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  • L’amitié entre princes. Une alliance franco-espagnole au temps des guerres de Religion, 1560-1570 by Bertrand Haan
  • Alain Hugon
Bertrand Haan
L’amitié entre princes. Une alliance franco-espagnole au temps des guerres de Religion, 1560-1570
Paris, Presses universitaires de France, 2011, VI-324 p.

Alors que la décennie 1560-1570 a été parfois considérée comme l’« antichambre du massacre » de la Saint-Barthélemy, cet ouvrage s’attache [End Page 218] à montrer qu’elle fut d’abord une période de relations amicales entre les rois de France, la régente et Philippe II d’Espagne. Ces années furent certainement le temps de paix le plus long entre ces deux puissances accoutumées jusqu’alors à s’affronter, comme en témoignait le souvenir des guerres qui opposèrent Habsbourg et Valois sous Charles Quint. Certes, des nuances sont à apporter à ce caractère amical des relations entre Philippe II et les rois de France, puisque l’amitié n’interdit ni les tensions ni certains affrontements, qui restèrent néanmoins périphériques.

Tout au long de l’ouvrage, les expressions de l’amitié entre princes illustrent cette alliance franco-espagnole. Une première partie, de facture assez classique, suit les canons de l’érudition historique et puise aux sources des dépêches diplomatiques et des rapports des conseils du roi : l’auteur y emploie les ressources de l’historiographie récente des relations diplomatiques et de leurs jeux souterrains. Une seconde partie révèle des approches plus originales et délaisse la narration chronologique des relations bilatérales pour développer une réflexion sur la nature même des rapports qu’entretiennent les princes entre eux. Bertrand Haan prend le parti d’écouter les textes, de donner crédit à leurs auteurs et donc de prendre au sérieux les affections que choisissent d’exprimer les princes souverains par la voix de leurs agents.

L’auteur livre une lecture renouvelée des relations diplomatiques et des rapports bilatéraux entre les monarchies espagnole et française. Soulignons qu’il participe au regain d’intérêt pour une période (les guerres de Religion) et pour un domaine qui se trouvent en voie de renouvellement avec les travaux de Jérémie Foa, de Serge Brunet ou d’Alain Tallon. De plus, ce volume fait suite à la publication d’Une paix pour l’éternité1, ouvrage dans lequel l’auteur montre que le thème de l’union des puissances catholiques contre l’hérésie n’a été développé qu’après la conclusion du traité de Cateau-Cambrésis, ce qui permettait de cacher une profonde défaite militaire et diplomatique française. L’amitié entre princes constitue la seconde partie (remaniée) de la thèse de doctorat de B. Haan, soutenue en 2006, et son prolongement.

Dans cette continuité, on trouve des permanences dans l’analyse de la politique extérieure espagnole. Monarque consciencieux, Philippe II déploie à l’égard du royaume voisin une politique généralement plus modérée que celle suggérée par ses conseillers, en particulier du fait de l’expérience qu’ils ont eu du gouvernement des Pays-Bas. À cet égard, si l’auteur relève l’opposition traditionnelle entre les deux tendances présentes à la cour d’Espagne, celle du duc d’Albe, intransigeante et répressive, et celle des ébolistes (autour de Ruy Gómez de Silva), il confirme le poids considérable du duc d’Albe, en particulier lorsqu’il assume la responsabilité du retour à l’ordre dans les Flandres. Le monarque intervient moins directement quand il s’agit des affaires des pays bourguignons que lorsque les relations franco-espagnoles sont concernées ; dans ce dernier cas, il annote de sa main nombre de dépêches reçues de son ambassadeur, fréquemment en relation avec la question de la protection religieuse de la péninsule. De même que les conseillers, les diplomates espagnols possèdent une latitude d’action et de proposition dont ne disposent pas leurs homologues français. Face à Thomas Perrenot de Chantonnay (frère d’Antoine...

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