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  • Blancs et contre-révolutionnaires en Europe. Espaces, réseaux, cultures et mémoires, fin XVIIIe-début XXe siècles : France, Italie, Espagne, Portugal ed. by Bruno Dumons and Hilaire Multon
  • Alexandre Dupont
Bruno Dumons et Hilaire Multon (dir.)
Blancs et contre-révolutionnaires en Europe. Espaces, réseaux, cultures et mémoires, fin XVIIIe-début XXe siècles : France, Italie, Espagne, Portugal
Rome, École française de Rome, 2011, 421 p.

Proposer une histoire politique renouvelée des perdants de l’histoire que sont les blancs, tel est le pari entrepris par la vingtaine d’auteurs qui participent à cet ouvrage collectif. Le choix du terme « blanc », préféré à contre-révolutionnaire par exemple, illustre à la fois la volonté d’appréhender un objet plus large que l’image du quarteron de vieux légitimistes construite au fil des ans et, par sa référence à peine voilée au fameux drapeau blanc du comte de Chambord, montre le désir d’aborder ces contre-révolutionnaires sous le double champ des cultures politiques et de la politisation, comme le rappellent Bruno Dumons et Hilaire Multon en introduction. Il s’agit d’examiner au prisme des catégories historiographiques les plus récentes un mouvement jusqu’alors oublié par les historiens, et ce dans un espace incluant, en plus de la France, les péninsules Ibérique et italienne. Quatre grands thèmes, généraux mais révélateurs, se font jour au fil de la lecture : les idées, les hommes, le temps, l’espace.

Jean-Clément Martin, dans son article sur la Vendée, rappelle combien il est difficile de figer la culture politique blanche dans un cadre tant ses manifestations, qui ne sont d’ailleurs pas toutes idéologiques, ont été diverses. Quel est le lien, demande-t-il justement, entre un Vendéen parti se battre au nom de sa religion et un émigré de Coblence ? La réflexion sur la définition idéologique des blancs est présente tout au long des interventions. S’il apparaît que la religion catholique et le régime monarchique constituent les fondements d’un système bien peu normé, l’existence de dissensions entre partisans du « politique d’abord » et tenants d’un catholicisme intégral et intransigeant, qui n’hésiteraient pas à se retirer du politique pour investir le terrain social, est relevée à maintes reprises. Les contributions d’Antonino De Francesco et Marzia Andretta sur le Mezzogiorno post-risorgimental et d’António Monteiro Cardoso sur le Douro portugais soulignent d’ailleurs combien les identités politiques assignées à des hommes ou à des régions ne rendent pas compte de la complexité des situations entre différenciation spatiale, opportunisme social et labilité politique. Le propos d’A. De Francesco sur les élites du Mezzogiorno et sur leurs choix politiques au moment de l’intégration au royaume d’Italie constitue une excellente présentation de ces problématiques. On peut regretter, de façon générale, que l’attention portée à la porosité des catégories fasse parfois perdre de vue la spécificité idéologique de la contre-révolution.

En reprenant les acquis de la prosopographie, une grande partie des contributions [End Page 250] s’attache à l’étude des réseaux qui structurent et font vivre cette culture blanche, à l’échelle locale comme nationale, et même internationale. Concernant cette dernière échelle, les interventions de Simon Sarlin et de Fátima Sá e Melo Ferreira soulignent toute la pertinence des récentes recherches concernant l’Internationale blanche1. Ces réseaux, par l’introduction de logiques autres présidant à l’inscription des individus dans telle ou telle culture politique, illustrent la complexité de l’engagement et des processus de politisation. À cet égard, le diptyque que forment les contributions de Karine Rance et de Marie-Cécile Thoral est d’un intérêt tout particulier en ce qu’il présente un tableau complet de l’émigration pendant la Révolution française, de ses motivations, de ses réalités et de ses conséquences dans le long XIX...

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