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Reviewed by:
  • Cinema and the Republic: Filming on the Margins in Contemporary France by Jonathan Ervine
  • Anne Cirella-Urrutia
Jonathan Ervine. Cinema and the Republic: Filming on the Margins in Contemporary France. Cardiff: University of Wales Press—French and Francophone Studies, 2013. ISBN: 0708325963. Pp. 240. $135.

L’auteur fait une remarquable analyse d’un champ cinématographique qu’il qualifie de « transnational » né en France au lendemain des manifestations de 1995 sur la question du statut des migrants (les « sans-papiers ») et la mise en place de la loi de la « double peine » (29). Ervine propose d’élucider comment des réalisateurs tentent de rectifier la stigmatisation que les médias ont créée envers certaines communautés en marge. Il décrypte à travers un large éventail d’exemples de films et de documentaires soigneusement rassemblés, le rapport que l’état français entretient avec l’Étranger qui est perçu comme une menace qu’il faut stigmatiser et contrôler. Ainsi il apporte des réponses et des outils pour réfléchir à ces problématiques et forge les questions suivantes : ce type de cinéma est-il capable de brosser une politique d’immigration en rupture avec une « racialisation » qui ne dit pas son nom ? Comment et pourquoi les immigrants et les résidents des banlieues vivent en marge de la France d’aujourd’hui ? À travers cinq chapitres, il dresse un tableau sur la diversité que représente cette tendance au cinéma et les réponses que ces exemples apportent aux questions de l’immigration qui ont engendré des actes de violence entre la jeunesse marginalisée et la police. Selon une approche postcoloniale (Gayatri Spivak, Pierre Bourdieu et Amin Maalouf) et dans la lignée des recherches menées par Martin O’Shaughenessy, Carrie Tarr, Alec G. Hargreaves et Mireille Rosello, Ervine analyse les grandes thématiques de ces œuvres cinématographiques qui mettent en mire ces communautés confinées par les valeurs de la République. Bien que certains de ces réalisateurs refusent d’adhérer à toute étiquette politique (notamment Abdellatif Kechiche avec son film Esquive paru en 2004), néanmoins leurs productions s’inscrivent dans une démarche sociopolitique qui cède la parole à ces groupes exclus. En réponse au chapitre un qui échafaude les valeurs de la République et ses avatars, Ervine consacre les deuxième et troisième chapitres aux portraits des « sans-papiers » dans La ballade des sans-papiers (1997) de Samir Abdallah et Raffaele Ventura, L’Afrance (2001) de Alain Gomis et Code inconnu (2000) de Michael Haneke. Il fait aussi le tour des questions relatives à la loi de la « double peine » dans Histoires de vies brisées (2001) de Bertrand Tavernier et On n’est pas des marques de vélo (2003) de Jean-Pierre Thorn. Plaçant ainsi le facteur national en amont, il explique comment la loi de la « double peine » (qui n’est pas encore abrogée) nourrit, dans une société déboussolée par la crise et réceptive aux arguments de la peur, une dialectique de fragmentation sociale et identitaire fondée sur l’extranéité. Au dire des émeutes de 2005 et de la violence exacerbée par cette jeunesse, le chapitre quatre fait un bond en arrière avec le film clé La Haine (1995) de Mathieu Kassovitz qui présente une situation iconique dont le but est de rendre compte des problèmes d’intégration et de la nécessité de briser les stéréotypes associés à ces minorités. Dans le dernier chapitre qui sert d’épilogue, Ervine propose d’élargir le champ d’étude de ce cinéma qui révise et réforme le concept de citoyenneté et montre l’indéniable hybridité de la société française. [End Page 122]

Anne Cirella-Urrutia
Huston-Tillotson University
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