisation ecclésiale, jusqu’au règne du patriarche Alexis Stoudite (1015-1043). Cette période, marquée par la crise iconoclaste (717/730-843) puis par la grande diffusion du christianisme byzantin chez les Slaves (baptême de Boris/Michel de Bulgarie en 864/865, puis baptême du prince russe Vladimir en 988/989), est évidemment décisive. Certes, la quasi-disparition des sources de la période iconoclaste pose problème pour comprendre cette époque, mais l’auteur réussit habilement à nuancer les purges engendrées par le retour de l’iconoclasme et l’accusation d’hérésie portée contre l’iconoclasme. En revanche, il est regrettable que sa démarche n’ait pas intégré la formation de l’oikouménè byzantine, concept qui n’apparaît jamais dans son travail. Or l’un des aspects majeurs de la période étudiée est précisément la formation de l’oikouménè byzantine, à savoir l’insertion dans une communauté de peuples différents, notamment les Slaves, unis par le christianisme dont les évêques sont les principaux prosélytes et soutiens ; le travail de Dmitrij Obolensky sur le Commonwealth byzantin aurait mérité d’être cité. Il est vrai qu’une telle démarche aurait sensiblement élargi l’espace à étudier et, surtout, elle eut rendu nécessaire l’accès aux travaux produits par les chercheurs bulgares, serbes et russes, qui sont totalement absents de la bibliographie. Même l’encyclopédie orthodoxe en cours de publication en langue russe n’est pas citée. Le spécialiste du droit canon byzantin et de sa transposition dans la Rus’ de Kiev, Ja Ščapov, n’est pas évoqué et ses travaux ne sont pas référencés ; cela révèle combien la recherche historiographique occidentale est coupée du monde slave pourtant en position de force sur des recherches en byzantinologie. N’oublions pas le Centre d’études byzantines Ivan Dujcev à Sofia ainsi que les instituts de byzantinologie de Moscou et de Saint-Pétersbourg.

Enfin, ce travail, au demeurant précieux et utile, n...

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