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Reviewed by:
  • The Maeander Valley: A Historical Geography from Antiquity to Byzantium by Peter Thonemann
  • Gérard Chouquer
Peter Thonemann The Maeander Valley: A Historical Geography from Antiquity to Byzantium Cambridge, Cambridge University Press, 2011, 390 p.

Ce livre est un intelligent parcours géohistorique dans l’ouest de l’Asie Mineure, au meilleur sens du terme : un mélange de culture, de poésie, de recherche du sens du lieu, et une mise en scène dans l’espace et le temps des éléments marquants de la région étudiée. Le but est de retrouver des tendances de longue durée, un certain esprit des lieux, une compréhension géographique et historique de ce qui fait d’un lieu un milieu. Car il y a une double ligne de conduite dans l’ouvrage, l’espace et le temps, la géographie et l’histoire : de la source jusqu’au delta du fleuve Méandre, de l’histoire grecque jusqu’à la fin du Moyen Âge byzantin. Le cheminement du livre est donc une espèce d’hodographie, mais on comprend tout de suite que le motif de cette déambulation géohistorique sera inspiré à la fois par les méandres du fleuve et par le motif infini de la frise grecque déroulant ses créneaux et ses entrelacements de plus en plus complexes, à la manière des méandres. De quoi justifier une certaine liberté par rapport à la ligne du temps, une façon de s’autoriser à mêler les documents, les époques et les lieux. Car on pourra presque toujours revenir à un point de départ grâce à la quasi-clôture sur luimême du méandre ou du motif à la grecque. La métaphore est ici épistémologiquement suggestive.

De la source au delta ? Nous commençons avec l’Apamée romaine à la source du Méandre, pour aboutir à Magnésie, Priène et Naulochon, à proximité du delta. Nous passons ainsi de l’économie pastorale à l’économie rurale, en quelque sorte selon les étages de la pérégrination. Des temps grecs jusqu’à la fin du Moyen Âge ? Le propos de géographie historique étant de relever des permanences, la documentation sollicitée ignore ou plutôt relativise les périodes et évolue, avec facilité, de monnayages grecs et romains à des clichés actuels ou du XXe siècle, en passant par le cadastre de Tralles, une inscription de Justinien, des vestiges archéologiques…

Le livre apporte beaucoup. Il entend démontrer que l’espace du Méandre n’est pas un espace naturel mais un espace produit. La frontière de cet espace est un fait lié à la géographie de l’impérialisme. Faisant jouer une distinction entre géographie de l’impérialisme, géographie de la résistance et géographie de l’appropriation, l’auteur croit que le motif du méandre crénelé sur les monnaies de la cité indique une forme de résistance par rapport à ce que l’autorité romaine a entendu faire. Au contraire, la création d’un koinon entre Apamée et ses environs témoigne d’une appropriation. L’auteur développe alors une approche possibiliste assumée, puisqu’il pense que les structures de la région du Méandre sont une interprétation des possibilités offertes par le milieu. Un autre grand thème de l’ouvrage est la production de nature, un autre encore est la dimension spatiale des relations de production, qui passe par la spécialisation des espaces productifs.

Peu à peu, au fil des pages, se précise la conception que l’auteur a de la géographie historique : étudier les relations que les hommes et les femmes ont avec leur environnement dans le temps. De ce fait, le livre tend à démontrer que ces relations ont toujours été affectées par le fait que ces communautés [End Page 507] étaient là et pas ailleurs, c’est-à-dire dans un milieu fortement borné de montagnes et dans une vallée occupée par le Méandre. Par exemple, l’auteur tire du milieu des concepts intéressants pour l’analyse de la façon...

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